Cameroun: Une enquête confirme la persistance de la corruption

Stéphane M’BAFOU

L’Institut national de la statistique (INS) vient de commettre une étude réalisée en 2014 auprès des ménages qui montre que 91% de Camerounais décrient la corruption dans les rangs de la police la gendarmerie, etc.
La quatrième édition de l’Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4) réalisée fin 2014 par l’Institut national de la statistique est disponible depuis quelques jours. Et pour la première fois, le Cameroun a introduit un module sur la corruption. Dans l’ensemble, la corruption, qui est un fléau entravant le bon fonctionnement des institutions, est décriée, selon Ecam, par 44% de la population et plus de la moitié de celle du milieu urbain. Dans l’ensemble, 91% de la population déclare que les agents de la police/gendarmerie ou de l’administration fiscale sont impliqués dans la pratique de la corruption. Il convient toutefois de relever pour le relativiser que ce niveau de perception de la corruption est en décalage avec les faits vécus. C’est ainsi qu’au cours des douze mois précédant l’enquête 17% d’adultes en contact avec l’administration (soit près d’un usager sur cinq) ont été effectivement victimes d’actes de corruption de la part de fonctionnaires indélicats. Par administration, le niveau de corruption basé sur l’expérience personnelle (faits vécus) se situe à 14,3% pour les personnes ayant été en contact avec le fisc. S’agissant de la lutte contre la corruption, 60% de la population adulte déclare être au courant de l’existence d’un organisme de lutte contre la corruption et 62% se dit informée des efforts des autorités publiques en la matière. Cependant, 69% exprime un jugement défavorable quant à l’efficacité des actions gouvernementales anticorruption. Les ministres se retrouvent également classés dans ce premier groupe des institutions dénoncées comme les plus corrompues. 237online.com Suivent les députés, fonctionnaires, sénateurs et autorités communales, qui sont aussi déclarés par une large majorité (plus des trois quarts de la population) comme plutôt ou complètement affectés par ce fléau. Cette perception de l’étendue de la corruption rend compte de la prégnance du phénomène à tous les étages, quel que soit le niveau hiérarchique des agents, et qui concerne aussi bien les parlementaires que les fonctionnaires en général. Même les chefs traditionnels, qui sont généralement exempts de tout soupçon, sont jugés sévèrement par plus de la moitié de la population. Seules les autorités religieuses se trouvent relativement épargnées dans la mesure où près de 70% de la population estime qu’elles sont peu ou pas du tout impliquées dans des affaires de corruption.

Organes de lutte contre la corruption
L’étude l’INS révèle que, même si une majorité de la population (60% de l’ensemble et 72% en milieu urbain) connaît l’existence d’un organisme de lutte contre la corruption, le fait que 40% n’en ait jamais entendu parler, en particulier en milieu rural, soulève quelques interrogations. Interrogés sur l’efficacité des actions gouvernementales anti-corruption, la grande majorité de la population (69%) exprime un jugement défavorable. Le bilan est d’autant plus problématique que plus d’un quart de la population juge la lutte complètement inefficace. Le manque d’information à son sujet ne semble pas être la principale cause de ce jugement négatif sur la lutte contre la corruption. En effet, 62% de la population estime être suffisamment informé sur les efforts des autorités en la matière. Leur perception ne résulte donc pas d’a priori dû à un manque d’information, d’un défaut de communication au niveau national, ou encore d’une faible sensibilisation à ces politiques. Une stratégie plus active, intégrant une politique d’information et de communication, est nécessaire pour endiguer le phénomène.

Sylvain Andzongo

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