La promotion d’une justice exclusive, non indépendante et le sentiment qui en découle, a généré parfois des conflits.
Le secteur judiciaire n’est pas moins gangrené. S’il est admis que les coûts de la justice sont élevés et pas à la portée du citoyen modeste, il n’en demeure pas moins factuel que, dans un environnement où le clientélisme et l’affairisme sont rois, où les enquêteurs sont soudoyés pour ne pas faire une investigation rapide, objective et profonde, et où, enfin, les magistrats sont à la solde de leurs protégés, nombreux au sein de l’Exécutif et du Législatif, « Les jugements sont souvent prononcés en faveur du plus offrant et du mieux placé dans la société ».
C’est du problème de l’indépendance du pouvoir judiciaire qu’il est question sous la plume dénonciatrice de l’archevêque de Douala. Une justice aux ordres, sujette à de nombreuses menaces et intimidations de la part des vrais dépositaires du pouvoir, qui peuvent commanditer à souhait la modification des archives, la dissimulation des documents et des preuves, ou la disparition pure et simple des dossiers entiers et des pièces par des magistrats à la compétence et à l’intégrité douteuses, nommés par leurs soins.
Les frustrations qui en découlent ont fini par générer des revendications sociales, politiques, débouchant parfois sur des conflits armés. Comme ceux qui déchirent depuis cinq ans les régions anglophones du pays (le Nord-Ouest et le Sud-Ouest), ou encore la guerre dans l’Extrême-Nord du Cameroun. « L’accroissement des crises et des revendications au sein de la population tel que cela apparaît dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et du Grand Nord ont leurs causes. Sommes-nous alors dans une impasse devant laquelle nous devons garder le silence et rester les bras croisés ? », s’interroge l’archevêque de Douala. Qui prône, en guise de solutions, le retour aux valeurs fondamentales.
