Conflit-Arabe-choa-Mousgoum : Les chefs traditionnels arabes-choa écrivent au chef de l’Etat

Le Pr Paul BIYA

Cinq chefs traditionnels de la communauté arabe du Logone et Chari ont adressé le 15 décembre 2021 une note d’information au président de la République, Paul Biya.

Le document, signés de Isseini Darkadre, Alka Djidda, Adoum Dalaï, Adoum Mihimit et Abdoulaye Moussa, remis au ministre de l’Administration territoriale lors de sa visite à Kousseri et à Ndjamena les 15 et 16 décembre 2021, est un condensé de la position Arabe sur le conflit qui l’oppose aux Mousgoum depuis quelques temps non seulement dans le Logone et Chari mais également dans le Mayo-Danay, deux départements de la région de l’Extrême-Nord. Si le nombre de morts, officiellement, n’est pas encore connu, selon diverses sources, le conflit aurait causé plus de 150 morts et est à l’origine, d’après le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), du déplacement de 150.000 personnes environ.

D’après le document expédié au chef de l’Etat, les affrontements qui ont marqué le conflit entre les communautés Arabes Choa et Mousgoums se sont déroulés en deux vagues successives. « La première vague déclenchée en août 2021 était circonscrite à l’arrondissement de Logone-Birni. Elle a été naïvement qualifiée de conflit socio-professionnel entre éleveurs et pêcheurs qui serait lié à l’accès et à l’exploitation des ressources naturelles dans le canton d’El-Birké qui fait partie intégrante de la plaine Waza-Logone communément appelée Yaéré. Cette première vague d’affrontement a débuté avec l’assassinat de deux chefs traditionnels des villages arabes Michika et Hindouk. La deuxième vague d’affrontements particulièrement sanglante, meurtrière et destructrice a commencé le 05 décembre 2021 à Ouloumsa, un village situé à 2km de la ville de Logone-Birni. Celle-ci a révélé au grand jour une dimension ethnique du conflit soutenue par une idéologie identitaire dont l’objectif est la conquête d’un espace vital exclusivement réservé aux Mousgoums. La matérialisation de cette idéologie passe nécessairement par un nettoyage ethnique de la communauté Arabe-Choa dans la plaine de Waza-Logone », peut-on lire dans le document qui mentionne aussi les conséquences de cette débauche de haine communautaire. « Ces affrontements qui se sont étendus à d’autres cantons de l’arrondissement de Logone Birni se sont soldés par 27 morts, 40 villages incendiés (dont 35 Arabes et 05 Mousgoums), du pillage des greniers et du vol de bétail et d’autres biens. En outre, plusieurs familles ont abandonné leurs villages pour aller chercher refuge loin de chez elles et parfois au Tchad voisin ».

Pour les auteurs de cette note, il n’y a pas de doute que les raids menés contre les Arabes-choa par les Mousgoums du Logone et chari et du Mayo-Danay ainsi que des milices de la même ethnie venue depuis le Tchad dans des embarcations motorisées, ont été pensées, programmés, financés et bien coordonnés sur le terrain. En tout cas, le degré de violence et l’acharnement à tuer et détruire simultanément, dans trois différents départements, n’ont rien à voir avec le malentendu ponctuel, entre paysans, survenu le 5 décembre 2021, près de la localité de Ouloumsa, arrondissement de Logone-Birni. L’on ne peut comprendre ce qui s’est passé que par la volonté des idéologues de la communauté Mousgoum d’intégrer les arrondissements de Zina et de Logone-Birni, situés dans le Logone et Chari, aux arrondissements de Maga et de Kaï-Kaï, dans le Mayo-Danay. L’objectif étant d’en faire un espace exclusivement dédié à l’expression politique, administrative, traditionnelle et culturelle des Mousgoums. Ce qui peut s’apparenter à une tentative de nettoyage ethnique.

En réalité, cette volonté a été plusieurs fois exprimée, sous une forme ou une autre, par les ténors de la communauté Mousgoum, sans tenir compte de l’existence des autres entités sociologiques dont la présence, dans cet espace, est de loin antérieure à la leur. Pour conclure leur correspondance, les chefs traditionnels de la communauté arabe-choa marque leur attachement à la paix. « Malgré cette catastrophe dont nous sommes victimes, nous réitérons notre engagement à œuvrer pour la paix », peut-on lire dans le document. Paul Biya sera-t-il sensible à cette interpellation ? En tout cas, désormais, tous les regards sont tournés vers Etoudi.

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