Cameroun: Le rapatriement des restes du leader anticolonialiste KEMAYOU Paul-Bernard réveille de douloureux souvenirs

Le combat d‘émancipation des peuples africains est un combat ardu et de longue haleine, tant les ennemis sont légion et protéiformes.

Mais l‘ennemi le plus dangereux est l‘ennemi de l‘intérieur. Celui-là même qui se retourne contre son peuple, contre son sang pour ses propres petits intérêts de nègre de maison.

Les discussions récentes quant à l’inhumation du dernier Roi des Bangou et leader anticolonialiste Kemayou Paul-Bernard refont surgir ces partisans du côté obscur, réfractaires à toute émancipation de l’Afrique. C’est aujourd’hui un secret de polichinelle que ceux-là qui enviaient le trône du Roi Kemayou Paul-Bernard ont bataillé pour empêcher son retour au point de commanditer son assassinat lors de son exil Guinéen à Conakry. Aujourd’hui alors que la jeunesse Africaine vit un regain de l’ardeur panafricaine et cherche ses repères en communiant avec les vaillants combattants panafricains d’hier, les même vautours s’affairent à travestir le Christ en Antéchrist et l’Antéchrist en Christ.

Mais tout cela n’est que vaine gesticulation car le courage et l’engagement des générations passées sont bel et bien les graines qui feront éclore les fleurs de l’émancipation des générations futures. Au Burkina Faso, par exemple, les mouvements comme le Balai Citoyen, qui ont pu acter un changement de régime et redonner l’espoir d’un nouveau départ à tout un peuple, se sont nourris du combat inachevé de Thomas Sankara. Quand des individus au dessein obscur posent la question de l’utilité des combats anticolonialistes du roi résistant et combattant Kemayou Paul-Bernard, il est lieu de défendre tout ce qui nous reste à défendre : L’espoir. L’espoir de voir les nouvelles générations continuer le combat mené par Kemayou Paul-Bernard et tous ses compagnons de lutte à travers l’Afrique.

Plusieurs travaux d’historiens Camerounais et étrangers attestent de l’engagement anticolonialiste du Roi Kemayou Paul-Bernard. Il s’agit par exemple de l’article de Meredith Terretta intitulé « Cameroonian nationalists go global: From forest maquis to a pan-African Acrra », paru en 2010 dans The Journal of African History ou des travaux de recherche de l‘histoirien Paul Tchakouté au Département d‘Histoire de l‘Université de Yaoundé I ou de ceux de Joseph Wahakou à l‘Ecole Normale Supérieure. Nous allons nous limité à ces informations car le lecteur intéressé par le débat scientifique sur le sujet pourra se référer entre autres aux sources scientifiques précitées. Un quotidien d‘information n‘est point le lieu d’un débat scientifique ; ceci vaut d’autant plus pour le profil d’une quelconque personnalité publique sur les réseaux sociaux. Attendre de ces supports un débat selon la méthodologie scientifique est donc tout simplement montrer une incompréhension profonde du fonctionnement de la science qui est avant tout un débat entre pairs. Le « docteur » Fankep Dihewou Bertin qui dénonçait récemment le manque de méthodologie scientifique des acteurs des réseaux sociaux à travers un billet d’opinion dans un quotidien d’information contredira évidemment. Ainsi soit-il.

L’engagement anticolonialiste du Roi Kemayou Paul-Bernard est établi autant par des chercheurs et des journalistes qui ont accepté la pénible besogne d’aller fouiller les archives et interviewer les survivants. Que peut donc gagner le sieur Fankep Dihewou Bertin à semer le doute sur un fait établi et vérifiable grâce aux archives ? Nous vivons effectivement l’époque des faits alternatifs. Chacun travesti la réalité et les faits dûment établis à sa guise, selon ses propres petits intérêts. La bêtise n’ayant pas de limite, le même Fankep Dihewou Bertin va plus loin en se demandant en quoi le combat anticolonialiste des leaders panafricains des années 1960 « a été utile pour le peuple ». Wandaful ! Quels sont bien les intérêts et motivations d’un Africain qui nierait l’utilité du combat de libération des peuples noirs ? Peut-être un Africain ayant pour cible ses propres frères et sœurs africains. Peut-être un Africain ayant renié l’Afrique en lui. Peut-être un Africain se voulant, se voyant autre qu’Africain. En tout cas, assurément un ennemi de l’intérieur. Le pire ennemi de l’Africain.

Le Roi Kemayou Paul-Bernard, que ses compagnons de lutte aimaient à appeler « Kemayou l’Africain » se retournerait certainement dans sa tombe qu’un de ses fils se retrouvent aujourd’hui dans cette catégorie. Oui, il se retournerait dans sa tombe. Si et seulement s’il en avait une.

Dr. Assouma Ludovic in La Nouvelle Expression N° 4882 du Jeudi 03 janvier 2018

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