Dévoiement et usurpation des titres de notabilité : un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur au Cameroun

Bruno et le patron

Maintenant on voit des gens autour des bières dans un débit de boisson se présenter étant des Zomlo’o, des Mbombog ou Mbeu. Pire, il y en a même qui prennent ses titres comme des sobriquets.

Il faut dire qu’autrefois dans la Région de l’Ouest où la Chefferie traditionnelle est encore prégnante, et où l’autorité traditionnelle est encore respectée, il y a eu cette tendance à attribuer des titres de notabilité, non pas par mérite ou par cooptation, mais de les attribuer pour des raisons bassement financières. De manière trivial, les gens ont commencé à « acheter les titres », et certains notables réputés proches du Chef ont fait de cette affaire un fonds de commerce. À partir de là, ces titres ont commencé à être dévoyés.

On assiste également à un autre phénomène, celui des chefs contestés. Dans la Région de l’Ouest, il y a des Chefs que l’on considère comme illégitimes. Les gens ont même réussi à détourner des lignées royales. Le cas très illustratif du village Bangou dans les Haut-Plateau, où la justice a reconnu que le défunt Chef Kezembou, qui a régné plus d’une trentaine d’année, n’était pas de la lignée royale, sa mère l’ayant conçu avant de se marier au Chef Djomo, qui assurait la régence de la Chefferie Bangou après l’exil du Roi Kemayou.

Dans les sociétés du Centre du Sud et de l’Est, c’est vrai que la Chefferie n’est pas aussi prégnante, on a également constaté cette tendance, des personnalités à vouloir se donner de l’importance, en se faisant majesté. Là-bas tous les Ministres et hauts cadres ou presque sont des Chefs ou à défaut des puissants notables dans leur village respectif, en d’autre terme, ce sont tous des Majesté, Kumkuma, Nyamoro ou alors Zomlo’o. Il y a que le titre de Nnomgui qui bien lorgné et convoité ne fait l’objet d’usurpation pour l’instant.

Du point de vue de la psychologie sociale, c’est chacun qui veut se sentir important, et les jeunes voir même des adolescents ne sont pas en reste. Certains d’entre eux, trouvant que le titre de Zomlo’o était trop lourd pour leurs frêles épaules ont eu l’ingénieuse idée d’y ajouter un préfixe. C’est ainsi que le titre de notabilité Petit-Zomlo’o est né…

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