Le président français appelle aussi son homologue camerounais à progresser vers un règlement politique de la crise anglophone.
Le président français s’enthousiasme du verdict des urnes proclamé par le Conseil constitutionnel au terme de l’élection présidentielle du 7 octobre dernier : « A l’occasion de votre réélection à la présidence de la République, j’ai le plaisir de vous adresser toutes mes félicitations », écrit Emmanuel Macron dans une lettre adressée à son homologue camerounais vendredi dernier. M. Macron hisse au sommet des défis qui interpellent ce nouveau septennat, la question de la jeunesse camerounaise : « Je sais les défis auxquels votre pays est confronté. Je forme le voeu que le renouvellement dans la continuité que vous saurez engager réponde aux aspirations de la jeunesse du Cameroun à plus de responsabilités. Soyez assuré du soutien de la France pour appuyer ses projets et à vous accompagner dans les initiatives et réformes que vous entreprendrez pour l’y aider. »
La France restera engagée, promet Emmanuel Macron, aux côtés du Cameroun dans sa lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. « Elle continuera aussi, s’engage-t-il, à soutenir vos efforts en faveur du développement économique et social des zones affectées par ce fléau. » Au sujet des régions anglophones, le président français indique que son pays est prêt à apporter son appui aux initiatives prises par Paul Biya pour progresser vers un règlement politique de la crise qui y sévit : « Je forme le voeu que de telles initiatives prennent corps au plus vite », exhorte M. Macron » car, poursuit-il, l’aggravation continue de la situation dans ces régions est une préoccupation profonde pour la France et l’ensemble des partenaires extérieurs du Cameroun. »
Les félicitations d’Emmanuel Macron font logiquement suite aux voeux de réussite du Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) adressés quelques jours auparavant à Paul Biya. Des vœux qui ont fait dire à Marie-Emmanuelle Pommerolle, maîtresse de conférences en science politique à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, dans une tribune publiée le 24 octobre dernier dans Le Monde Afrique, que la diplomatie française soutient les intérêts « d’une élite prédatrice ». Elle relevait une continuité non démentie dans la politique camerounaise de la France : « Car derrière l’affichage, disait-elle, les pratiques diplomatiques et leurs effets restent identiques : le message envoyé au président Biya est un modèle du genre. Quand le département d’Etat américain dit avoir « constaté un certain nombre d’irrégularités avant, pendant et après les élections du 7 octobre », le Quai d’Orsay omet de mentionner l’étendue inédite des contestations légales des résultats du scrutin « , s’étonnait l’intellectuelle.
Les félicitations d’Emmanuel Macron à Paul Biya ont été signés au lendemain de l’annonce du plan de résistance au « hold-up électoral » lancé jeudi dernier par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) dont le candidat à l’élection présidentielle, Maurice Kamto, revendique toujours la victoire.