Peu touchĂ©s par lâĂ©pidĂ©mie de coronavirus, les bĂ©bĂ©s et jeunes enfants peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre des porteurs du virus et vecteurs de la maladie.
Les chercheurs sont cependant songeurs sur la situation de ces derniers en Afrique oĂč certaines affections comme la malnutrition et le Vih âfacteur aggravant- sont des problĂšmes de santĂ© publique. Quel est l’impact de Covid-19 sur les enfants ? Ses symptĂŽmes sont-ils diffĂ©rents chez les enfants que chez les adultes ? Les risques sont-ils plus Ă©levĂ©s pour les trĂšs jeunes enfants ? Ya-t-il des dommages durables ? Morceaux choisis de questions posĂ©es au professeur Karen Kotloff de la facultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© du Maryland, spĂ©cialiste des maladies infectieuses et de la pĂ©diatrie, par des journalistes au cours dâune confĂ©rence en ligne modĂ©rĂ©e par Joyce Barnathan. En gros lâon retient de cet entretien que les symptĂŽmes prĂ©sentĂ©s par les adultes sont les mĂȘmes chez les enfants. A savoir : FiĂšvre, toux, courbature, fatigue, vertige, maux de tĂȘte, quelquefois diarrhĂ©e⊠Egalement, affirme lâexpert, les enfants sont toutefois moins affectĂ©s que les adultes. En effet, seulement 2% des personnes contaminĂ©es dans le monde par le coronavirus sont des enfants ou des adolescents.
En France, « Aucune forme sĂ©vĂšre, aucune hospitalisation, ni dĂ©cĂšs n’est Ă dĂ©plorer chez les moins de 12 ans », indique le Dr Fabienne Kochert, pĂ©diatre et prĂ©sidente de l’Association de formation professionnelle en pĂ©diatrie (AFPA), Ă nos confĂšres de Journal des femmes. Une publication rĂ©cente dans la revue Pediatrics fait Ă©tat de 2 143 cas en Chine dont 125 cas graves mais seulement 18 critiques et 1 seul dĂ©cĂšs, rapporte la pĂ©diatre. Selon qui la majoritĂ© des enfants infectĂ©s par le nouveau coronavirus sont peu symptomatiques et peu contagieux. Ils consulteront en cabinet mĂ©dical pour des infections respiratoires peu sĂ©vĂšres. Certains cependant « peuvent ĂȘtre porteurs sans dĂ©velopper aucun symptĂŽme » et donc potentiellement contagieux, soit avant l’apparition des signes cliniques, soit en phase de guĂ©rison. Ils sont alors « vecteurs de la maladie et peuvent contaminer leur entourage », prĂ©vient la spĂ©cialiste. D’oĂč la recommandation du gouvernement d’Ă©viter qu’ils ne soient en contact avec des personnes fragiles (systĂšme immunitaire affaibli) et ĂągĂ©es pour ne pas les contaminer.
Malnutrition chronique
En Afrique, cependant, la situation risque dâĂȘtre un peu diffĂ©rente. En rĂ©alitĂ©, se prononçant sur cette question, professeur Karen Kotloff Ă©met des rĂ©serves en raison souligne-t-elle de facteurs aggravants de la maladie dont lâune des manifestations est la dĂ©tresse respiratoire. La spĂ©cialiste cite en effet la prĂ©sence du VIH et de la malnutrition qui affectent sĂ©rieusement le systĂšme immunitaire de leurs victimes. Or ces affections sont de vĂ©ritables problĂšmes de santĂ© publique sur le continent noir. Au Cameroun par exemple, il ressort de la cinquiĂšme EnquĂȘte de dĂ©mographie et de santĂ© (EdsCV) 2018 que 29% des enfants de moins de 5 ans ont un retard de croissance oĂč sont atteints de malnutrition chronique et 14% ont un retard de croissance sĂ©vĂšre. Les garçons (31%) sont plus affectĂ©s que les filles (27%). Les enfants des zones rurales quatre fois plus que ceux du milieu urbain (Douala et YaoundĂ©) notamment. Au niveau rĂ©gional, lâEst (37%), lâExtrĂȘme-Nord (37%) et le Nord (41%) enregistrent les taux les plus Ă©levĂ©s. Il est donc dans lâintĂ©rĂȘt de tous de limiter la propagation du virus en respectant les consignes et mesures dâhygiĂšne Ă©dictĂ©es par les pouvoirs publics et lâOMS.