Chloroquine: Quatre siècles de traitement de la malaria

chloroquine

Le traitement à base de chloroquine contre le coronavirus suscite un débat à travers le monde.

Il faut rappeler que face au paludisme, ce médicament avait montré son efficacité par le passé et cela pourrait en être le cas contre le coronavirus. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la chloroquine ferait désormais partie d’un programme d’essais cliniques international visant à en développer un remède. Certains pays comme l’Iran, la Corée du Sud, la Chine et l’Arabie Saoudite l’utilisent, déjà ou son dérivé (hydroxychloroquine), dans leur protocole thérapeutique, même cela ne fait pas encore l’unanimité. La chloroquine est un antipaludéen peu cher utilisé depuis plusieurs décennies. Commercialisé notamment sous le nom de Nivaquine, il n’est plus utilisé aujourd’hui en Afrique puisque le parasite a développé des résistances. En France, le Pr Didier Raoult a mené une étude sur 24 patients porteurs du coronavirus. En Suisse, les hôpitaux utilisent déjà la chloroquine pour lutter contre le Covid-19.

Molécule découverte au XVIIème siècle par les colons européens au Pérou, la chloroquine a traversé non seulement l’espace, mais également le temps et a toujours été au centre des combats entre laboratoires et Etats puissants de la planète.

La chloroquine ou chloroquinine est un antipaludique de la famille des amino-quinoléines. Elle a été largement commercialisée sous forme d’hydro-xychloroquine, et est avec la quinine, (dont elle est un substitut synthétique), le traitement qui a été le plus employé, en préventif comme en curatif, contre le paludisme. Elle est aussi très utilisée contre des maladies auto-immunes telles que le lupus et des maladies rhumatoïdes, telle que la polyarthrite rhumatoïde. Testée aujourd’hui à Marseille par l’équipe du Pr Raoult Rabiot dans le cadre de la lutte contre la pandémie du COVID-19, c’est au XVIIème siècle que la chloroquine est découverte par les colons européens au Pérou, suite à l’observation d’un phénomène. En effet, les colons observent que les indigènes extraient un médicament de l’écorce d’un arbre dénommé Cinchona, et ceux-ci l’utilisent contre les frissons et la fièvre. Ils en font pareil et s’en rendent compte que cette substance traite, effectivement la fièvre et est introduite en Europe en 1633. Mais, ce n’est qu’en 1820 que la quinine, antipaludique est isolée. Bien après cela, s’en suivra la fabrication de plusieurs séries de substituts à la quinine contre les paludismes, testés sur plusieurs décennies.

C’est ainsi qu’en 1926, la plasmoquine est la première sélectionnée utilisée jusqu’aux années 1980, en association avec la rhodoquine. En 1936, Andersag crée un dérivé de la résochine, moins toxique, appelée sontochine, c’est un méthyl-chloroquine, appartenant à une nouvelle classe d’antipaludiques, les amino -quinoléines. 1939-1945, la chloroquine entre en guerre Durant la deuxième guerre mondiale, la chloroquine sera au centre des batailles entre les alliés et l’Allemagne. En effet, durant la deuxième guerre mondiale, les alliés évaluent les propriétés de milliers de substances, dont la résochine qu’ils jugent également trop toxique. En novembre 1939, les Allemands déposent des brevets sur plusieurs aminoquinolines dont la résochine et la sontochine. Un an plus tard, Justus B. Rice, fait parvenir des échantillons de résochine à Lowell Coggeshall de l’Institut Rockefeller, où John Maier ne la testa pas avant janvier 1941. Winthrop transmit ces résultats au comité officiel en décembre 1942.

La découverte d’échantillons et de données venant de Tunisie va « ressusciter » la substance. Au printemps 1944, la sontochine a fait l’objet de tests cliniques tandis que l’administration américaine demande à Winthrop de fournir toutes les données qu’elle pourrait posséder sur les substances
apparentées à la sontochine, qui reçoit alors le numéro de code SN-691116. En 1942 à Tunis alors sous domination allemande, le Dr Philippe Jean Decourt, des laboratoires Rhône Poulenc-Specia ayant passé un accord sur le sontochine avec le laboratoire IG Farben en juillet 1941, conduit des essais cliniques sur le sontochine de Bayer. Après l’entrée à Tunis de la première armée britannique le 7 mai 1943, le Dr Schneider, auquel Decourt avait transmis le résultat de l’étude, propose aux alliés de la leur communiquer.

Ainsi, le 23 mai 1943, Schneider est transporté à Alger emportant cinq mille comprimés de sontochine. La sontochine reçoit un nouveau nom de code : SN-6911. Réévalué sous le numéro de code SN-7618 en juillet 1944, elle reçut le nom de chloroquine en février 1946. En 1947, elle entre dans la pratique clinique comme antipaludique. En France, elle est mise sur le marché en 1949 sous le nom de « Nivaquine », et reçoit la même année son autorisation de mise sur le marché américain sous le nom d’« Aralen».

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