L’ambassadeur du Cameroun à l’ONU, Tommo Monthe, a vivement protesté contre la réunion informelle du Conseil de sécurité

Présent à la consultation facultative des membres du Conseil de sécurité sur la situation au Cameroun, le répondant de Yaoundé aux Nations Unies a signifié la désapprobation du gouvernement camerounais.

Malgré l’opposition de Yaoundé, la réunion en «formule Arria» du Conseil de sécurité de l’ONU s’est tenue le 13 mai 2019 à New York. Pour la première fois, les membres de l’organe onusien ont échangé sur la situation sociopolitique au Cameroun. Le quotidien Mutations en kiosque ce 15 mai 2019 revient sur les déclarations des participations à cette réunion informelle.

Le secrétaire général adjoint (SGA) aux Affaires Humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies a dressé un état critique de la situation humanitaire au Cameroun. «Huit régions sur dix sont touchées par l’une des trois crises humanitaires concomitantes» a déclaré Mark Lowcock. «Aujourd’hui, 4,3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire à travers le pays. C’est une augmentation de 30 % par rapport à l’année dernière et cela signifie qu’un camerounais sur six a besoin d’aide humanitaire et de protection. Plus de la moitié d’entre eux sont des enfants», a ajouté le diplomate britannique.

Selon le SGA de l’ONU, «dans ses régions de l’Est et du Nord, le Cameroun accueille plus de 270 000 réfugiés de la République Centrafricaine; ce qui pèse lourdement sur les communautés d’accueil qui sont déjà très pauvres et qui vivent dans des conditions fragiles et vulnérables. Deuxièmement, le grand Nord du Cameroun reste affecté par la crise du bassin du Lac Tchad, l’une des crises humanitaires les plus graves au monde. Environ 1,9 millions de personnes vivant dans le grand Nord du Cameroun – c’est-à-dire la moitié de la population dans cette partie du pays – ont besoin d’une assistance urgente. Et cela comprend 100.000 réfugiés ou plus, du Nigeria (…) Troisièmement, la situation humanitaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’est rapidement détériorée».

Le haut responsable onusien a indiqué que «le plus grand défi est le manque de financement». L’ONU et les organisations non gouvernementales (ONG), a-t-il dit, sont à la recherche de 299 millions de dollars (près de 150 milliards de FCFA) pour atteindre 2,3 millions de personnes, dont un tiers dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Pour l’heure, seulement 38 millions de dollars (moins de 17 milliards de FCFA) ont été reçus, soit à peine 13% des besoins.

A la suite de ce tableau sombre, l’ambassadeur du Cameroun à l’ONU a vivement protesté. Michel Tommo Monthe a tenu a indiqué que «la présente réunion ne rencontre pas l’adhésion du Cameroun». Une position défendue également par plusieurs pays africains. Selon le diplomate camerounais, les détracteurs du Cameroun «sont venus munis de siphons pour siphonner toute l’eau de la bouteille et présenter le Cameroun comme une bouteille toujours vide, au plus à moitié vide». Ils sont venus, a-t-il dénoncé, «verser d’abondantes larmes sur la situation humanitaire, mais en réalité des larmes feintes, à peine voilées sur une situation dont ils n’ignorent, s’ils ne provoquent d’ailleurs pas les tenants et les aboutissants. D’autres enfin, sont venus à la présente rencontre sans doute à la recherche de marchés pour leurs ONG en gonflant à souhait les chiffres des besoins humanitaires».

Face à tout cela, Tommo Monthe a affirmé que «le Cameroun est debout, têtu comme la vérité, visant l’émergence en 2035, pays qui n’est pas au paradis, mais pas en enfer non plus, mais bien sur la terre des hommes cherchant patiemment et méthodiquement sa voie de développement endogène».

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