L’orpaillage dans la région de l’Adamaoua : les populations locales s’organisent

orpaillage

Située dans le nord du Cameroun, la région de l’Adamaoua fait la liaison entre le Nigeria à l’ouest et la République centrafricaine à l’ouest. Elle est considérée comme le château d’eau du Cameroun du fait des nombreux fleuves qui y prennent sources.

Pour autant, en dehors de ses fleuves, Adamaoua a une géologie toute particulière. Les montagnes de Mambila et de Gotel entre autres sont composées de Granit, de Mica et de Schistes. Toutefois, l’un des minerais les plus importants de cette région est l’or, dont le commerce constitue une importante partie de l’activité des Peuls, des Tikar et des Gbayas.

Cela dit, en raison des difficultés d’extraction et de commercialisation du métal jaune, les populations locales ont entrepris de nombreux efforts d’organisation. Cet article en présente quelques-uns.

L’organisation des populations locales

L’auteur du site prospection-de-loisir.fr, spécialisé dans la recherche aurifère, explique que les terres du Cameroun sont reconnues pour être aurifères et que tous les gisements n’ont pas tous été découverts à ce jour.

Cette richesse a entraîné l’engouement des entreprises minières, mais aussi des populations locales en quête d’un El Dorado. Pour autant, contrairement aux sites d’orpaillage exploités par les entreprises chinoises et leurs machines, la plupart des mines d’Amadoua sont exploitées par des amateurs qui n’ont aucune connaissance technique sur la construction de galeries.

En conséquence, les mines à ciel ouvert qu’ils construisent sont de véritables tombeaux qui ne cessent d’ensevelir quotidiennement des dizaines d’orpailleurs. Pour preuve, selon l’organisation FODER, environ 185 individus ont péri dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua.

Les actions des organisations locales

Le danger des mines à ciel ouvert est l’une des préoccupations des populations locales. Depuis quelques années, certaines associations et coopératives entreprennent des actions claires auprès des autorités et des orpailleurs.

Des campagnes d’informations sont régulièrement organisées afin d’informer les orpailleurs sur les dangers des techniques utilisées. Elles présentent également des techniques d’orpaillage simples qui protègent aussi bien l’environnement que la santé des travailleurs.

De même, ces associations organisent continuellement des enquêtes dans le but de mettre en évidence les dangers de l’orpaillage dans la région. Bien souvent, ces enquêtes aboutissent à des plaidoyers auprès des autorités qui tentent alors d’entreprendre des actions efficientes.

Qu’en est-il de l’efficacité de ces actions ?

En réalité, les actions entreprises par les organisations locales ne sont pas très productives. En effet, certaines populations ne sont guère réceptives aux techniques d’orpaillage responsables proposées par les associations. Elles évaluent la complexité du processus et déduisent que les gains n’en valent pas la peine.

Mieux, ces organisations sont confrontées à la corruption des responsables locaux des mines. Ces derniers ne sont pas enthousiasmés par l’utilisation de nouvelles techniques d’orpaillage qui risquent d’augmenter les frais et d’attirer le regard des autorités nationales.

Les autorités nationales, justement, représentent un important volet du travail des associations locales. Suite à de nombreux efforts, un nouveau code minier a été adopté en 2016. Il prévoit la restauration ou la fermeture de certaines mines du pays. Toutefois, ce code n’a jamais été promulgué, laissant ainsi le secteur de l’orpaillage dans un état de déliquescence avancée.

L’impact de l’orpaillage sur la région

Pour la population locale, la pratique de l’orpaillage dans la région de l’Adamaoua présente de nombreux avantages. Elle représente une alternative crédible à l’agriculture, qui constitue la principale source de revenus de 65 % de la population.

Dans les faits, l’orpaillage offre des garanties financières nettement plus importantes que l’agriculture qui est soumise aux aléas climatiques. À terme, cette pratique permet d’améliorer la condition de vie des habitants à travers une augmentation des revenus et un meilleur accès aux soins.

Pour autant, l’orpaillage dans la région d’Amadoua présente des inconvénients relativement importants. En dehors des risques liés aux éboulements des mines, l’orpaillage provoque des conflits particulièrement violents. De plus, la proximité de la région avec le Nigeria entraîne l’apparition progressive de groupuscules armés cherchant à faire main basse sur les mines ouvertes.

Par ailleurs, l’orpaillage entraîne des conséquences environnementales désastreuses. En septembre 2021, l’organisation FODER dénombrait environ 700 trous abandonnés et une centaine de lacs artificiels pollués. Cette pollution impacte la nappe phréatique et affecte la qualité des cours d’eau à proximité.

Les initiatives pour une exploitation minière responsable

L’amélioration de la situation de l’orpaillage dans le nord du Cameroun passe par l’action conjointe des autorités nationales et des entreprises minières. Au niveau structurel, le Code minier de 2016 doit être réformé et promulgué. Les directives désormais émises doivent être exécutées dans les mines et les différents sites d’orpaillage.

Des actions efficientes doivent également être entreprises par rapport aux nombreux lacs artificiels qui participent à la dégradation des cours d’eau. De plus, les organisations locales doivent bénéficier du soutien des autorités locales et des organisations internationales soucieuses de la protection de l’environnement.

Idéalement, elles doivent bénéficier d’appuis matériels et de campagnes de financement effectives. Cela permettra d’améliorer les actions menées pour offrir aux orpailleurs, les équipements et compétences nécessaires à la réalisation d’une extraction responsable.

Que retenir ?

L’orpaillage est l’une des principales activités de la région d’Adamaoua. Toutefois, en raison de l’absence d’infrastructures et d’un contrôle étatique, cette pratique est devenue dangereuse aussi bien pour les orpailleurs que pour l’environnement.

Les organisations locales entreprennent des actions difficiles afin d’encourager les orpailleurs à adopter une approche responsable de leur activité. Malheureusement, elles se heurtent au mutisme des autorités locales et à la réticence de la population.

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