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L'ouverture sur le Cameroun

Croissance économique: Le Cameroun d’échec en echec

Paul Biya en plein conseil de Minsitres

Depuis le lancement de sa stratégie pour la croissance et l’emploi en 2010, le pays manque d’année en année ses objectifs de croissance, hypothéquant ses chances d’émergence à l’horizon 2035. Enquête sur les cinq premières années de mise en œuvre du DSCE.
ans son scénario de référence, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), boussole économique du Cameroun sur la période 2010‐2020, table sur un taux de croissance moyen du Produit intérieur brut (PIB) de 6,1% entre 2013 et 2015. Ayant obtenu pour les années 2013 et 2014 les taux de croissance respectifs de 5,5 et 5,3 (chiffre de la Banque mondiale); le pays devrait réaliser un taux de croissance de 7,5% cette année
pour atteindre cet objectif. Une possibilité à laquelle les autorités camerounaises elles‐même ne croient pas. Le 28 novembre dernier, lors de la présentation des perspectives économiques du Cameroun à l’Assemblée nationale, le ministre des Finances projetait un taux de croissance de 6,2% pour l’année en cours. Une projection de 1,3 point inférieure au taux de croissance nécessaire pour réaliser l’objectif de croissance moyenne fixé par le DSCE sur la période 2013‐2015. Pire, cette prévision de croissance du PIB à 6,2% en 2015 est jugée très optimiste par certains experts qui font
remarquer qu’elle repose notamment sur un cours du Brent à 89,7 dollars. Pourtant, depuis le début de cette année, le baril de pétrole se vend pratiquement à moitié prix sur le marché international et les experts n’entrevoient pas un relèvement significatif des cours d’ici la fin de l’année. Ce qui pourrait avoir un impact sur la croissance: « le PIB du Cameroun est corrélé fortement à ses recettes d’exportation: si les recettes baissent de 1 point, le PIB va baisser également de 1 point. En conséquence, la baisse de moitié du prix du pétrole qui représente 40% des recettes d’exportations va entraîner une importante baisse du PIB », explique l’économiste Dieudonné Essomba dans le quotidien Mutations du 03 février dernier. Un pessimisme partagé par la Banque mondiale.
Dans son rapport sur les perspectives de l’économique mondiale en 2015, l’institution prévoit pour l’année en cours, une stagnation de la croissance économique du Cameroun à 5,1.Soit un point en dessous des prévisions du Cameroun.

Plafond de 6%
Déjà, le Cameroun n’a pas atteint les objectifs de croissance du DSCE pour ses trois premières années (2010, 2011, 2012) de mise en œuvre. Sur cette période, la croissance économique moyenne du pays s’est située à 3,9%. Soit 0,5 point en dessous des prévisions du DSCE qui étaient de 4,4 %. Pour ces
trois premières années, « globalement la reprise de l’activité économique est donc restée timide, inférieure à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne et insuffisante pour enclencher un mouvement perceptible de recul de la pauvreté (le PIB/hab. ne s’est accru que de 0,7 point par an) ».
La conclusion est du rapport d’«évaluation indépendante triennale de la mise en œuvre du DSCE au Cameroun: 2010‐2012» réalisé par un cabinet privé à la demande du gouvernement. Le document rendu public en octobre 2014 souligne en plus que « si l’écart moyen sur la période triennale apparait limité, la différence de taux sur une année va en s’en grandissant et semble rétrospectivement indiquée un plafond de croissance d’environ 6% que l’économie peine manifestement à dépasser depuis plus d’une décennie (voir tableau) ». A en croire le DSCE, le franchissement de ce seuil d’environ 6% de croissance annuelle durant la période 2016‐2020 est pourtant impératif si le pays veut réunir les conditions de son émergence à l’horizon 2035.
Mais la Banque mondiale qui projette la croissance du Cameroun en 2016 et 2017 respectivement à 4,9 et 5,1, fait déjà craindre que cet autre objectif du DSCE ne soit pas atteint.

Aboudi Ottou

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