Les différents candidats au scrutin ont commencé hier à proposer leurs programmes respectifs aux électeurs. La Guinée est en effervescence depuis hier avec le lancement de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel prévu le 27 juin prochain. La vie à Conakry la capitale et dans d??autres grandes villes du pays est rythmée par une déferlante des différents cortèges de campagne et de danses folkloriques. En lice, certains visages bien connus de la scène politique guinéenne se sont déjà déclarés. Alpha Condé, unique rescapé de la présidentielle pluraliste de 1993 remportée par feu Lansana
Conté, est en course avec d??autres poids lourds. Les anciens Premiers ministres Sidya Touré, Celou Dalein Diallo, Lansana Kouyaté et François Fall pensent également de leur côté que leur heure a sonné pour (enfin) diriger la Guinée. Le Parti de l??unité et du progrès (PUP), l??ancien parti au pouvoir, a choisi Aboubakar Sompré comme porte-étendard. Mais, tous les candidats en course ne se sont pas encore déclarés. Le plus dur étant le versement préalable par chacun des candidats d??une caution de 500 millions de francs guinéens, soit 40 millions de francs CFA environ, selon un commun accord arrêté au cours d??une rencontre tenue la semaine dernière au ministère de l??Administration et du Territoire. Rencontre à laquelle ont pris part les représentants du gouvernement, de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et des partis politiques. Une mesure qui, de l??avis de bon nombre de poids lourds de la scène politique guinéenne, est «salutaire». Car, elle va contribuer au découragement des candidatures fantaisistes au sein d??une arène animée par 120 formations politiques. Cependant, le Groupe international de contact sur la Guinée (GIC-G) émet des réserves quant à un engagement franc et sincère des différents acteurs. Par la voix d??Ibrahim Fall, diplomate sénégalais, il s??inquiète de ce que les différents candidats et leurs militants pourraient opter au cours des quarante jours de campagne pour un discours ethnique et régionaliste. Jean-Marie Doré, le Premier ministre de transition, a promis le déblocage d??une enveloppe de 20 milliards de francs guinéens au profit de la CENI que dirige Sekou Ben Sylla. Il annonce également le déploiement imminent d??une force spéciale constituée de 16.000 hommes sur l??ensemble du pays pour sécuriser les différentes opérations électorales. Et si le scrutin du 27 juin prochain se déroulait dans de meilleures conditions, cette étape constituerait un tournant décisif dans l??histoire de ce pays. Car, depuis son indépendance en 1958, la Guinée n??a jamais connu d??élections présidentielles libres et transparentes.
