Forces de défense camerounaises : défis, reforme et concept armée-nation

Le Colonel Serge Atonfack dans son bureau

Des défis

L’armée camerounaise est créée par l’ordonnance N°59/57 du 11 novembre 1959, à peine deux mois avant l’accession du Cameroun à la souveraineté internationale.

Le contexte à l’époque est marqué par une insécurité entretenue en certaines parties du territoire national par des groupes rebelles. Le premier défi que la toute jeune armée camerounaise a dû relever dans l’immédiat post-indépendance est la pacification de ces zones en proie aux troubles.

Les opérations de pacification se sont accompagnées de l’ouverture des voies de communications dans les contrées qui en étaient dépourvues, de la construction d’écoles et de centres de santé au sein des casernes. Tout comme de nos jours, ces structures accueillaient indifféremment les familles des militaires et des civils. Toutes choses qui ont permis de se concilier l’adhésion des populations.

Par ailleurs, et concurremment à la pacification, l’armée camerounaise qui en ces temps-là était la seule institution de caractère fédéral, s’est employée à concrétiser la nature unitaire de notre peuple. C’est ainsi que des démarches seront engagées pour un retour au pays de ceux des camerounais servant sous bannière étrangères. Le succès de cette opération, la parfaite intégration des nouveaux venus sous le drapeau de la République, vaudront à l’armée camerounaise le qualificatif de Creuset de l’Unité Nationale.

Une fois la pacification réalisée, et en retour d’expérience de cette mission, l’armée camerounaise a continué de contribuer à l’essor du pays, principalement par le biais de la construction des précurseurs du développement que les routes, les ouvrages d’art, les infrastructures sportives, etc. il est aussi à noter le fort impact économique ressenti dans les localités abritant les casernes militaires.
Le différend territorial avec le Nigéria au sujet de la péninsule de Bakassi, est un autre des défis qu’il a fallu relever avec tact et fermeté, car tout en défendant l’intégrité du territoire national, il n’était pas envisagé d’entrer en guerre avec ce pays avec lequel nous avons la nature et l’histoire en partage.

A l’heure actuelle, les défis auxquels l’armée camerounaise est confrontée se déclinent sous la forme d’activités terroristes du Boko Haram dans la Région de l’Extrême-Nord, le séparatisme dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, la piraterie dans notre espace maritime, et la protection de nos frontières orientales. Une fois de plus, le professionnalisme de l’armée camerounaise et l’intimité de ses relations avec nos populations permettent de réduire graduellement l’intensité desdites menaces.

De la reforme de 2001

S’agissant de la réforme intervenue en juillet 2001 sous la guidance du Président de la République, Chef des Forces Armées, elle ambitionnait à la fois le rajeunissement, professionnalisation, et la modernisation de l’armée camerounaise. Ce qui entre autres, s’est traduit par l’harmonisation des âges et l’accélération des départs à la retraite, un substantiel effort dans l’équipement des forces en matériels des plus modernes, une meilleure régularité des stages, l’adaptation des contenus des formations aux évolutions de l’environnemental sécuritaire.
Naguère formée selon les standards de la guerre conventionnelle, l’armée camerounaise intègre désormais les techniques de la guerre asymétrique, dont le terrorisme est la plus connue des manifestations. A ce jour, les résultats de cette polyvalence sont dignes d’éloges. Aucune parcelle du territoire national n’échappe en effet au pouvoir des institutions étatiques.
La réforme est un concept dynamique qui favorise une atteinte plus rapide de l’efficience, grâce à une adaptation plus aisée aux contraintes imposées par les circonstances. A titre d’exemple, l’on pourrait noter les multiples réorganisations des commandements territoriaux, désormais plus complets en termes de dotations en grandes formations des diverses armes et armées, et plus autonomes en termes de pouvoir de décision et d’action, pour plus de réactivité.

Du concept armée-nation

Partant du postulat selon lequel une armée soutenue par son peuple est invincible, il apparait clairement que le concept Armée-Nation est cardinal dans la génération, le maintien et la préservation d’un environnement de sécurité. Par sa proximité permanente (les militaires dans leur très grande majorité vivent en dehors des casernes), à travers les multiples actions qu’elle mène en leur faveur, l’Armée camerounaise entretient des liens symbiotiques avec nos populations. Autant ces dernières n’hésitent pas à recourir aux facilités que met l’armée à leur disposition, autant l’armée camerounaise bénéficie du concours actif de ces mêmes populations dans l’exécution de ses missions.

L’implication des militaires dans le fonctionnement des écoles en zones de troubles, la distribution de denrées alimentaires et de médicaments aux populations nécessiteuses, l’appui au développement, d’une part, et le concours des comités de vigilance dans la lutte contre les activités terroristes, d’autre part, sont quelques-unes des déclinaisons palpables de la solidité du concept Armée-Nation.

Par CF ATONFACK, CHEF DIVCOM/MINDEF

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