Chefferie supérieure Balengou : Des consultations à reprendre

Elvis Nguemegni

Le ministre de l’Administration territoriale évoque des irrégularités pour annuler les consultations effectuées le 11 décembre 2021.

Dans un message-fax au préfet du Ndé, Paul Atanga Nji remet complètement en question l’ensemble du processus traditionnel ayant conduit, le 11 décembre 2021, à l’arrestation et la mise en case d’intronisation d’Elvis Nguemeni Hapi, 28 ans et fils de feu Hapi Tchienkoua Marcellin, décédé en septembre de la même année, de suite de maladie en Europe. « En raison des multiples contestations enregistrées au sujet de la désignation du chef traditionnel de deuxième degré de Balengou, j’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien reprendre les consultations, en vue de la désignation dudit chef traditionnel, dans le strict respect de la réglementation en vigueur, le respect des us et coutumes de ladite localité », instruit le Minat au préfet du Ndé, Ernest Ewango Budu. On imagine bien l’intérêt que le ministre accorde au compte-rendu des nouvelles consultations dont il dit lui-même que l’urgence est particulièrement signalée.

Presqu’une semaine que ce courrier circule, avec des commentaires accusatoires et la sérénité reste de mise à Balengou où les populations ont déjà programmé le triomphe de leur nouveau chef du « la’akep ». Dans une lettre non assumée, adressée au président de la République, des notables présumés accusent la manipulation politique et une volonté d’hégémonie des Bangangté. « Aucun problème de fond ne se pose car nous les populations et même les notables Balengou dans leur stricte majorité ne contestons ni la personne du nouveau Roi ni la démarche de son arrestation et encore moins les us et coutumes qui ont encadrés son arrestation », y lit-on. S.M. Nji Mouluh Seidou Pokam, chef supérieur Bangangté, avait boycotté les obsèques de son confrère et allié, en raison de sa mise à l’écart et de l’implication visible du chef supérieur Baleng dans la Mifi (de qui descendent historiquement les Baleng-ou) et de son homologue de Batcha (Haut Nkam). Il y a deux semaines, il a fait une sortie étonnante sur cette « violation flagrante des coutumes ». Pour lui, pour n’avoir pas respecté les « pactes traditionnels qui lient leurs villages en termes de survie », l’histoire a changé. Disant le tenir des ancêtres avec qui il a passé des veillées, Nji Mouluh Seidou Pokam annonce l’interdiction formelle et stricte à tous les rois Bangangté, en commençant par celui au trône, de se rendre encore à la chefferie Balengou. « Une violation de cette disposition entrainera sans aucune solution la colère des ancêtres Bangangté ; aucun chef Balengou ne devra pour quelque raison que ce soit, prendre part aux cérémonies d’intronisation d’un chef Bangangté et si un chef Balengou viole cette disposition en s’intéressant à l’arrestation d’un chef Bangangté, il tombera aveugle », entre autres.

Sont-ce là les us et coutumes qui n’ont pas été respectées ? Beaucoup en doutent. Le 11 décembre 2021, jour des obsèques à la chefferie, le chef supérieur Batcha, exécuteur testamentaire, n’a pas caché les pressions qu’il avait reçues alors qu’il s’était fait rare, pour modifier les dernières volontés du défunt. « C’est après moi qu’on va changer ses dernières volontés », avait-il ponctué. Malgré le fait que Marcelin Hapi Tchienkoua a laissé 117 enfants, il est constant chez les Balengou que nombre d’entre eux s’étaient disqualifiés de son vivant en trempant dans des pratiques immorales ou les mauvaises mœurs. Mais eux aussi veulent le trône. La « maison de deuil » de certains affichait des airs de triomphe. Et s’ils veulent obtenir plus haut ce qu’on leur a refusé au village ?

237online.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *