Gbagbo et Blé Goudé acquittés mais séquestrés jusqu’en février et peut être pour 10 ans et plus

La CPI est vraiment devenue la Comédie Pénale Internationale, sauf qu’elle ne fait plus rire. Alors qu’elle a blanchi Laurent Gbagbo et Blé Goudé en les déclarant ” acquittés “, elle va continuer à bloquer ces derniers en prison pour permettre à la procureure de trouver des arguments jusqu’au 23 janvier.

Puis, une nouvelle audience va débuter le 1er février devant 5 juges de la chambre d’appel pour un délibéré à une date ultérieure qui pourrait encore durer 10 ans!

C’est donc en prison que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé déclarés acquittés par la Cour pénale internationale (CPI), mardi 15 janvier, quelques minutes après avoir été blanchis de crimes contre l’humanité, vont continuer à résider pour ” des raisons exceptionnelles “, selon une décision prise à la majorité de trois juges sur cinq de la Chambre d’appel.

Un jour avant, les juges de la CPI avaient annoncé la mise en route de la libération des deux prisonniers. Mais, subitement, leur mise en libérté a été suspendue, les procureurs de la CPI ayant annoncé leur volonté de faire appel, affirmant qu’il existe des ” raisons exceptionnelles ” de s’opposer à la libération inconditionnelle de M. Gbagbo et évoquant un ” risque concret ” que ce dernier disparaisse dans l’éventualité où le procès se poursuivrait. Ils ont cependant déclaré qu’ils accepteraient une remise en liberté dans un pays membre de la CPI , sauf la Côte d’Ivoire , ” si le risque de fuite peut être atténué en imposant une série de conditions “. Et aujourd’hui, retour à la case départ pour les ” acquittés “!

Pourtant le 15 janvier, les juges de la CPI avaient eux-mêmes démontré qu’il n’y avait aucune raison de continuer à suivre les manigances des procureurs pour maintenir Gbagbo et Blé Goudé en prison après 8 ans. ” Le procureur n’a pas démontré qu’il y avait un plan commun pour garder Laurent Gbagbo au pouvoir [lors de la présidentielle de 2010 face à Alassane Ouattara] “, a déclaré le président de la chambre de première instance, Cuno Tarfusser. Il a ajouté que l’accusation ” n’a pas démontré que les crimes ont été commis en vertu d’une politique d’Etat ciblant la population civile “. Et pour conclure que ” la procureure n’a pas démontré que par leurs discours, les accusés ont incité au crime “. La décision a été rendue à la majorité des trois juges.

Les juges avaient ordonné au procureur de revoir son enquête, soulignant les mêmes faiblesses qui ont conduit à l’acquittement prononcé le 15 janvier. Et lorsque l’ancien président ivoirien a finalement été renvoyé en procès, il avait déjà passé dix-huit mois dans la prison de la CPI. Maintenant, la chambre d’appel ordonne la détention de Gbagbo et Blé Goudé tant que les procureurs ne présentent pas un bon travail pour les condamner!

Actuellement, Fatou Bensouda et Eric MacDonald ont pour nouvelle mission de prouver que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont mis sur pied un plan ciblant les civils et les rebelles aux mains vides favorables à Alassane Ouattara, l’actuel président ivoirien, dans l’objectif de conserver le pouvoir. À quoi donc a servi toute cette comédie depuis trois jours, si ce n’est que pour prouver que la CPI est une girouette politique? Il ne s’agit plus là d’une prison, mais d’une séquestration. Comme le disait Joseph Proudhon en 1858: ” la justice est le respect de la dignité humaine “.

J. RÉMY NGONO

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