Des élèves sont allés à la rencontre de l’autorité administrative hier, pour implorer la prise en compte des revendications de leurs enseignants.
Scène de ras-le-bol hier dans les rues de la ville d’Ebolowa, région du Sud. Des élèves du lycée rural, un des plus grands établissements scolaires publics de la ville, selon divers témoignages, y ont manifesté leur angoisse à travers une marche dans les rues, qui les a conduit devant les services du gouverneur de la région. Comme s’ils se sont passé le mot avec leur camarades de plusieurs autres localités, ils scandaient : « on veut composer », « on veut faire cours »…
Inscrit en classe de terminale D du lycée rural d’Ebolowa, un porte parole des élèves a exposé au gouverneur, avec clarté et éloquence, les revendications de ses camarades inquiets pour leur avenir : « Aujourd’hui, mes camarades et moi avons pris la décision de faire une marche dans l’optique de venir auprès de vous, vous implorer d’arranger la situation de nos enseignants. Nous avons constaté qu’il y’a plus de deux semaines que nous ne recevons pas de cours. Cela est anormal étant donné que nos camarades des établissements privés sont en train de se faire doper par les enseignements. Et c’est avec eux que nous allons rivaliser dans les concours, les examens, nous n’avons aucune chance avec notre niveau. » Profitant d’une oreille visiblement attentive, il a poursuivi : « Nous les élèves des établissements publics représentons la majorité de la jeunesse camerounaise, et il est inadmissible que nous ne recevons pas des connaissances parce que les enseignants font grève, au motif que le gouvernement ne leur a pas donné ce qui leur est dû. Je viens parler ici au nom de tous les élèves, pour vous supplier, Monsieur le Gouverneur, d’arranger cette situation, car nous sommes la relève de demain. Si nous n’avons pas reçu une éducation, comment allons nous vous remplacer Monsieur le Gouverneur ? », réussi-t-il à articuler, sous la clameur des ovations de ses camarades approbateurs.
Depuis hier lundi 7 mars, les enseignants des établissements scolaires du Cameroun entament leur troisième semaine de grève. Dans plusieurs lycées, ceux-ci observent un mouvement de protestation en ne dispensant pas les cours aux élèves. Leurs revendications sont désormais bien connues, ils demandent le paiement de leurs droits : intégrations, avancements, indemnité de non-logements, etc. Certains cumulent en effet trois décennies sans le paiement de leurs droits. Ces enseignants sont réunis sous la bannière du collectif « On a trop supporté », OTS. Les négociations avec les autorités et les propositions du gouvernement pour répondre aux revendications n’y font rien, les enseignants attendent des mesures concrètes, chiffrées et maintiennent la pression appelant à une nouvelle semaine « Craie morte » dans les établissements scolaires.