L’on n’a pas fini d’épiloguer sur l’annonce faite vendredi dernier par le président François Hollande.En visite d’Etat au Cameroun, le chef de l’Etat français, qui répondait aux questions des journalistes au cours de la conférence de presse conjointe au palais de l’Unité, a indiqué que son pays était disposé à ouvrir les archives sur les événements ayant marqué les périodes pré et post indépendance du Cameroun. Une annonce qui a suscité un certain intérêt, au regard des faits évoqués par François Hollande et compte tenu de ce que ceux-ci sont restés jusqu’ici comme des sujets tabous pour de nombreuses générations de Camerounais.
Historiens ou tout simplement ceux qui voulaient apprendre sur le passé de notre pays.
La sortie du président François Hollande arrive alors que sur le plan intérieur, de nombreuses mesures avaient déjà été prises par les pouvoirs publics pour la réhabilitation de certaines personnalités ayant marqué cette période de l’Histoire du Cameroun.
Il en est ainsi de la loi N°91/022 du 16 décembre 1991 portant réhabilitation de certaines figures de l’Histoire du Cameroun. Au rang de celles-ci, des personnalités comme Ahmadou Ahidjo, Ruben Um Nyobé, Félix Roland Moumié ou Ernest Ouandié.
L’Avenue portant le nom du premier président du Cameroun a repris droit de cité au sein de l’opinion. De même que l’unique stade de football de Yaoundé que certains appelaient Stade omnisports aux lieu de Stade Ahmadou Ahidjo. Avant cela, il y avait eu les lois promulguées le 19 décembre 1990 qui abolissaient l’ordonnance du 19 mars 1962 sur la répression de la subversion.
Au lancement des festivités marquant le Cinquantenaire de l’Indépendance, le président de la République avait déjà rendu un vibrant hommage à ces hommes et femmes qui avaient donné de leurs vies pour l’émergence de la Nation camerounaise au cours de son message à la Nation le 17 mai 2010 :
« … Et pourtant, depuis que la deuxième guerre mondiale avait sonné le glas des empires coloniaux, de jeunes nationalistes avaient fait le rêve incertain de la liberté. Disons le clairement, leur combat pour certains leur sacrifice, aura été pour beaucoup dans l’accomplissement du droit de notre peuple à disposer de lui-même.
C’est pourquoi, je le répète, nous devrons leur être éternellement reconnaissants » avait souligné le chef de l’Etat. Paul Biya est revenu à la charge le 21 février 2014 à Buea, lors du Cinquantenaire de la Réunification, lorsqu’il déclarait : « Pendant le cycle des festivités des Cinquantenaires, nous avons revisité notre histoire ;
nous l’avons fait découvrir aux jeunes générations. Notre jeunesse a pu ainsi faire la connaissance des hommes et des femmes qui ont écrit les pages glorieuses du Cameroun. Elle a pu constater ô combien il est difficile de fonder une nation, de rassembler un peuple et de faire son unité ».
Pour aller vers le vœu exprimé par le président Hollande, il reste sans doute, comme l’indique, le Pr Victor Julius Ngoh à mettre en branle, l’arsenal diplomatique nécessaire pour parvenir à la déclassification annoncée. Pour que les Camerounais ne soient plus obligés d’aller à Aix-en-Provence
pour apprendre sur leur passé.
[b]Jean Francis BELIBI[/b]