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Cameroun – Pénurie d'eau à Yaoundé: Le gouvernement dépassé par les évènements

La plupart des robinets sont au régime sec dans la capitale et ses environs. Pourtant, les autorités ont promis une nette amélioration de la fourniture d’eau potable courant 2013. Une autre promesse non tenue devant laquelle le gouvernement de la République reste aphone.La galère des populations de la cité capitale
Nous sommes au quartier Nkoabang, une banlieue de l’Arrondissement de Nkolafamba, situé à une dizaine de kilomètres du centre ville de Yaoundé. Ce mercredi 15 janvier 2014 est un jour comme tous les autres depuis l’avènement de la saison sèche. La première préoccupation des ménagères ici dès le lever du jour, c’est de trouver de l’eau potable. Sandrine, mère de trois enfants a quitté son lit depuis 4 heures du matin avec deux de ses trois bambins. Objectif, être en meilleure position dans les rangs qui se sont formés un peu plus tôt à côté du seul point d’eau du quartier. Là, une file interminable de bidons borde la route qui dessert ce bled. Des jeunes, regroupés selon leur âge, se livrent à des commentaires, en attendant que le patron des lieux. En fait, un caporal chef du Bataillon d’intervention rapide (Bir), qui a eu la généreuse idée de construire un forage et de mettre une sortie d’eau à la disposition de ses voisins.

Mais en cette saison sèche, le débit est faible, alors que la demande devient de plus en plus forte. Près de 200 familles s’y ravitaillent au quotidien. Dans l’obscurité totale, ce lieu d’approvisionnement bouillonne de monde. Quelques femmes allaitent leurs bébés qui ne cessent de pleurer, visiblement frappés par la fraîcheur matinale. Les plus petits, s’ils n’ont pas la tête posée sur les cuisses de leurs mères, somnolent en se laissant bercer. Ce qui ne surprend guerre, car certains d’entre eux sont éveillés depuis 3 heures du matin pour accompagner leurs génitrices. « C’est le prix à payer. Il y a des femmes qui se sont fait agresser s*e*xuellement ces dernières semaines dans ce quartier parce qu’elles ont pris le risque de venir toute seule puiser de l’eau. Les enfants sont pour nous des protecteurs», confie Christelle qui allaite encore une fillette de moins de deux ans. Il va bientôt être 5 heures du matin. Et le lampadaire installé non loin de là fournit la lumière.

L’éclairage de ces lieux est salué par une salve d’applaudissements. C’est le signe que le bienfaiteur est enfin réveillé. Chacun se précipite vers ses bidons. Une bousculade s’en suit. Et finalement, l’ordre revient. « L’eau coule lentement, très lentement. Il faut être devant pour avoir la chance de puiser deux bidons. Il n’y a pas de source ici. Heureusement que ce militaire nous donne cette eau gratuitement. Mais ce qui est certain, c’est que comme d’habitude tous les élèves qui sont ici arriveront en retard à l’école », regrette un jeune collégien en quête d’eau pour sa nourrisse. Compte tenu du nombre important de demandeurs, bienfaiteur recommande que chaque ménage recueille au plus un bidon d’eau. «Cela permettra à chacun qui a perdu son sommeil de rentrer avec quelque chose». Mais au bout de quelques minutes, l’eau qui coulait lentement d’un tuyau fixé sur le mur extérieur de la barrière ne donne plus rien. Des cris de détresse se font entendre ici et là. Le seul autre rendez-vous de la journée est pris à 17 heures. Des ménagères rebroussent ainsi chemin, trimbalant des bidons vides. Certaines d’entre elles ne feront pas de repas. Même trouver un verre d’eau à boire sera un casse tête pour les moins nantis qui ne peuvent s’offrir de l’eau minérale. « C’est la désolation. Si une épidémie de choléra se déclare dans ce quartier, les morts vont se compter par dizaines . Parce que les enfants sont obligés de boire de l’eau non traitée puisée dans les puits, dans l’incapacité d’avoir de l’eau des forages ou de la Cde », regrette un habitant de ce quartier venu accompagner son épouse dans cette quête désespérée d’eau.

A Etoudi aussi!
Le quartier Nkoabang n’est pas le seul concerné par cette pénurie d’eau. A Emombo, le problème se pose aussi avec acuité. Depuis quelques jours ici, les robinets sont au régime sec. Au lieu dit Nsolé, situé dans un ravin à quelque 300 mètres du 2ème carrefour d’Emombo, près de 500 familles se ravitaillent dans un seul point d’eau mal entretenu et ouvert aux intempéries. Là aussi, obtenir un bidon d’eau de 20 litres n’est pas chose facile. La même situation est décriée au quartier Etoudi, à l’entrée de la présidence de la République. L’on y observe que les populations s’agglutinent chaque jour à côté du premier mur d’enceinte du Palais de l’Unité, attendant la coulée de l’eau. Ce sont les cars de la Camwater qui ravitaillent les populations ici. Pourtant, les autorités gouvernementales en charge de l’eau et de l’Energie ne cessent de claironner que le quartier abritant la présidence de la République et ses environs est une priorité en matière de fourniture en eau potable.

Au lieu dit Santa Barbara non loin du marché d’Etoudi, la situation est encore plus déplorable. Depuis quelques jours, pas une goutte d’eau. La situation est identique dans les quartiers Damase, Ngousso, Biyem-Assi… même le centre administratif n’est pas épargné. « C’est regrettable dans un pays qui prétend vouloir atteindre son émergence à l’horizon 2035. Les besoins primaires des Camerounais comme l’accès à l’eau posent encore problème. Je suis obligé de fuir mon domicile parce que les toilettes dégagent une odeur nauséabonde du fait du manque d’eau», fulmine un homme d’affaire sud africain nouvellement installé au Cameroun. Une situation qui éloigne notre pays de l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Ceci, à quelques mois seulement de la date butoir fixée par l’Organisation des Nations Unies (Onu).

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