Je n’ai pas pu m’empêcher de réagir à la suite de la lecture du communiqué du Ministre de la Santé Publique ce matin.
Un document dans lequel le membre du gouvernement informe les camerounais de l’existence d’un cas de Coronavirus à Yaoundé. «Un citoyen français âgé de 58 ans, arrivé au Cameroun le 24 février 2020», écrit le Ministre de la Santé Publique, qui se glorifie de «la surveillance active mise en place par le pays depuis la survenue de cette épidémie de COVID-19». Surveillance «qui a permis de détecter ce cas».
Même si, Selon le médecin du gouvernement, l’intéressé a été mis en isolement dans le Centre de prise en charge de l’hôpital central de Yaoundé pour une prise en charge appropriée, je trouve sa sortie inappropriée. Pour plusieurs raisons.
Le temps du communiqué
Le cas avéré serait entré sur le territoire national le 24 février. Le Minsanté publie son communiqué le 06 mars. Soit 11 jours après l’entrée sur le territoire du cas suspect (à l’époque). En tenant compte de la durée des examens (qui n’est ni mentionnée, ni connue par les personnels de santé puisque c’est un nouveau virus), je ne comprends pas qu’on ait attendu près de deux semaines avant d’avoir les résultats. Ou, avant de voir le communiqué du Minsanté. Moi qui observe la communication généralement proactive du ministre de la Santé, je suis étonné qu’il ait attendu tout ce temps.
L’isolement
L’historique du cas détecté reste flou. Des sources journalistiques parlent d’un français arrivé par vol d’Air France, après une escale à Bangui. Puis, le cas aurait séjourné à Mbangassina (région du Centre). Une version qui reste à vérifier. En tout cas, le Minsanté ne le dit pas. Ce qu’il ne dit pas aussi, et qui est inquiétant, c’est le sort qui a été réservé aux personnes qui ont été en contact avec le patient.
Dans le protocole de prise en charge des cas de coronavirus, l’isolement n’est pas réservé uniquement au cas détecté. Il existe une procédure d’observation (au moins) qui s’applique à tous ceux qui ont été en contact avec le patient.
S’il est arrivé par un vol d’Air France, tous les passagers du vol doivent être en isolement ou en observation. C’est notamment ce qu’on a observé avec le bateau de croisière américain Westerdam qui a passé 10 jours en mer, à cause d’un passager infecté.
Sauf si on veut me dire que le français était seul à bord de l’avion, au volant de son véhicule, ou seul dans son bateau. Je le dis parce que le communiqué ne donne aucune précision sur le moyen de transport emprunté.
Prévention
Ce premier cas (patient 0) du Cameroun n’est cependant pas le premier cas suspect enregistré. Avant lui, plusieurs personnes (généralement des étrangers) ont été présentées à tort ou à raison comme ayant été porteuses du coronavirus. Ce qui signifie qu’elles ont traversé les barrières placées dans les aéroports, pourtant présentées comme étant à toute épreuve par le Minsanté.
Je note en passant que les aéroports, qui ont focalisé toute l’attention du MINSANTE, ne sont pas les seules portes d’entrées du Cameroun. Le Minsanté n’a pas accordé la même attention aux ports et aux autres frontières terrestres.
La forme
La communication du Minsanté est enfin inappropriée. Parce qu’elle ne respecte pas la communication habituelle dans ce type de cas.
- Confirmation du cas-mode d’entrée sur le territoire
- circuit emprunté par le patient
- prise en charge du cas et des personnes ayant été en contact
- état de santé du patient (grave ou pas),
- Capacités du centre de prise en charge, etc.
Une conférence de presse est annoncée dans les plus brefs délais. J’ai hâte d’y être. Je suis intéressé par ce qu’il va dire.
vous êtes journaliste , vous pouvez vous même investiguer. En plus votre siège se trouve dans le district de Djoungolo où le cas a été détecté. Le temps d’incubation dure 14 jours, donc il est bien possible qu’à son arrivée, on a pas pu le détecter.
Saluer Irène