Cette querelle des leaders de la Diaspora camerounaise d’Europe est une entrave à la lutte pour le changement au Cameroun

Michael Fogaing

Nous présentons dans cet article la position de Diaspora pour la Modernité/Diaspora for Modernity, relativement à la querelle entre les leaders de la Diaspora camerounaise d’Europe. Nous proposons ensuite une solution.

Si rien n’est fait pour juguler la grogne, les querelles intestines en cours, entre les leaders de la Diaspora camerounaise combattante d’Europe risquent de plomber notre combat pour la souveraineté du Cameroun.

Pour certains protagonistes, il est question de la nécessité d’unifier toutes les factions des forces combattantes pour la démocratie et la souveraineté du Cameroun, sous un seul leader, ou rien! Ce n’est pas là juste une épouvantable distraction, mais une pure folie.

En effet, il est contre-productif et inutile de stigmatiser ou diaboliser ceux des combattants avec qui nous nous battons pour le même objectif ultime, simplement parce que nous avons des tactiques ou des stratégies de lutte différentes.

Pour nous membres de Diaspora pour la Modernité, tout projet d’unification de toutes les factions de la Résistance de la Diaspora Camerounaise militante du changement derrière un seul leader est un projet irréaliste, utopique et illusoire dont la réalisation n’est pas nécessaire pour le succès de cette lutte que nous menons tous, pour la démocratie, l’État de droit et pour l’acquisition de la pleine souveraineté du Cameroun.

En effet, la pensée unique dans quelle qu’œuvre humaine d’envergure que ce soit n’existe pas. Il est par conséquent normal et naturel que des factions animées des philosophies, de stratégies ou de tactiques différentes émergent et se développent çà et là dans la Résistance. C’est le contraire qui aurait été surprenant. Toutes ces tendances qui abritent des camerounais de bonne volonté qui se sacrifient par leur engagement pour libérer le Cameroun du joug colonial de la France et du régime néocolonial qui la représente à Yaoundé, se doivent de travailler ensemble.

Il est vrai que, par roublardise et par ruse pour justifier ses mascarades électorales récurrentes, le régime néocolonial en place au Cameroun nous a tellement habitué à l’agitation de cet épouvantail du manque de l’unité de ses opposants, au point où nous avons fini par croire que l’unité de toute l’opposition dans un pays est possible. Si c’était possible d’unifier tous les opposants d’un régime, cela se saurait et aurait déjà existé dans un autre pays connu dans le monde. Tel n’est pas le cas.

Il n’existe aucun pays au monde dont la Diaspora a une pensée unique, et ce sur quel qu’enjeu de société que ce soit. Il en est pareil pour les partis d’opposition dans n’importe quel pays du monde.

Nous ne pouvons vouloir installer la démocratie dans notre pays en passant par le chemin de l’intolérance de la moindre divergence de tactique ou de stratégie de lutte entre les factions ou groupes constitués de notre Diaspora combattante.

Il est de notoriété publique qu’il existe une myriade de stratégies connues et établies qui font canons du combat de libération politique d’un pays; chacune de ces stratégies a déjà libéré un pays de la dictature quelque part dans le monde.

Aussi, en pleine lutte de libération, il est impossible de prévoir l’approche spécifique qui portera le coup fatal et final à la dictature néocolonial français que nous combattons. Nous devons alors réaliser finalement que ces différentes approches de la lutte sont complémentaires les unes les autres. Par conséquent, laissons à chaque membre de la Résistance son droit inaliénable à choisir son propre couloir d’action qui lui sied le mieux, et où il/elle se sent le plus à l’aise et le plus efficace pour contribuer à la réalisation de notre objectif commun.

Nous percevons également après analyse que ce dont il est question en filigrane dans ce préoccupant débat, c’est en réalité une confrontation subtile entre la vision jacobine et centralisatrice à la française de notre Résistance d’une part, et une vision décentralisée objective et rationnelle à l’anglo-saxonne de cette même Résistance, d’autre part.

En effet, si l’on est trop empreint de la vision jacobine du monde, à la française, on sera plus porté vers la seule solution centralisatrice de notre contribution à la révolution, autour d’un « leader rassembleur » de la Diaspora. Les contraintes suivantes, conjointement insurmontables dont la lutte de positionnement pour ce poste de leader de la Diaspora, les différences philosophiques, stratégiques, tactiques et les objectifs différents seront alors tout simplement ignorées dans cette vision du monde, alors que ces contraintes incontournables sont toujours existantes dans le fond.

Si on est plutôt empreint de la vision pragmatique et rationnelle du monde à l’anglo-saxonne, on arrive rapidement à la conclusion que l’unité de la Diaspora combattante n’est pas nécessaire pour travailler ensemble, tant que chaque faction ou group constitué de la Resistance participe à chaque initiative qui cadre avec ses propres objectifs de la lutte, indépendamment de l’initiateur de l’action en question. On conclut alors très rapidement que seul un cadre de concertation entre leaders des factions est nécessaire, pour échanger, s’informer des initiatives des uns et des autres, se concerter et se mobiliser au besoin. C’est tout!

À notre humble avis, la seule chose qui manque cruellement sur le théâtre de combat de la Diaspora en Europe, est ce petit cadre d’échange et de concertation entre les leaders des différentes factions philosophiques de la Résistance.

Ce cadre peut être aussi simple et élémentaire qu’un petit groupe WhatsApp pour se concerter ou des téléréunions de planification et de mobilisation concertées pour des événements qui s’avèrent compatibles avec les objectifs respectifs des factions, tout en respectant l’identité morale et la vision propres de chaque faction.

Cette approche anglo-saxonne de respect mutuel des factions de la lutte, qui se concertent au besoin pour se joindre à la planification ou à la réalisation à des initiatives de combat pour la démocratie et la souveraineté du Cameroun, est celle que nous pratiquons dans la Diaspora camerounaise au Canada, en ce moment. Aucune de nos factions n’est ni jugée, ni vilipendée, ni insultée, ni calomniée ou obligée de participer à un événement. Ce qui nous unit, c’est l’objectif ultime de la libération du Cameroun et l’établissement d’un État de droit, maître de son destin et démocratique, au Cameroun. Chaque faction fait son analyse dossier par dossier, événement par événement, sans préjugé, en se répondant à soi-même à la question suivante : Est-ce que l’action ou l’initiative envisagée contribue à l’avènement de la démocratie au Cameroun et à l’acquisition de la pleine souveraineté du Cameroun! Si oui, let’s go ahead and participate!

En conclusion, voici les suggestions de Diaspora pour la Modernité/Diaspora for Modernity pour résoudre cette situation dans la Diaspora:

la recherche effrénée de l’unité de la Résistance en Europe est une distraction, car une illusion impossible à réaliser et qui n’existe dans aucune autre Diaspora ou opposition d’un autre pays au monde;

La seule solution réaliste à notre avis est de créer un simple cercle de concertation des leaders de la Diaspora, pour des événements communs et à participation volontaire de chaque faction, sans aucun jugement des uns et des autres;

Sans preuve, nous ne croyons pas aux chassé-croisé d’accusations et d’allégations d’infiltration qui fusent en Europe en ce moment entre les factions, les uns contre les autres. Il est évident que ces allégations sont possiblement motivées par la simple lutte de positionnement des uns aux détriments des autres;

Tant que l’objectif final du changement de régime en place à Yaoundé reste celui commun, nous dénonçons toute forme d’intolérance à la différence, tactiques et stratégiques des factions de la Résistance;

Un simple forum WhatsApp ou des téléréunions Zoom ou Teams, etc., peuvent offrir le recherché cadre de concertation des leaders de la Diaspora, singulièrement en Europe;

Il n’est pas nécessaire de réunir toutes les factions derrière un seul leader pour travailler ensemble;

Les actions résultantes des différentes approches stratégiques et tactiques sont complémentaires les uns aux autres, et sont les bienvenues. Par conséquent, il est contre-productif de diaboliser ou stigmatiser nos factions de la Résistance, juste parce que nos approches ou tactiques de combat sont différentes, et ce tant que nous partageons tous le même objectif final de changement de régime à Yaoundé.

L’histoire nous observe. À chacun sa conscience.

Que vive le Cameroun fédéral, juste, inclusif, apaisé et maître de son destin.

Michael Fogaing, Porte-parole de Diaspora pour la Modernité-Diaspora for Modernity

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