Inventions technologiques au Cameroun: La valorisation en question

Lors des dernières journées technologiques nationales, le jury n??a pas résisté à la centrifugeuse à usage médical, à la plumeuse de volaille, à l??égraineuse vanneuse de maïs, au moule à brique de terre, au médicament contre le mal gastrique, ou encore au processus de recyclage du papier plastique. Toutes ces inventions ont été primées. Elles viennent allonger la liste de celles qui les ont précédé au cours des années antérieures, dont beaucoup attendent désespérément de passer du simple prototype à des produits industriels. D??une manière générale, très peu de résultats de la recherche réussissent à franchir le cap de la conception et le potentiel est sans cesse en quête de visibilité.

Agriculture, alimentation, technologies de l??information et de la communication, électronique, zootechnique, cosmétiques, habillement, art, etc., au regard du foisonnement des inventions, aucun domaine n??échappe à l??emprise du génie créateur camerounais. Des chercheurs prennent possession d??une ruche et en ressortent tous les dérivés classiques, mais aussi des liqueurs, des produits médicamenteux et cosmétiques. Ils en font de même avec une simple noix de coco. Un chercheur, enseignant de mathématiques fait ressortir le bambou dans toute sa splendeur, aux fins de décoration intérieure. Un jeune construit une machine servant à écraser les aliments frais à courroie unique et à boîte de transition. Il propose un modèle combiné, qui donne la possibilité d??utiliser les trois têtes à la fois.

A chaque événement mettant en lumière la recherche et le développement technologique, les chercheurs camerounais savent susciter l??émerveillement des visiteurs. Ils exposent des idées et procédés qui touchent au quotidien des gens. Pourtant, l??impact de ces résultats sur l??économie nationale demeure très timide. Les actions en faveur de la vulgarisation et de la promotion de ces ??uvres ne sont pas encore assez fortes. La conséquence majeure de cet état des choses, c??est une dévalorisation permanente des ??uvres camerounaises. Davantage, pendant de nombreuses années, les chercheurs n??ont fait que leur travail, sans tenir compte de la nécessité de le protéger. Or, la veille technologique est devenue une arme puissante. Du reste, du fait de la mauvaise organisation locale, des recherches camerounaises peuvent être développées ailleurs et revendues au Cameroun à prix d??or, au grand dam de l??économie nationale.

En tout état de cause, le ministère de l??Industrie, des Mines et du Développement technologique (Minimdt) est actuellement en train de procéder à un recensement du patrimoine des ??uvres de la recherche technologique nationale. Ce dénombrement est en effet indispensable à la mise sur pied d??une politique nationale de valorisation et de promotion du potentiel technologique camerounais. En outre, les chercheurs sont appelés à avoir une vision plus stratégique de leur déploiement. La conjoncture marquée par les grands projets structurants devrait les orienter vers des recherches qui répondent à cette demande précise. Organiser, recenser, protéger, valoriser et promouvoir sont des actions primordiales dont le secteur camerounais de la recherche a encore grandement besoin.

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