52% de financement agricole sont orientés vers des projets qui ne ciblent pas les femmes
Plus de 100 projets et programmes agricoles ont été développés au Cameroun entre 2010 et 2020 et plus de la moitié desdits projets ont été conçus en ignorant les contraintes sociales que rencontrent les femmes, selon l’investigation réalisée par Data Cameroon, Le Jour et Le Financier d’Afrique. Durant neuf mois, des journalistes de ces trois médias ont réalisé une enquête collaborative sur la prise en compte du genre dans les politiques agricoles au Cameroun, à travers une compilation de données et des descentes dans les régions du Centre, du Littoral et de l’Adamaoua. Les résultats de cette enquête montrent que les femmes sont très investies dans le secteur des cultures vivrières. Malgré les difficultés qu’elles rencontrent, ces dernières bénéficient très peu de l’accompagnement des projets et programmes mis en place par le gouvernement et ses partenaires dans le cadre des politiques de soutien au développement du secteur agricole. Beaucoup de ces femmes agricultrices ne sont pas informées sur leur existence. Une enquête réalisée par Ghislaine Deudjui, Emmanuel Batake et Assongmo Necdem.
Plus de 120 projets et programmes agricoles ont été développés au Cameroun ces 11 dernières années. 52% des financements alloués à ces projets sont orientés vers le développement des cultures de rente, chasse gardée des hommes.
A l’aube du mercredi 27 octobre 2021, Anne Marie Ongbombok, 52 ans, est déjà dans son champ. Une parcelle d’environ 342 m2 sur laquelle elle expérimente la culture du riz Nerica. Munie d’une houe, elle remue la terre fraîche de Nikoutou. Un village situé dans le département du Mbam et Inoubou, région du Centre au Cameroun. Ici, on est à quelque 210 kilomètres de la capitale politique, Yaoundé. Agricultrice depuis 36 années, Anne Marie s’est toujours focalisée sur la culture des tubercules (manioc, igname, patates) et des légumineuses à l’instar des arachides et des petits pois. Ces cultures vivrières sont très pratiquées par les femmes à Nikoutou, tandis que les hommes sont plus impliqués dans les cultures de rente.
Le constat est le même dans la région du Littoral, plus précisément dans l’un des greniers les plus importants du Cameroun, la localité de Njombé-Penja. Irène Gaelle Matene Fossi, jeune agricultrice de 29 ans, est aussi engagée dans ce type de cultures. D’après le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), les femmes constituent plus de 70% de la main-d’œuvre rurale au Cameroun. Elles produisent près de 90% de la production vivrière mais représentent seulement 3% du secteur agricole industriel.
Pourtant, les données du Minader, du FIDA et du FAO liées aux financements de projets, compilées par Data Cameroun, Le Jour et Le financier d’Afrique indiquent que 1369,3 milliards F.Cfa ont été mobilisés entre 2010 et 2021 sur un total de 58 projets recensés. 706,77 milliards, soit 52 % de ces financements, sont orientés vers des projets qui n’ont pas été conçus en tenant compte des contraintes rencontrées par les femmes. Environ 61% de ces financements sont orientés vers le suivi et l’accompagnement des cultures de rente (cacao, café, fruits), soit 841,97 milliards FCFA. Dans la plupart des localités agricoles du pays, la culture de rente est fortement détenue par des hommes. C’est le cas dans le département du Moungo où les femmes représentent seulement 11,46% des 7254 producteurs de café et de cacao selon le Rapport final du Projet d’appui à la collecte des données statistiques des filières cacao et café dans le Moungo, publié en octobre 2019.
“De nombreux hommes s’impliquent dans la production, précisément dans les cultures de rente. La plupart des hommes qui sont impliqués dans l’agriculture pratiquent la cacaoculture, la caféiculture, le poivre; et très peu vont faire les cultures comme les bananiers plantains. D’autres vont faire les arbres fruitiers, les agrumes, la cola, etc. Par contre, vous allez trouver des femmes partout. Elles sont dans la commercialisation de ces sous-produits là et qu’est ce qu’on mange beaucoup plus, c’est macabo, igname, manioc, haricot…”, affirme Leon II Irnée Mengue, ingénieur agronome, délégué d’arrondissement de l’Agriculture et du Développement rural de Njombé-Penja, dans le département du Moungo.

Pour 60 projets et programmes axés sur les cultures vivrières, des financements de 842 milliards F.Cfa ont été mobilisés. Soit une moyenne de 14 milliards par projet et programme. Alors que 648,13 milliards F.Cfa ont été affectés à 39 projets et programmes axés sur les cultures de rente. Ici, la moyenne est de 16,61 milliards par projet et programme. En considérant donc les proportions, il apparaît que les cultures de rente sont plus financées que les cultures vivrières.
Des projets non sensibles au genre
Pour catégoriser le caractère genre sensible des programmes et projets agricoles mis en oeuvre au Cameroun, notre équipe a procédé par l’analyse des documents projets des différentes initiatives recensées pour la période allant de 2010 à 2021 et a interrogé certains responsables (disponibles) sur les mécanismes de prise en compte des besoins spécifiques des hommes et des femmes dans la conception et la réalisation des programmes et politiques agricoles. Des échanges ont également été menés avec les agriculteurs des régions du Centre et du Littoral ainsi qu’avec les responsables du suivi de la mise en œuvre de ces programmes et projets sur le terrain.
De cette analyse, il ressort qu’ entre 2010 et 2020, sur 112 projets et programmes agricoles développés au Cameroun, seuls 36,7%, soit 41 d’entre eux, prennent en compte les préoccupations et les spécificités des hommes et des femmes lors de leur conception. Les 64,3% restants (soit 71 projets et programmes) restent non sensibles au genre. Autrement dit, ne tiennent pas compte de la question aussi bien à la conception qu’à la réalisation.
Dans la région du Centre par exemple, sur 49 projets et programmes exécutés, seuls 18 prennent en compte les hommes et les femmes. Certains de ces projets et programmes sont uniquement adressés aux femmes et aux jeunes. Malheureusement, de nombreuses agricultrices ignorent que ces programmes existent. Sur les 20 agricultrices rencontrées au mois d’octobre 2021, dans l’arrondissement de Njombé-Penja, la moitié a affirmé ne pas connaître l’existence des projets ou des programmes agricoles. Dans le cadre de cette investigation, Data Cameroun, Le Jour et Le Financier d’Afrique ont réalisé un mini sondage visant à comprendre l’impact des projets agricoles sur l’activité des agriculteurs et agricultrices des zones rurales du Cameroun. Une trentaine de producteurs et productrices des régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest y ont participé. 50% des personnes ayant répondu au sondage ont affirmé qu’elles n’étaient pas informées de l’existence des projets et programmes d’accompagnement agricole en zone rurale.
Accompagnement et information
Irène Matene Fossi, agricultrice, a choisi de se consacrer au travail de la terre. Chaque jour, depuis deux années, elle parcourt deux kilomètres à pied pour se rendre dans son champ, une parcelle de moins de 500 m2, sur laquelle elle cultive des tubercules. Sa production, évaluée à moins d’une tonne par an pour l’ensemble des produits cultivés, est essentiellement destinée à la consommation et au petit commerce. Irène évolue en solitaire, sous fonds propres et déclare n’avoir jamais bénéficié de l’accompagnement ou du financement de l’Etat.
Ce qui n’est pas le cas de Balbine, jeune productrice de riz résident à Nitoukou, actuellement bénéficiaire d’un programme expérimental de Riz. Elle est membre d’un Groupement d’initiatives communes (Gic) composé de 12 membres, toutes des femmes. Balbine et ses co-équipières cultivent une variété de riz dénommée Nerica, dont le cycle de production dure trois mois. Le rendement attendu est de 100 kilogrammes pour 1 kg de semence. Grâce à ce programme, elles apprennent à gérer des projets agricoles aux côtés des spécialistes et reçoivent aussi des intrants agricoles (semences et engrais).
Et même à ce niveau, elles font face à de nombreuses difficultés, notamment le manque de moyens financiers pour candidater à certains programmes. «En début d’année, j’ai essayé de monter le dossier de ma société coopérative pour bénéficier d’un projet. Mais notre fonds était presque vide, c’est cela qui nous a vraiment fauché », se désole Christine Milango épouse Ndong, responsable de la Société Coopérative des femmes dynamique de Njombé-Penja (Scoopsfedi), qui compte 25 membres.
L’arrivée tardive de l’information liée aux appels à projets et programmes représente un autre frein. «Nous ne connaissons pas vraiment les projets disponibles qui nous concernent. Même quand l’information arrive à notre niveau, il se fait tard car, le dépôt des dossiers est terminé », témoigne Philomène Bertille Jabea, présidente de la Société coopérative des femmes entrepreneures du Littoral (Scfel) à Njombé-Penja. L’agricultrice Madeleine Nga a vécu une expérience similaire. «Il y a quelques mois, nous avons essayé de soumissionner à un programme lancé par le FAO, malheureusement nous avons eu l’information deux à trois jours avant la clôture de l’appel à candidatures ».
Si plusieurs femmes dénoncent la rareté de l’information, des responsables administratifs en charge de ces projets déplorent l’ignorance des populations. «Dans les services déconcentrés comme le nôtre, il y a des gens qui ne connaissent même pas la délégation d’agriculture. Les gens préfèrent me rencontrer en route pour me poser leurs problèmes », relève Charles Calvin Boubouama, le délégué d’arrondissement du Minader à Nikoutou. Son homologue installé dans l’arrondissement de Njombé-Penja quant à lui, souligne l’absence d’outils pour une bonne communication. «La plupart des acteurs n’ont pas les outils nécessaires pour pouvoir sensibiliser efficacement. Depuis que je suis arrivé, je suis en train de faire un recensement de projets et programmes qui sont actifs dans mon arrondissement pour mieux informer tous les acteurs impliqués», fait savoir Leon II Irnée Mengue , en poste à Njombé-Penja depuis moins d’un an.
Mutualiser les efforts, voilà un défi que de nombreuses productrices peinent encore à relever. Elles n’ont pas compris le bien-fondé d’être ensemble; ce qui rend parfois la tâche difficile aux responsables des postes agricoles. « Chacune est organisée à sa façon, pour celles qui sont en GIC il y a toujours de petits soucis, il y a d’autres qui n’adhèrent pas… Parfois elles sont ensemble, mais leur association n’est pas certifiée, ce qui ne leur permet pas de bénéficier des programmes et projets agricoles », souligne Rosalie Laure Eyenga, chef de poste agricole de Penja.
Pourtant, l’option du gouvernement aujourd’hui est d’encadrer et d’appuyer les producteurs et productrices agricoles à travers des Gic. Sur 1000 agriculteurs identifiés à Nguila Babouté dans le département du Mbam et Kim, région du Centre, le chef de poste agricole, Bertrand Ndjomo, dénombre 400 femmes. La localité compte 18 Gic, dont 15 groupements composés d’hommes. En 2021, quatre Gic masculins ont reçu des financements allant de 6 à 2 millions F.Cfa. Un seul Gic féminin a bénéficié d’un appui de 7 millions F.Cfa pour la production du manioc.
L’accès aux terres, un défi pour les femmes
Asta Barka Hamadjida est une ancienne agent d’administration reconvertie en agricultrice. Agée de 46 ans et mère de 6 enfants, Asta n’est pas la propriétaire des quelque 15 hectares de terres qu’elle exploite à Hore Kouni et Nyannam, deux villages de la commune de Meiganga, région de l’Adamaoua. Les parcelles ont été mises à sa disposition par chaque chef de village.
Si les problèmes d’accès à la terre restent d’actualité au Cameroun, les femmes restent minoritaires dans la répartition des patrimoines fonciers. En 2013, seuls 21% de femmes soit 2309 étaient titulaires d’un titre foncier. La région du Centre avec 820 titres fonciers attribués aux femmes. Les terres cultivables, lorsqu’elles sont disponibles, sont situées à des dizaines de kilomètres et parfois ne sont pas très fertiles du fait de leur utilisation précédente.

Des solutions
Face aux difficultés des agricultrices, Fabrice Ondobo, ingénieur agronome, interpelle les décideurs politiques. « Étant donné que les femmes sont souvent en butte à des difficultés lorsqu’elles tentent de participer pleinement au marché du travail, des interventions pourraient s’avérer nécessaires au niveau des politiques, allant au-delà de celles requises pour stimuler la croissance économique et l’efficience des marchés ruraux du travail », suggère Fabrice Ondobo. Pour l’expert, il faut miser sur une approche participative, en consultant les femmes au moment de l’identification des besoins des producteurs et productrices pour l’élaboration des programmes et des projets. En outre, l’ingénieur agronome conseille de développer des programmes de vulgarisation spécifiquement orientées vers la gent féminine, renforcer les capacités des femmes et créer des services de vulgarisation de proximité.
Coordonnateur National du Projet d’investissement et du développement du marché agricole (Pidma), Thomas Ngue Bissa, est encore plus clair en termes de politiques agricoles pour permettre aux femmes d’exprimer tout leur potentiel. « Il faut une définition claire de la stratégie genre qui renferme les critères discriminatoires en faveur des femmes et des jeunes pour tout type d’appui. Il faut prévoir des ressources matérielles suffisantes pour la mise en œuvre, mettre en place des mécanismes de suivi-évaluation, prévoir et exécuter des audits organisationnels de genre », prescrit-il sur la base de son expérience à la tête de plusieurs programmes agricoles ayant une approche genre, notamment le Pidma et le Programme national de développement des racines et tubercules.
Pour Thomas Ngué Bissa, le meilleur entrepreneuriat rural est celui qui explore et exploite toutes les possibilités et potentialités présentes dans son environnement de travail pour la satisfaction des attentes économiques, sociales et culturelles.

Réactions
Philomène Berthille Jabea, Présidente de la société coopérative des femmes entrepreneures du Littoral (Scfel) à Njombé-Penja.
«Les politiques agricoles doivent tenir compte de nos besoins »
« Au départ, nous étions plus de 40 dans la Scfel, mais entre-temps, il y a celles qui n’ont pas compris le bien-fondé de se mettre ensemble et qui se sont désistées. Pour le moment, nous sommes 19. La Coopérative compte 17 femmes et 2 hommes. Pour nos projets, l’accès à la terre n’est pas facile. Pour avoir un espace cultivable il faut le louer. Au sein de notre organisation, nous avons énormément de besoins. On veut d’ailleurs s’arrimer à la culture de troisième génération. Pour cela, nous avons besoin du matériel adéquat. Nous sommes actifs dans la transformation agricole. Pour exceller, il nous faut des machines appropriées afin de conquérir des marchés. Les politiques agricoles doivent tenir compte de nos besoins. »
Lucienne Lachele, délégué du Gic Espérance de Manjo
« Le métier d’agriculteur n’est pas assez valorisé »
« Nous avons déjà bénéficié de deux projets. Le plus récent était le projet ACEFA. Ce projet nous a permis d’obtenir du matériel comme les pulvérisateurs, les porte-tout et les machines à égrener le maïs. Cela nous a été d’une grande aide, mais ce n’est pas suffisant. Le métier d’agriculteur n’est pas assez valorisé. J’implore le gouvernement de mettre un accent conséquent sur les intrants agricoles. C’est un nœud important. C’est l’agriculteur qui nourrit tout le monde, sans lui on ne peut pas travailler. Nous nous sentons marginalisés quand nous sommes relayés au second plan ».
Portrait
Asta Barka Hamadjida
Riche de ses terres
Cette ancienne agent d’administration a assuré sa reconversion. Elle gagne des millions dans la culture du haricot, du maïs et du manioc dans la région de l’Adamaoua.
En 2018 lorsqu’elle perd son emploi à l’Agence nationale d’appui au développement forestier, Asta Barka Hamadjida devient agricultrice. Aujourd’hui, elle est appelée « patronne » dans le petit village de Hore Kouni situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Meiganga dans la région de l’Adamaoua. Dans cette partie du Cameroun, considérée comme le château d’eau national et constituant un bassin agricole de choix, il est encore rare de voir une femme qui a fait de l’agriculture un véritable business. Asta expédie des camions de vivres vers les deux grandes capitales que sont Yaoundé et Douala. Elle confie que ses clients ne sont que des grossistes. En 2020, l’agri business woman a livré 6 tonnes de haricot, entre 8 et 9 tonnes de manioc et 8 tonnes de maïs.
Pour mettre en valeur ses 15 hectares, cette entrepreneure agricole emploie des ouvriers dans les deux villages où se trouvent ses terres : Hore Kouni et Nyannam. Alors que la campagne 2021 battait son plein, 10 ouvriers ont été mobilisés pour la récolte du haricot produit sur 5 hectares. Installée à Meiganga avec son mari et leurs enfants, Asta multiplie les séjours dans ses champs pour suivre l’évolution de chaque campagne agricole. « Je suis organisée. Je m’occupe de mon foyer et de mes champs. Je peux compter sur le soutien de mon mari qui est fonctionnaire », se réjouit-elle.
Âgée de 46 ans et mère de 6 enfants, Asta Barka est reconnaissante pour ce que la terre lui a permis de réaliser en 3 ans : des investissements dans l’immobilier et les études universitaires de deux de ses enfants. Elle n’en dira pas plus, et se contente de dire au détour d’un sourire : « il y a la richesse dans la terre. Beaucoup l’ignorent. Si tout le monde est derrière un grand bureau, comment va-t-on nourrir le pays? » Son passé dans l’administration est un lointain souvenir rangé dans les oubliettes sans regret aucun. Dire que son mari et elle avaient commencé l’agriculture avec un capital de 300 000 F.Cfa et des terres gracieusement mises à leur disposition par le chef du village Hore Kouni. En 2021, le couple a investi 1,5 million F.Cfa pour toutes les dépenses de la campagne agricole. Asta ne doute pas que cet investissement sera multiplié par 2, 3, 4… Désormais, elle veut sortir de son isolement pour créer une organisation de producteurs. Elle rêve grand pour son affaire.
Interview
Simon Essola Nsa, Coordonnateur régional du Programme Pcp Acefa dans le Centre
« Nous sommes dans une posture d’améliorer le quota des femmes »
Dans sa conception, est ce que le programme Acefa a intégré les productrices?
Oui. Dans sa conception, le programme travaille avec toutes les catégories, les groupes de femmes, de jeunes et d’hommes. Dans sa philosophie, le programme vise à améliorer le revenu des producteurs.
Y a-t-il des objectifs spécifiques liés aux productrices ?
Dans notre travail, nous faisons ce qu’on appelle le conseil ciblé. En tenant compte du genre, nous travaillons avec certaines catégories. Actuellement le programme accompagne un total de 35.649 membres, parmi lesquels 31% de femmes. Nous voulons augmenter le pourcentage. Nous avons entamé une sensibilisation ciblée pour voir ce taux augmenter. Nous avons remarqué qu’avec les femmes, il y a plus de résultats. Les femmes sont plus appliquées. Nous sommes dans un processus de sensibilisation ciblée qui va permettre d’ici la fin de l’année d’augmenter le quota. Nous sommes à 31% pour le moment dans le Centre, soit 11 200 femmes, mais nous pouvons augmenter et faire mieux. Au départ, le programme visait l’exploitation familiale agropastorale, il n’y avait pas un quota prédéfini au départ réservé aux femmes. Aujourd’hui, nous sommes dans une posture d’améliorer le quota des femmes et des jeunes. Nous avons aussi une spécificité car nous travaillons avec des groupes uniquement constitués de femmes. Ils sont 181 soit environ 2086 membres. Mais il y a aussi des groupes mixtes avec des femmes. C’est le décompte de toutes les femmes qui fait 31%.
Qu’est ce qui explique que les femmes soient minoritaires ?
C’est le contexte dans la région du Centre. Les propriétaires terriens sont principalement les hommes. Pour faire l’agriculture, il faut des terres. C’est le facteur central. Dans notre contexte, la femme est difficilement propriétaire.
Prévoyez-vous d’augmenter les financements pour les femmes ?
Les quotas sont déjà connus et se situent à deux niveaux. Pour le niveau Gic, les financements vont de 500 000 à 6 millions de FCFA. Pour le niveau OPA (Organisation des producteurs agricoles), les groupes de niveau 2 et de niveau 3, on va de 5 millions à 30 millions de FCFA. Si un groupe de femmes a monté un projet en tant que Gic (niveau 1), on ne va pas augmenter l’enveloppe. Il n’y a pas une faveur particulière pour les femmes. Les procédures sont les mêmes pour tous. Le facteur que nous mettons sur la table c’est la compétitivité. On juge un Gic X et un Gic Y sur l’analyse de leurs documents. On donne le financement à celui qui est le plus performant.
Notre enquête a été réalisée en collaboration avec datacameroon.com et Le Financier d’Afrique. Initiative soutenue par Medialab Pour Elles, un projet CFI- Agence française de développement médias, avec le soutien de Madeleine Ngeunga, Open Data Pour Elles, et Paul Joel Kamtchang, Adissi Cameroun.