Une crise éducative majeure secoue le Cameroun depuis ce mardi 22 avril 2025. Le mouvement d’« école morte » lancé par le Collectif des organisations des enseignants (Corec) a démarré avec un taux de participation de 45% selon les syndicats, un chiffre révélateur des profondes fractures qui traversent le système éducatif national. Cette mobilisation inédite touche aussi bien les établissements publics que privés et pourrait s’intensifier dans les prochains jours, menaçant le bon déroulement des examens blancs programmés dans plusieurs régions. Entre revendications légitimes et inquiétudes pour l’avenir des élèves, ce bras de fer engagé jusqu’au 25 avril pourrait marquer un tournant décisif pour l’éducation au Cameroun.
Réforme éducative au Cameroun : Les six exigences qui cristallisent le conflit entre enseignants et gouvernement
Au cœur de cette mobilisation se trouvent six revendications majeures portées par une coalition regroupant plus d’une dizaine de syndicats. « Nous réclamons l’organisation d’un forum national pour repenser fondamentalement l’école camerounaise », explique Roland Assoah Etoga, secrétaire général du Corec, qui qualifie cette première journée de « début réussi » malgré l’accueil contrasté dans différentes régions.
Le statut particulier des enseignants constitue le point central des négociations. Une première mouture de ce texte, attendu depuis des années, est actuellement en attente d’arbitrage par les plus hautes autorités. Les enseignants du secteur privé ne sont pas en reste, exigeant une convention collective spécifique qui sécuriserait leur situation souvent précaire.
« Les fondateurs d’établissements privés n’aiment généralement pas les syndicalistes et s’en séparent », confie un enseignant du collège Les Sapins à Yaoundé, où le mouvement n’a pas été suivi. Cette situation illustre parfaitement la complexité d’un secteur éducatif à deux vitesses.
Système éducatif paralysé : Un mouvement qui s’amplifie des périphéries vers les grandes villes
La géographie de la contestation révèle une dynamique particulière, caractéristique des mouvements sociaux camerounais. « Nos grèves suivent toujours cette dynamique : elles commencent dans l’arrière-pays avant de gagner progressivement tout le territoire », analyse un professeur d’Obala, qui ajoute : « Cette fois, la détermination est réelle car nous voulons voir aboutir le statut particulier ».
Le gouvernement, conscient de l’enjeu, avait tenté d’anticiper la crise en organisant plusieurs réunions, notamment au ministère de la Fonction publique le 17 avril dernier. Ces initiatives se sont toutefois révélées insuffisantes pour désamorcer un mécontentement profondément ancré.
La situation reste contrastée sur le terrain. Au lycée bilingue de Mbalgong, en périphérie de Yaoundé, un responsable témoigne : « Le mot d’ordre n’a pas été suivi chez nous. Les élèves ont passé leurs épreuves zéro sous la supervision de leurs professeurs ».
Le timing de cette grève, stratégiquement positionné en période d’examens préparatoires, met une pression supplémentaire sur les autorités. « Nous espérons des actes concrets du gouvernement », insiste M. Etoga, alors que les négociations semblent dans l’impasse.
Cette mobilisation, qui doit se poursuivre jusqu’à vendredi, pourrait constituer un tournant dans l’histoire sociale camerounaise. Le dénouement de cette crise dépendra largement de la capacité du gouvernement à proposer des solutions concrètes aux revendications légitimes des enseignants, ces architectes essentiels de l’avenir du pays.
Pensez-vous que le gouvernement camerounais prendra en compte ces revendications, ou assisterons-nous à un durcissement de la position des enseignants dans les prochains jours ?