Lamidat de Bogo : Ahmadou Oumarou Kaigama intronisé chef du gouvernement

Ahmadou Oumarou Kaigama

Il est désormais le chef du gouvernement du lamido et chef de 3ème degré du quartier Laîndéwo-Kaigama.

C’est à l’esplanade du Lamidat de Bogo, dans le Diamaré qu’Ahmadou Oumarou, magistrat hors échelle à la retraite a été intronisé par le lamido de Bogo au prestigieux poste de Kaigama, chef du gouvernement du Lamidat de Bogo. C’était en présence de plus de 10.000 personnes venues de diverses localités des lamidats de Peté, Maroua et d’autres localités de la région de l’Extrême-Nord. La cérémonie qui a une forte coloration traditionnelle a été présidée par le sous-préfet de Bogo. C’est d’abord l’autorité administrative qui prend la parole pour demander aux populations présentes s’il y a un autre candidat au poste de chef de quartier laissé vacant après le décès en avril 2021 de Kaigama Siddiki et chef du quartier Laîndéwo-Kaigama. Devant le silence qui a prévalu au sein de l’assistance, Ahmadou Oumarou est alors présenté par le doyen d’âge du quartier. Selon ce dernier, le candidat est le meilleur au poste d’où son choix par la famille. « C’est le fils de notre défunt Kaigama. Il est le seul à succéder à son oncle qui lui aussi a succédé à son frère ainé, le père de l’l’impétrant », témoigne l’octogénaire. Sous l’applaudissement et le youyou des femmes, le nouveau Kaigama est présenté au lamido de Bogo, Ahmadou Oumarou entouré de ses pairs : Bakary Bouba de Maroua et Boubakary Halilou de Pété.

Par la suite, sa majesté Ahmadou Ousmanou présente celui qui sera désormais son Premier ministre comme étant un homme intègre, dévoué et travailleur. « Je l’ai choisi parce qu’il incarne l’intégrité, la justice et l’honnêteté. C’est un travailleur, un amoureux du développement de notre Bogo. Je le connais depuis sa tendre jeunesse. Il a été éduqué et préparé pour cette fonction » insiste le lamido de Bogo. Le chef traditionnel demande aux fils et filles de Bogo et aux membres de la Faadah du lamidat d’être dévoués et fidèles au nouveau chef du gouvernement du lamidat de Bogo.

Hassan Ahmadou, le sous-préfet de Bogo va demander au nouveau Kaigama du lamidat de Bogo d’être un véritable acteur du développement. « Vous avez eu une carrière administrative très riche. Aujourd’hui, vous devenez l’un des plus proches collaborateurs du lamido de Bogo. Je veux dire le premier collaborateur du Lamido, je vous exhorte à œuvrer pour le développement de l’arrondissement de Bogo. Vos talent et expérience acquis à travers vos différentes fonctions doivent être mis à la disposition de notre belle cité. Vous trouverez auprès de moi et de mes collaborateurs une oreille attentive », a rappelé l’autorité administrative.

Fondé en 1773 par Ardo Woujiri, le lamidat de Bogo a connu six lamibé. Le premier lamido s’appelait Bakary, fils de Mohamadou Garé. Il a régné de 1896 à 1916.

Sa majesté Ahmadou Ousmanou est l’actuel lamido à occuper le trône depuis le 22 aout 1997. Sa liberté de ton fait de lui l’un des chefs traditionnels les plus respectés, influents et craints du département du Diamaré. La population de ce lamidat, estimée à plus de 100.000 âmes vit de l’agriculture et de l’élevage.

Qui est le nouveau Kaigama

Le regard vif, la voix hésitante et la démarche nonchalante, le nouveau Kaigama du lamidat de Bogo a ainsi fait sa première apparition devant ses frères et sœurs et de milliers de curieux. Pour beaucoup, l’homme n’a pas changé ses habitudes. Avec le soutien du lamido de Bogo, il entend insuffler une nouvelle dynamique de développement. Pour cela, le nouveau Kaigama compte sur les filles et fils de Bogo. Homme de terrain, Ahmadou Oumarou se définit comme un acteur du développement local. « Je connais un certain nombre de problèmes de Bogo et de notre quartier. Ce n’est pas aujourd’hui que j’ai commencé à m’intéresser au développement de Bogo. Beaucoup d’actions de développement social, culturel et économique ont été initiées par moi depuis que j’étais étudiant. Ce n’est pas nouveau pour moi. Nous allons continuer sur cette lancée », confie le nouveau Kaigama du lamidat de Bogo. Avis que partagent ceux qui le connaissent depuis de longues dates à l’instar du patriarche du quartier Laindéwo-Kaigama qui présente l’homme comme étant celui capable d’assumer cette fonction. Idem pour le sous-préfet de Bogo. « Ici, à Bogo il fit partie de l’imminence grise de notre arrondissement. Nous voulons profiter de son expérience. Sa riche carrière administrative doit aujourd’hui être mise au service du traditionnel » confie le chef de terre.

Le consultant indépendant prend très au sérieux sa nouvelle fonction au lamidat. Avec les notables et membres de la Faadah, il discute et se fait expliquer certains points. Son garde de corps « djarma » qui le suit un peu partout joue bien ce rôle. À sa question de savoir s’il peut faire la prière par exemple avec ses attributs, ce dernier lui répond: « Ça dépend de vous Kaigama. Je suis juste à côté de vous le temps pour vous de faire la prière » . Le nouveau Kaigama dans sa simplicité ne déroge pas aux prises vues et interpellations de ses nombreux sujets. Un trait qui le rapproche de la population. Du Kaigama par ci et parfois du « tonton » par là, l’homme est adulé par les siens, et chacun cherche à immortaliser ce moment de joie avec lui l’heureux élu. Ahmadou Oumarou se fait disponible. Il explique à certains de ses invités le rôle d’un Kaigama dans un lamidat. « Le Kaigama est le Premier ministre du gouvernement du lamidat. Il est le premier notable. Il est plus proche collaborateur du lamido. Il assiste le lamido dans la gestion quotidienne de son lamidat. Le Kaigama coordonne les activités de la Faadah. Et la Faadah est le gouvernement du lamido » répète t-il à tous les curieux, en insistant sur la particularité de son rôle dans le lamidat de Bogo. « A Bogo, le Kaigama est également chef de 3ème degré d’un des plus grands quartiers de la ville. Il représente le lamido auprès d’une dizaine de villages. Le Kaigama est aussi le régent. Il remplace de droit le lamido quand il est empêché ou absent. Il peut s’occuper de toute activité que le lamido voudra lui confier » ajoute t-il.

Né en 1960 à Bogo, Ahmadou Oumarou a fait ses études primaires à Bogo. Il obtient son baccalauréat au lycée moderne de Maroua. Les idées pleines de grands projets, Ahmadou Oumarou s’inscrit à la faculté de droit et sciences économiques de l’université de Yaoundé. Il obtient une licence en droit francophone en 1983. La même année, il est admis à l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (Enam). Parallèlement, il obtient une maitrise en droit des affaires en 1984.

De 1985 à 1991, commence alors la carrière professionnelle du jeune magistrat. Il est d’abord nommé au parquet et au siège dans les villes de Douala, Yaoundé, Yabassi, Foumbot, avec quatre années comme chef de juridiction. Il est ensuite nommé chargé des affaires juridiques à la commission technique de la Mission de réhabilitation des Entreprises Publiques au premier ministère en 1991 et mars 1997. D’octobre 199 6 à mars 1997, il est consultant auprès du comité d’Appel du personnel de la Banque africaine de développement (Bad). Ahmadou Oumarou veut aller plus loin dans ses études. Il s’inscrit alors à Science Pô Paris. Il en ressort nanti d’un Master en politique et management du développement (Potentiel Afrique). Nous sommes en 2016. Deux ans après il s’inscrit à l’Insead en France. Il obtient le diplôme de Certificate in Corporate governance.

La riche carrière d’Ahmadou Oumarou va le conduire au ministère de l’Economie et des Finances où il va occuper respectivement les postes de coordonnateur de la cellule des affaires juridiques et du contentieux à la commission technique de privatisation et de liquidation pendant 10 ans. Il est nommé d’abord directeur de la coopération et de la recherche des financements à Camwater puis conseiller technique jusqu’en 2013. L’année d’après il est porté au poste de président du conseil d’administration de la société Pamol Plantation Limited entre 2002 et 2006. Au ministère de la Justice il a été membre du comité technique chargé de l’audit technique du système judiciaire camerounais visant à proposer des mesures destinées à améliorer le système judiciaire camerounais (la célérité, le respect des droits de l’homme et la sécurisation des affaires).

D’août 2013 à 2019, le magistrat hors échelle dépose ses valises à la Société nationale de raffinage (Sonara) comme conseiller technique. Puis il demande un départ à la retraite. Il se met à son propre compte comme consultant indépendant. Ahmadou Oumarou est aussi administrateur chez United Bank of africa (Uba). Il a occupé le poste de président d’un sous-comité au conseil d’administration de Uba-Cameroun.

Amoureux du golf, Ahmadou Oumarou est un pratiquant de ce sport présenté comme sport d’élite. Dans ses heures perdues, il écoute de la musique traditionnelle mais aussi de la musique occidentale et orientale. Le nouveau Kaigama de Bogo est aussi un passionné de beaux livres et de la lecture. Ahmadou Oumarou est l’auteur du livre « code de lois pénales » édité aux presses universitaires d’Afrique. Il est membre fondateur de plusieurs associations de développement de Bogo. À l’instar du cercle des élites de Bogo (Cebo).

Adolarc Lamissia

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