Le football camerounais, jadis fleuron du sport africain, se retrouve aujourd’hui plongé dans une crise sans précédent. Derrière les beaux discours et les promesses mirobolantes se cache une réalité sordide de détournements de fonds qui asphyxie les clubs professionnels et met en péril l’avenir même du football dans le pays des Lions Indomptables.
Le grand mensonge des subventions évaporées
Les révélations concernant la gestion des subventions destinées aux clubs de MTN Élite One et Two ont l’effet d’une bombe dans le milieu sportif camerounais. Faustin Blaise Mbida, secrétaire général du Conseil Transitoire du Football Professionnel (CTFP), tente désespérément de justifier l’injustifiable : le non-versement des subventions aux clubs professionnels.
Selon nos investigations sur 237online.com, sur les 560 millions de FCFA alloués aux clubs d’Élite One ces trois dernières années, seule une infime partie a effectivement atteint sa destination. « C’est comme si l’argent s’évaporait entre les mains des gestionnaires », nous confie un président de club sous couvert d’anonymat. « Pendant ce temps, nos joueurs ne sont pas payés depuis des mois. »
La farce de la gestion des stades
La nouvelle grille de répartition des recettes des stades, présentée comme une avancée par le CTFP, n’est en réalité qu’un écran de fumée. Loin d’être satisfaits comme l’affirme Mbida, les clubs dénoncent un système qui les étouffe financièrement.
L’Office National des Infrastructures Sportives (ONIS) pratique des tarifs prohibitifs pour l’utilisation des stades, ponctionnant ainsi les maigres ressources des clubs. « Comment voulez-vous développer le football professionnel quand la location d’un stade engloutit la quasi-totalité des recettes de billetterie ? », s’insurge un dirigeant de club d’Élite Two.
Un système gangrené jusqu’à la moelle
La réunion du 26 février dernier entre l’Association des Clubs d’Élite du Cameroun a mis en lumière l’ampleur du désastre. Les présidents de clubs, excédés, ont dénoncé d’une seule voix ce qu’ils considèrent comme un « détournement massif en bande organisée » des fonds destinés au football.
Les joueurs, véritables victimes collatérales de cette gabegie, se retrouvent souvent sans salaire pendant des mois. Certains, pour survivre, sont contraints de chercher des emplois parallèles ou de compter sur la solidarité familiale. « Le football camerounais est malade de ses dirigeants », résume amèrement un ancien international camerounais.
L’heure n’est plus aux promesses creuses ni aux justifications bancales. Seule une enquête indépendante pourra faire toute la lumière sur ces pratiques qui ternissent l’image du football camerounais et hypothèquent son avenir. Le pays qui a donné au monde des légendes comme Roger Milla et Samuel Eto’o mérite mieux que cette gestion calamiteuse.