Cameroun: Une soirée avec une déplacée de la crise anglophone

Deplacés interne de la crise anglophone

Tatiana, âgée de 29 ans, mère d’un enfant de 09 ans, est serveuse dans un snack-bar de la ville de Yaoundé.

Elle est serveuse depuis un an dans un snack-bar très fréquenté, au carrefour Biyem-Assi au lieu-dit « Bonandjo » à Yaoundé. Ce lieu de loisir et de plaisir ouvre ses portes 7j/7 et 24h/24. Vêtue d’un polo vert sur lequel est inscrit au dos «fille de salle», Tatiana a du mal à circuler. Il est minuit passée et « le soleil s’est déjà levé » pour les amis de Bacchus. «C’est un jeudi des filles », apprend-on de la serveuse. Les étudiantes des deux universités de la ville de Yaoundé ont pris d’assaut le lieu.

Sonia, étudiante à l’université de Yaoundé 1 à sa cuvette de bière en main, elle essaie de garder les yeux ouverts, malgré l’éclairage et la fumée
qui se dégagent de la salle aux allures de boîte de nuit. La musique mondaine que diffusent les hauts parleurs empêche de converser avec son plus proche voisin. Les jeunes se trémoussent sur la piste de danse. Ils dansent un «collé-serré», fument et boivent. Pour circuler, Tatiana se faufile entre les tables pour prendre les commandes des clients. Pendant qu’elle sert, elle bouscule quelques bouteilles de bière qu’elle a déjà installées sur la table.

L’affluence est à son comble et le snack semble étroit. Cadre idéal pour des mains baladeuses. Sa voix qu’elle s’échine à rendre rauque et sévère ne
décourage pas certains. Les formes généreuses de Tatiana ne laissent pas les adeptes de Bacchus indifférents. Quand ce ne sont pas des attouchements de pervers ou de gens saouls qu’elle repousse violemment, il faut essuyer le mépris des clientes. « Ce métier est vraiment difficile, je ne l’ai pas choisi par amour, mais par contrainte. Je suis originaire du Nord-Ouest, je suis une déplacée de la crise anglophone à Yaoundé. Je suis serveuse, c’est mieux que rien. Je suis âgé de 29 ans et j’ai un enfant de 9 ans à ma charge. C’est pour lui que je me bats. Je vis avec lui dans une chambre, je le nourris ; je paie sa scolarité et je m’occupe de moi-même », confie-t-elle avec des yeux larmoyants. Je ne vis pas de mon salaire. Je vis grâce aux pourboires des clients généreux. « Tu peux avoir un ami ou bon client qui te «farote» avant de partir. A part cela, rien », fait-elle savoir. Leur salaire varie entre 35 et 40 000 Fcfa. Ici, il leur est défendu de boire, de manger ou de s’asseoir pendant le service.

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