Cameroun: Paul Biya plaide pour l’acte II de la mondialisation

Le terrorisme, les tensions commerciales entre les grandes puissances, la crise anglophone étaient, entre autres, les sujets abordés par Paul Biya et le doyen du corps diplomatique le 9 janvier au Palais de l’Unité, au cours de la cérémonie de présentation des vœux au chef de l’Etat.

Abordant les conflits qui opposent les grandes puissances du monde au plan économique, à la montée des tensions entre différents Etats, ainsi que la montée du populisme, Paul Biya pense qu’une nouvelle mondialisation est possible et dont les bases ne peuvent être posées qu’au cours d’une conférence internationale. «… il me paraît que seule une conférence internationale au plus haut niveau pourrait jeter les bases de « l’acte II de la mondialisation », selon les termes d’un éminent politologue, c’est-à-dire une mondialisation qui mette l’homme et son environnement au cœur de toute activité économique. » Cette idée émise, Paul Biya s’interroge : « le monde peut-il continuer à évoluer dans un contexte de « guerre commerciale », de méfiance entre les Etats, d’incompréhension entre gouvernants et gouvernés ? » C’est à la communauté internationale qu’appartient de répondre cette question selon le chef d’Etat camerounais.

Répondant aux vœux de nouvel an formulés par le corps diplomatique accrédité à Yaoundé, Paul Biya a énuméré les grandes menaces à la paix et à la sécurité internationale : le terrorisme, les changements climatiques, les mouvements migratoires, la montée du populisme, etc.

Il regrette que les pays du monde, qui enregistrent plusieurs victoires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, ne fassent pas chorus. Il craint « qu’en l’absence d’une solidarité véritable et sincère entre les Etats, ce fléau ne s’étende, en s’intensifiant, à d’autres parties du monde. » Paul Biya a évoqué les efforts déployés dans le cadre de la force du G5 Sahel et particulièrement la France à qui il rend hommage : « Je rends également hommage à la France dont les contingents participent courageusement à la lutte contre les djihadistes dans le cadre de l’opération Barkhane. »

Au plan intérieur, il se félicite de l’efficacité avec laquelle les forces de défense et de sécurité luttent contre la secte djihadiste Boko Haram dans
l’Extrême-nord du pays : « Le Cameroun, de son côté, conjugue ses efforts avec tous les pays voisins du bassin du lac Tchad et les partenaires internationaux de bonne volonté, pour neutraliser la capacité de nuisance de la secte Boko Haram. Une telle solidarité est d’autant plus nécessaire que nos Etats en développement ont besoin de davantage de ressources financières pour construire des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, énergétiques et industrielles pour leur développement. »

Une victoire contre le terrorisme dans le Sahel et dans les pays africains touchés permettrait de réorienter les ressources vers le développement socio-économique des pays et résoudre l’épineux problème de l’émigration des jeunes qui meurent chaque jour dans la Méditerranée, à la recherche d’une vie meilleur en Europe. Le président de la République est encore revenu sur les tensions commerciales des grandes puissances et interpellé la communauté internationale sur les risques encourus par les pays en développement. « La communauté internationale se doit également d’apporter des solutions aux tensions commerciales entre grandes puissances qui, non seulement réduisent le commerce mondial, mais aussi contrarient les opportunités de développement de nos Etats. »

Dans le même temps, il attire l’attention de la même communauté internationale sur les risques d’un autre conflit d’envergure mondial au vu de la montée du populisme, de la remise en cause des bases de stabilité de la planète post-deuxième guerre mondiale : « une attention particulière doit être portée au risque, de plus en plus manifeste, de remise en question du multilatéralisme qui a permis, jusqu’ici, à la communauté humaine de ne plus connaître de conflit à l’échelle mondiale. »

Le rayonnement international du Cameroun n’a pas été éludé par le chef de l’Etat. Il est notamment revenu sur sa participation au Forum pour la Paix qui s’est tenu en novembre dernier à Paris, ainsi titution des ressources du Fonds Mondial à Lyon. La participation du Cameroun a marqué la ferme volonté de notre pays à éradiquer les pandémies que constituent le sida, la tuberculose et le paludisme. Paul Biya en a encore profité pour saluer « les efforts de la France qui a mobilisé la communauté internationale pour que le Fonds Mondial de lutte contre ces pandémies puisse retrouver des ressources nécessaires à son action. »

Le chef de l’Etat répondait ainsi aux vœux formulés par le doyen du corps diplomatique Patrick Biffot, ambassadeur du Gabon au Cameroun qui a, entre autres sujets, abordé la crise anglophones qui secoue les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Il s’est félicité de la tenue du Grand Dialogue national et souhaité que les recommandations importantes issues de ces assises continuent d’être implémentées. Il a également félicité le Cameroun au sujet des textes de loi sur le code général des collectivités territoriales décentralisées qui vont accélérer la mise en œuvre de la décentralisation
au Cameroun.

Christophe Mvondo

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