Cameroun : Philemon Zo’o Zame, DG de l’ART dans l’étau de la justice

Philemon Zo’o Zame

Philemon Zo’o Zame est cuisiné depuis des mois par les enquêteurs du parquet général du Tribunal Criminel Spécial à Yaoundé, sur fond de centaines de millions de FCfa présumés distraits.

Le directeur Général (DG) de l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), Philémon Zo’o Zame, a été auditionné le 9 octobre 2020 par le corps spécialisé des officiers de police judiciaire (OPJ) du Tribunal criminel spécial (TCS) à Yaoundé. Délaissant la procédure du transport judiciaire, souvent appliquée à certains hauts responsables auditionnés dans leur propre cabinet, c’est dans les locaux mêmes de la haute juridiction qu’il a été invité à se rendre. Et c’est au moins la troisième fois, précise une source judiciaire proche du dossier, qu’il était ainsi auditionné en qualité de « suspect » sur instructions du procureur général du Tcs, Justine Aimée Ngounou Tchokonthieu. Dans ce dossier, qui selon toute vraisemblance n’aurait pas encore révélé tous ses contours ni ses acteurs, M. Zo’o Zame, apprend-on, d’une source à la chancellerie judiciaire, est invité à apporter des justifications sur des dénonciations de malversations financières, portées en leur temps à l’attention du TCS par celui qui était alors président du conseil d’administration (PCA) de l’Agence de Régulations des Télécommunications. On se souvient en effet que, dans une correspondance à lui adressée le 13 novembre 2019, Hessana Mahamat pointait de nombreuses «irrégularités» financières ainsi que des dysfonctionnements, dans le management du régulateur.

Dans cette saillie, l’ex-PCA mentionnait la présence, dans le traitement salarial du directeur général, d’une indemnité de non-logement qui s’élève à 900.000 FCfa, alors qu’il est déjà logé par l’ART dans une résidence dont le loyer s’élève à 2 millions de FCfa, le paiement, dans le salaire du même DG, d’une prime d’ancienneté de 18 ans, «dont le montant ne saurait correspondre à l’ancienneté de l’actuel directeur général, nommé il y a à peine deux ans». Dans la même veine figurait le paiement, dans le bulletin de paie de Philémon Zo’o Zame, d’une indemnité compensatrice d’un montant de 1,8 million de FCfa, alors que celle des directeurs pointait à 300.000 FCfa. Face à ce qui s’apparentait à un détournement de deniers publics, Hessana Mahamat avait alors rappelé qu’il était, de la compétence du conseil d’administration, de remédier aux insuffisances de la grille salariale s’il y en a, et non au Directeur Général de procéder sans autorisation préalable dudit conseil. «En vous rappelant enfin que la combinaison des irrégularités ci-dessus évoquées à l’avantage du Directeur Général, ainsi que d’autres responsables avec la suppression abusive et irrégulière de l’indemnité compensatrice d’échelon à certains responsables, ne sont pas de nature à garantir un bon climat social au sein de l’ART, je vous enjoins de remédier sans délai à la situation en objet et de procéder à l’assainissement du fichier du personnel de l’ART», avait éructé l’ex- PCA.

Olivier MBELLE, [email protected]

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