Cameroun: Samaritan Insurance mise sous administration provisoire

Assurance

La décision a été prise sans surprise avant-hier par la CIMA, le gendarme des compagnies d’assurances.
Quatre autres sociétés d’assurance camerounaises sur le gril. Ce 29 avril, on en saura beaucoup mieux sur le sort qui est réservé aux trois compagnies d’assurances convoquées devant la Commission régionale de contrôle des assurances (CRCA) de la CIMA (Conférence interafricaine des marchés d’assurances), le gendarme du secteur en Afrique. Réunie à Dakar du 25 au 29 avril, la 83ème session ordinaire de la CRCA devait se prononcer sur les plans de financement ou de redressement de 20 sociétés d’assurances africaines dont cinq sociétés issues du Cameroun. Il s’agit de Compagnie professionnelle d’assurances (CPA), Assurances générales du Cameroun (AGC), Beneficial General Insurance Cameroun, Société africaine d’assurance et de réassurance vie Cameroun et Samaritan Insurance Cameroun. Le sort de cette dernière est connue depuis la nuit du mardi 26 au mercredi 27 avril, vers une heure du matin : la CIMA a décidé de la mise sous administration provisoire de la Samaritan Insurance Cameroun, compagnie constituée le 10 janvier 2005 par Zacharia Awanga, et dont il est le directeur général jusqu’en janvier 2016. Un coup dur pour les 96 employés de la boîte, mais aussi pour les clients, dont Aéroports du Cameroun qui a souscrit une police assurance maladie de 1,6 milliard auprès de cette compagnie en 2014. Certains actionnaires sont aussi en posture indélicate, comme ce directeur adjoint d’une société publique, qui a participé à hauteur de 100 millions au tour de table des actionnaires. Dans le secteur, la décision de la CIMA n’est pas une surprise. « Nous avons même pensé pendant un temps que le gendarme des assurances était complaisant, car la situation était devenue très difficile », confie une source à l’intérieur de Samaritan. C’est en effet dans le management même du promoteur de l’entreprise que la CIMA a pêché les éléments à charge. Notamment, le non-paiement des sinistres. On évoque aussi des retraits intensifs dans les comptes. Depuis deux ans, le commissaire aux comptes de Samaritan, le cabinet international Ernst & Young refuse de certifier les comptes. Un employé de Samaritan est particulièrement amer au sujet de la désignation de l’épouse du promoteur, Mme Awanga, née Margaret Ashime, comme directrice des affaires générales. « Toutes les commandes de l’entreprise sont exécutées par elle, et le problème, ce sont les livraisons fictives. Ceux qui s’y sont opposés ont été abusivement licenciés », fulmine-t-il. L’entreprise était dans la ligne de mire de la CIMA, avec bien en joue le directeur général Zacharia Awanga. Sentant le vent tourné, il a quitté la direction de la Samaritan le 1er janvier 2016 pour en confier la gestion à comité présidé par le PCA, Stean Mpolo, ancien cadre de la BEAC, lui-même actionnaire à 30%. Ce comité va devoir céder sa place à un administrateur provisoire, qui doit être nommé par le Minfi, après approbation de la CIMA. Déjà a commencé, dès la publication de la mise sous administration de Samaritan, le défilé des prétendants au ministère des Finances. Quelle que soit la personne désignée, c’est une mission que beaucoup jugent difficile qui l’attend. En effet, sur sa table, le nouvel administrateur provisoire, investi de tous les pouvoirs de gestion, va trouver le dossier de l’acquisition du siège social de l’entreprise, sis en face du ministère de la Communication au centre-ville de Yaoundé. C’est un immeuble bâti sur 2 000 m2 appartenant à la famille de l’ancien ministre des Postes et télécommunications, Mounchipou Seïdou. Une promesse de vente avait été réalisée entre Me Seïdou Mounchipou, avocat et fils de l’autre, et le directeur général Zacharia Awanga pour un montant de 500 millions de FCFA. Mais, d’après nos sources, seulement la moitié de la somme a déjà été effectivement versée. Le propriétaire de l’immeuble a introduit une procédure auprès du tribunal administratif pour l’annulation de la promesse de vente. L’affaire est en cours. Avec 3,6 milliards de chiffre d’affaires réalisé en 2014, Samaritan Insurance Inc. Cameroun risque un retrait d’agrément, ce qui équivaut à une cessation d’activités. AGC, dont le promoteur est Kadji Defosso, n’est pas mieux lotie, elle qui a déjà usé dix directeurs généraux en neuf ans.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *