Economie : Pourquoi le Cameroun achète beaucoup à l’étranger ?

Balance commerciale

Le deficit de la balance commerciale se creuse et se chiffre à 744 milliards Fcfa. La hausse des dépenses d’importations est de 15,4% par rapport au premier semestre 2020.

Dans un rapport publié en début du mois de septembre par l’Institut nationale de la statistique, au premier semestre 2021, le déficit de la balance commerciale se creuse davantage de 52 milliards de F CFA (en hausse de 7,5%) par rapport au premier semestre 2020 et se chiffre à 744 milliards de FCFA. Cette accentuation du déficit commercial résulte de la hausse des dépenses d’importations de 15,4% par rapport au premier semestre 2020 ; la hausse des recettes d’exportations de 21,5% enregistrée sur la même période n’ayant pas été suffisante pour couvrir les dépenses d’importations. Le taux de couverture s’améliore de 3 points de pourcentage pour se situer à 59,2%, contre 56,2% au premier semestre 2020 ; traduisant ainsi une plus forte croissance relative des exportations (21,5%) par rapport aux importations (15,4%).Hors pétrole brut, le déficit de la balance commerciale se situe à 1 170 milliards de FCFA s’aggravant ainsi de 152 milliards de FCFA (15,0%) par rapport au premier semestre 2020.

Quant aux travaux du comité technique national de la balance des paiements, ils se sont déroulés au courant du mois d’août 2021 à Yaoundé sous la houlette du ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Au cours de cette séance de travail, il était question de procéder d’une part à l’examen et à la validation des résultats des balances de paiements des années 2018 et 2019, et d’autre part, à la présentation des résultats provisoires de celle de l’année 2020. Cette session intervient également dans un contexte particulier, marqué par une forte contraction de l’activité économique, en raison de la pandémie du Covid-19 qui a entrainé des restrictions des biens et services.

Au sortir de cette session, il ressort que les résultats de 2018 et 2019 affichent des comptes courants déficitaires. « De manière globale, notre compte courant est déficitaire et le déficit s’est encore creusé en 2019 par rapport à 2018. Il s’est aggravé de 777,6 milliards soit 3,6 % du produit international brut (PIB) et de 992 milliards soit 4,4 % du PIB », a indiqué Gabriel Ngakoumda, le directeur de la prévision au ministère des Finances. Une situation qui s’explique principalement par la forte dépendance de l’économie camerounaise aux importations de biens et de services, qui ne sont pas compensées par l’exportation.

Hausse des importations

Après une augmentation de 11,5 % en 2018, les importations se sont accrues de 13,3 % en 2019 pour se situer à 3 856,9 milliards, du fait de la hausse des achats de carburants et lubrifiants, de céréales, d’huiles brutes de pétrole, de produits céramiques, de carreaux vernissés, d’appareils optiques, d’aluminium, de matières plastiques, de véhicules automobiles et de tracteurs. Dans les documents mis à notre disposition, il en ressort que les exportations ont augmenté également de 13,3% en 2019 par rapport à 2018, pour s’établir à 2 392,8 milliards. Cette augmentation s’explique par la bonne tenue des ventes de plusieurs produits de base. Il s’agit notamment des huiles brutes de pétroles, le gaz naturel liquéfié, le cacao brut en fèves et le coton brut. Par contre les exportations ont baissé pour le bois brut, les carburants et lubrifiants, l’aluminium brut et le caoutchouc brut.

Face à ces conséquences néfastes sur l’économie, le Cameroun s’est engagé il y a trois ans dans un programme économique et financier appuyé par la Facilité Elargi du Fonds monétaire international. Un programme dont les résultats ont été globalement satisfaisants, sera suivi par un nouveau programme qui vient d’être conclu pour la période 2021-2024. Il intervient au moment où le Cameroun amorce la mise en œuvre de sa stratégie nationale de développement 2020-2030. En 2019, l’on a relevé quatre secteurs qui ont enregistré des soldes globaux excédentaires. Nous avons l’agriculture, l’exploitation forestière, l’hydrocarbure et les transports au niveau de la balance des paiements sectoriels.
La balance de paiement est « l’outil par lequel nous mesurons et apprécions l’équilibre extérieur de notre pays, c’est-à-dire des résultats des relations économiques entre le Cameroun et le reste du monde, du point de vue des échanges commerciaux, des transferts des revenus primaires, secondaires ainsi que des mouvements capitaux », a expliqué le ministre des Finances, Louis Paul Motaze.

Des prévisions pour 2020

« En 2020, on a bon espoir que le déficit du compte courant va se réduire. Il va rester déficitaire mais à un niveau moins important qu’en 2019 », a confié Gabriel Ngakoumda. Les résultats provisoires affichent un déficit courant qui se réduit à 872 milliards soit 4 % du PIB, du fait des mesures restrictives prises sur le plan mondial dans le cadre de la riposte anti Covid 19, qui ont entrainé au niveau du Cameroun une baisse des importations de biens et services plus importante que la baisse des exportations. Les statistiques douanières quant à elles, ont enregistré une baisse des recettes d’exportation de 24,6 % pour se situer à 1803,1 milliards en 2020. Les importations chutent de 17,7 % pour s’établir à 3178,4 milliards, après 361,6 milliards en 2019 en lien entre autres avec la baisse des dépenses fret.

Marie Laure Mbena (Stagiaire)

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