Cameroun: Vers une année difficile à la Sodecoton

Producteurs de coton

Déjà en proie aux difficultés de transformation, l’entreprise n’a levé pour l’instant que 30 milliards sur les 75 milliards FCFA représentant la facture des producteurs en 2016.
La Société de développement du coton (Sodecoton) vient de recourir, pour une sixième année consécutive, à un prêt syndiqué auprès d’un pool de banques locales composé de Afriland First Bank, la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), Union Bank For Africa (Uba), Société Générale Cameroun, avec comme chef de file la Commercial Bank Cameroon (Cbc). 237online.com Le montant de cette enveloppe s’élève à 35 milliards FCFA et ne correspond en effet qu’à un financement partiel de la campagne cotonnière 2015-2016. Au détour de la cérémonie de signature du prêt syndiqué susmentionné lundi dernier à Yaoundé en présence du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Henri Eyebe Ayissi et du ministre délégué auprès du ministre des Finances, Elung Paul Che, le Directeur général de la Sodecoton, Abdou Namba, a laissé entendre que la couverture totale de la campagne de commercialisation en cours nécessite des financements de l’ordre de 75 milliards FCFA. En clair, la gestion de la ampagne s’annonce difficile pour Sodecoton, qui va repartir de manière inéluctable sur le marché financier local ou international à la recherche de 30 milliards FCFA supplémentaires au moins – le prêt arrangé par la Cbc est extensible éventuellement à 40 milliards FCFA -, pour pouvoir régler la facture de l’ensemble de ses partenaires : les producteurs, les fournisseurs d’intrants, les transporteurs, etc. Le mécanisme de financement consiste en effet pour les banques, à faire des avances à la Sodecoton sur la base des contrats d’exportation du coton fibre passés avec des négociants de premier ordre opérant sur le marché international et travaillant pour la plupart avec cette entreprise depuis plus d’une décennie. 237online.com « Les fonds ainsi mis à la disposition de la Sodecoton permettent de payer l’ensemble des producteurs, soit plus de 220.000 recensés à travers les trois régions septentrionales et regroupés au sein de la Confédération nationale des planteurs de coton du Cameroun (Cnpc-c) », expliquait jeudi dernier, l’administrateur provisoire de la Cbc, Martin Luther Njanga Njoh. Pour mémoire, au sortir de la crise financière de 2008, les principales banques étrangères qui finançaient les campagnes de commercialisation de la Sodecoton se sont progressivement retirées du financement de certaines activités, arguant une contraction de leurs capacités d’intervention. Avec le concours d’autres établissements bancaires en activité au Cameroun, la Commercial Bank Cameroon avait pris le relais en 2010. Mais, face à l’augmentation depuis l’année dernière de la production cotonnière, sa capacité d’intervention semble aujourd’hui limitée. D’où l’obligation pour la Sodecoton d’aller à la recherche de nouveaux partenaires financiers. Il n’est pas question de revivre la situation d’il y a deux ans où les planteurs préféraient écouler directement leur coton au Nigeria, après avoir pourtant reçu des crédits de campagne de la Sodecoton. 237online.com Cette fraude de la part des producteurs avait fait essuyer beaucoup de pertes financières à la Sodecoton. Il s’agit même là d’un impératif absolu, si l’on prend en compte le fait que la culture du coton sous l’encadrement de cette entreprise constitue la locomotive du développement et un vecteur essentiel de la lutte contre la pauvreté dans tout le Septentrion.

Un mastodonte aux pieds d’argile !
Née en 1974 des cendres de la Compagnie française pour le développement des textiles, la Sodecoton est l’une des entreprises les plus importantes du secteur agro-industriel camerounais, avec un capital social de 23,6 milliards détenu à hauteur de 59% par l’Etat. Son chiffre d’affaires annuel moyen tourne autour de 110 milliards F Cfa dont 80% à l’export. Ses activités : elle achète le coton graine produit par environ 220.000 planteurs regroupés de la Confédération nationale des planteurs de coton du Cameroun (Cnpc-c), en assurant préalablement leur encadrement technique et en participant au préfinancement des intrants agricoles. 237online.com Dans l’ensemble des trois régions qui forment le Grand Nord, la Sodecoton est le plus gros employeur après l’Etat, avec 11000 employés. C’est dire qu’elle est pour le septentrion ce que la Cameroon Development Corporation (Cdc) est pour la région du Sud-Ouest, ou ce que représente la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) pour le Centre. Mais, sa faible surface financière fait d’elle aujourd’hui un mastodonte aux pieds d’argile. Son activité d’égrenage de coton dans ses neuf usines reparties sur les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, a aujourd’hui du plomb dans l’aile. En cause, le vieillissement des machines. 237online.com L’infrastructure de transformation de la Sodecoton, elle aussi, est dépassée, avec pour corollaire la non transformation de la production locale et l’exportation quasi-systématique de la matière première. Laquelle exportation fait perdre de la valeur ajoutée à la filière cotonnière camerounaise. En 2015, le Cameroun a enregistré une production de 295.000 tonnes, en hausse de 74ooo tonnes par rapport à l’année précédente.

Jean Omer Eyango

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