Dans un contexte politique qui s’annonce déterminant pour l’avenir du Cameroun, les forces syndicales sortent de leur réserve habituelle. Le Cameroon Workers Forum (CAWOF), qui regroupe 11 des 12 confédérations syndicales du pays, vient de sonner la mobilisation générale des travailleurs face aux échéances électorales cruciales qui se profilent.
L’inscription électorale, un acte syndical devenu prioritaire
« Ma carte électorale, mon pouvoir absolu » – ce slogan puissant résume parfaitement l’esprit du communiqué publié le 17 janvier 2025 par le CAWOF. Selon cette intersyndicale majeure, l’inscription sur les listes électorales n’est plus une simple démarche administrative, mais un véritable acte militant. « Les travailleuses et travailleurs actifs et retraités devront jouer leur partition en contribuant à l’expression et au renforcement de la démocratie au Cameroun », martèle le communiqué.
Cette prise de position marque un tournant. Jamais auparavant une aussi large coalition syndicale n’avait fait front commun sur un sujet électoral avec autant de fermeté.
Une conscience politique qui s’éveille dans le monde du travail
Face à la présidentielle de 2025 suivie des législatives et municipales en 2026, l’intersyndicale adopte un ton sans équivoque : « Si les travailleuses et travailleurs ne s’inscrivent pas sur les listes électorales, ils ne pourront pas voter. Ayant ainsi laissé la latitude aux autres de choisir et décider à leur place, ils n’auront aucun droit de se plaindre. »
Cette phrase, qui claque comme une mise en garde, reflète une préoccupation grandissante chez les représentants syndicaux camerounais. Trop longtemps spectateurs des décisions qui affectent pourtant directement leurs conditions de travail, les syndicats semblent désormais décidés à investir pleinement le champ politique.
L’union fait la force : une mobilisation sans précédent
Le CAWOF ne fait pas que lancer un appel. Il engage directement ses confédérations membres à « s’impliquer activement par une mobilisation générale de tous les travailleurs de tous secteurs d’activités confondus. » Un appel à l’action qui résonne comme un défi lancé au monde politique traditionnel.
Cette mobilisation pourrait rebattre les cartes dans un pays où l’abstention touche particulièrement les actifs urbains. « Ce qui se fait sans nous, se fait contre nous » – ce vieil adage cité par le CAWOF prend ici tout son sens.
L’initiative syndicale rappelle une vérité souvent oubliée : la carte électorale transforme le simple citoyen en « membre du grand jury chargé de choisir les futurs gouvernants. » Sans elle, le travailleur camerounais reste « simple spectateur des enjeux et défis liés à notre destin, celui de nos enfants et l’avenir du Cameroun. »
