Experts et ministres des 11 Etats de cette région africaine doivent finaliser les textes de création de l’organisation qui absorbera les deux principales communautés économiques.
Il y a de quoi parler d’une grand-messe au regard du beau monde qui arrive à l’hôtel Hilton de Yaoundé depuis le 9 août 2022. Ce sont les plénipotentiaires des 11 pays de la grande région Afrique Centrale : Angola, Burundi, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tome et Principe, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad, République Centrafricaine et Cameroun. La liste de ces pays symbolise, à elle seule, la fusion de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac), la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (Ceeac) et la Communauté économique des pays des Grands Lacs (Cepgl). Ces trois entités sont appelées à s’unifier pour créer une seule et même Communauté économique régionale (Cer) en Afrique Centrale, au sein de l’Union africaine (Ua).
Voilà résumé l’enjeu des assises qui se déroulent à Yaoundé jusqu’à demain vendredi 12 aout. Les experts ont travaillé toute la journée du 9 et ont préparé les dossiers à soumettre au Conseil des ministres qui se tient aujourd’hui et demain. Ledit conseil est présidé par le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey. Le Conseil est la cheville ouvrière du Comité de pilotage mis en place pour conduire le projet de création d’une communauté régionale en Afrique Centrale. Ce comité, présidé depuis 2009 par Paul Biya, le président du Cameroun, compte en son sein les Etats ainsi que des institutions comme l’Union africaine, la Banque africaine de développement et la Commission économique pour l’Afrique.
Le projet de création d’une Cer en Afrique Centrale s’inscrit dans un processus enclenché depuis la création de l’Union africaine en 2002. Le Conseil des ministres, qui tient à Yaoundé sa 5eme réunion, est attendu sur deux points essentiels. D’une part, l’adoption du rapport final de l’étude menée sur le rapprochement de la Cemac, la Ceeac et la Cepgl. D’autre part, l’adoption des projets de textes juridiques de la nouvelle communauté économique régionale. Le Conseil a déjà validé plusieurs projets de texte : les conventions régissant le Parlement communautaire, la Cour de justice et de droits de l’Homme, la Cour des comptes, ainsi que les protocoles régissant la Haute autorité monétaire et la Haute autorité des marches financiers.
Il n’est pas un secret que l’Afrique Centrale ralentit depuis des années le projet africain d’intégration porté par l’Union africaine. La Cemac, la Ceeac et la Cepgl ont chacune des programmes, des politiques et des instruments d’intégration qui sont soit redondants soit en concurrence. Un constat qui nourrit des regrets chez Charles Assamba Ongondo, le président de la cellule des experts du Comité de pilotage. « Nous avons à peine 2% d’échanges entre nos Etats ; ce qui est lacunaire », affirme-t-il. Pour lui, la création d’une communauté économique régionale unique ne se limitera pas aux Etats membres, mais signifiera surtout un marché qui dépasse 250 millions de consommateurs. « La communauté et le peuple qui naitront seront plus forts, avec des politiques publiques communautaires plus efficaces en termes d’infrastructures routières, autoroutières, énergétiques, portuaires, aéroportuaires, etc. « Pour réussir dans la Zone de libre-échange continentale africaine, la région Afrique Centrale doit se doter des armes, notamment des normes harmonisées, des politiques publiques communes partagées et imprégnées dans les Etats. Il est va de la contribution plus forte au sein de L’Union africaine », croit-il.