Cameroun: Situation explosive dans le Rdpc après les investitures

Mahamat Tom Tallaf est soupçonné de mettre le feu aux poudres.

Albert Mekondane Obonou, le préfet du Logone et Chari, a reçu dans la matinée du 29 novembre 2019, une délégation conduite par le Sultan de Kousseri, Mahamat Abba II, accompagné des lawans Abdelkadre de Michediré et Yerima Garba de Guébala, ainsi que de plusieurs grands notables de Kousseri.

Cette visite faisait suite aux violences enregistrées dans la ville de Kousseri dans la nuit du 22 novembre 2019, et ce en marge des opérations d’investitures des candidats du Rdpc aux élections municipales et législatives dans le Logone et Chari. «Les autorités traditionnelles sont venues informer le préfet, et l’inviter également à prendre des mesures pour contenir à l’avenir ce genre de mouvements qui n’honore ni notre villeencore moins notre département», a indiqué un membre de la délégation des chefs traditionnels.

L’on se rappelle que cette fameuse nuit, des jeunes s’en étaient pris à la tête de liste de la commune de Kousseri, Toudjani Alifa ; déchiré des dossiers des candidats de la commune de Blangoua et incendié des pneus au carrefour Total à Kousseri. Non sans avoir tenté en vain de pénétrer dans le quartier général de la commission départementale d’investitures aux communales logé dans les locaux du Projet de développement rural intégré du ChariLogone (PDRI-CL). Il aura fallu des tirs de sommation des forces de sécurité pour décourager les manifestants à se saisir de l’ensemble des dossiers examinés en ces lieux par le président de la commission départementale pour les communales, Madi Ali.

Ces violences, selon des sources sécuritaires, sont le fruit des manœuvres d’hommes politiques et d’affaires locaux qui ont échoué à faire triompher leurs listes aux communales. «Des indices convergent vers l’homme d’affaires Mahamat Tom Tallaf. Il a même fait pression sur le préfet pour que celui-ci reçoive ces jeunes dans la nuit de l’incident. Il existe un lien qui se fait jour et nous allons prendre nos responsabilités si de tels actes venaient à se répéter. Nul n’est au-dessus de la loi», affirme une source sécuritaire de la place.

En effet, le nom de Mahamat Tom Tallaf, homme d’affaires et membre du comité central, est régulièrement cité comme étant l’un des principaux acteurs de la crise. A ses côtés, figurent également un autre membre du comité central en la personne El Hadj Emma Abdoulkarim, tous deux ayant échoué à la présélection des investitures au conseil municipal de Kousseri. Même si ces deux dignitaires réfutent avec force ces soupçons, il n’en reste pas moins qu’ils sont étayés, selon des enquêteurs, par un ensemble d’indices concordants. «Ils se sont alliés avec le ministre Adoum Gargoum pour changer la carte des maires dans notre département, mais cela n’a visiblement pas marché. Au lieu d’attendre d’autres opportunités ou de se manifester auprès de la hiérarchie de leur formation politique, certains ont choisi de violer la loi. Ceux-là vont nous rencontrer sur leur chemin», a prévenu un proche du préfet du Logone et Chari.

Depuis, les protestataires sont passés à une autre phase. Ils s’en prennent désormais au président de la Commission régionale de supervision des investitures pour les municipales dans l’Extrême-Nord, Alamine Ousmane Mey, accusé de tous les maux. Dans une lettre signée des dignitaires, élites et militants du département du Logone et Chari et datée du 22 novembre 2019 – nous la publions au bas de cet article -, ils égrènent un chapelet de critiques à l’endroit de l’actuel ministre de l’Economie et de son départemental Madi Ali coupables selon ceux-ci, d’avoir orchestré la mise à l’écart de quelques importants de la communauté Arabe-Choas. Aux dernières nouvelles, Mahamat Tom Tallaf et El Hadj Emma Abdoulkarim séjourneraient à Yaoundé où, selon des indiscrétions, ils écumeraient les bureaux pour faire prévaloir leur point de vue et de peser si possible sur le choix de la liste Rdpc aux législatives dans le Logone et Chari.

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