Couvé à l’école des grands gardiens camerounais et celle de l’Ajax Amsterdam, André Onana ne convainc pas encore tout le monde au pays hôte de la Coupe d’Afrique, qui joue son 8e de finale contre le Burkina-Faso lundi (20h00) à Yaoundé.
– « Les Camerounais attendant beaucoup de v… »
- « Je sais! » coupe le goal des « Lions Indomptables », interrogé sur ses performances: un but encaissé par match, dont celui au match d’ouverture sur une sortie aérienne ratée, qui n’a pas empêché la victoire contre le Burkina-Faso (2-1).
« Pfff… Moi-même j’attends beaucoup de moi, je ne suis pas satisfait de ce que je vois-là. Après, c’est le jeu qui est comme ça, on commet des erreurs défensives et on les paie cash », poursuit le lointain successeur des rois Thomas Nkono ou Joseph-Antoine Bell.
Si les Comores, en raison du Covid, risquent bien de jouer avec un joueur de champ dans les buts, le Cameroun compte tout de même « un gardien de niveau mondial », assure le sélectionneur Toni Conceiçao.
Et s’il y eut « des erreurs défensives, on doit en parler en interne, affirme Onana. Il faut faire preuve d’humilité, on a pris des buts faciles. »
Il a encore manqué une sortie aérienne contre le Cap-Vert (1-1), sans dommage cette fois, et ces petites erreurs entachent son bilan individuel.
« On doit faire preuve d’humilité et accepter les critiques des 25 millions de Camerounais, pose Onana. Je suis prêt à les recevoir, je pense que ça ne peut être que productif, constructif. »
– « Un problème culturel » –
« Ces critiques ne sont pas justifiées, assure Toni Conceiçao, c’est simplement un problème culturel, les gens ne sont pas habitués à sa façon de jouer. »
A l’Ajax Amsterdam, Onana joue « à la Guardiola », comme un gardien moderne, premier relanceur de l’équipe.
En Afrique, ce n’est pas trop du goût des supporters qui voient surtout les risques pris et non pas les avantages de ce onzième joueur de champ, regrette Onana.
Mais il est excellent sur sa ligne, commande avec autorité sa défense, et d’ailleurs il est très courtisé sur le marché des transferts.
« Onana, en plus de gardien c’est le libero de l’équipe, détaille le coach portugais à l’AFP. Il a d’immenses qualités sur sa ligne et un très bon jeu au pied. »
Et pour ses erreurs, Onana ne se cherche pas d’excuse.
Toni a aligné trois charnières différentes à la CAN, autour de Michael Ngadeu, inamovible chef, associé chaque fois à un central différent, Jean Onguéné, Jean-Michel Castelletto et Harold Moukoudi.
– « L’héritage n’est pas lourd » –
« Tous les joueurs sont prêts à jouer, ça fait partie de nos forces, nous sommes une famille », balaie Onana.
Sa suspension pour dopage jusqu’à novembre dernier après la prise d’un diurétique aurait une influence?
« Les repères sont là, sept mois ça passe vite, j’étais en activité, je n’étais pas blessé, je suis tranquille », répond-il.
Reste la pression de l’héritier de Nkono, Bell et compagnie.
« C’est une motivation extraordinaire, assure-t-il, faire partie de cette lignée-là est merveilleux, c’est un riche apprentissage. Vous en avez cité deux, il y a aussi (Idriss) Kameni, (Fabrice) Ondoa, plein d’autres que je peux énumérer. »
Bell partage cet avis. « Justement, on a la chance d’avoir de qui tenir, vous arrivez avec un préjugé favorable, explique-t-il à l’AFP. Et puis on ne devient pas gardien de l’équipe nationale du jour au lendemain ».
« Je ne suis pas inquiet pour Onana l’héritage n’est pas lourd, il vaut mieux jouer pour un pays qui a eu de grands gardiens », poursuit une des légendes du poste au Cameroun.
« Onana est un bon gardien de but, c’est même trop facile de dire aujourd’hui qu’il est bon », assure-t-il.
« Le foot n’est pas de tout repos, à tout moment on peut faire une bêtise, tout le monde ne parle que de cette faute » contre le Burkina, conclut Bell, « mais il a un bon mental. Le Cameroun a de la chance de l’avoir ».
