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Cameroun – Obsèques de Mme Mboutchouang Rosette: Lettre ouverte à la Presse Camerounaise: plaidoyer pour plus de respect face à la mort

Owona Gregoire

Chers femmes et hommes de la Presse et de la Communication,
De ma position politique et sociale, j’ai longtemps hésité avant de me décider à prendre la parole, à mon tour, sur ce sujet.[pagebreak] En effet, j’ai trop conscience que c’est le but recherché par les professionnels de la polémique, qui ont manifestement décidé de faire commerce de la célébration des obsèques de la mère de la Première Dame.

Soit !
Je me dois cependant de dire que, de tout temps, et quelle que soit la société considérée, le moment de la mort est un moment gorgé de gravité. En rappelant aux uns et aux autres la fragilité de notre humaine condition, il commande malgré la douleur nécessairement retenue, sérénité, décence et respect. Oui, on se doit de respecter la douleur de ceux qui perdent un être cher, unique. Et qui, dans le cas d’espèce, a été une épouse, et surtout une mère !

Je ne comprends donc pas, et peu de choses pourraient expliquer –je ne dis pas justifier- la sarabande des « charognards » de tous bords qui tiennent à faire d’un événement privé, que les principaux concernés ont tenu à vivre « dans la plus stricte intimité », une source d’invectives voire d’inutile confrontation. Ce d’autant plus que les arguments généralement avancés ne résistent pas du tout à l’analyse, au double plan des dispositions de la loi et de celles de la coutume.
Comme chacun le sait, au plan légal, en général  les dernières volontés du de cujus s’imposent à tous. Et d’abord aux ayants droits. Or, jamais on n’a entendu la fille (unique !) ou le conjoint survivant, émettre quelque position divergente. Ce qui laisse supposer qu’au plan familial, la question n’a pas eu à se poser, justement parce que la réponse était connue des principaux concernés, parce qu’elle était certainement justifiée et depuis probablement belle lurette…
Quant à ce qui relève de la pratique coutumière, il convient simplement de relever que celle-ci n’est pas identique partout au Cameroun. Ce qui se passe par exemple chez les Banyangués du Sud-Ouest où la femme est nécessairement enterrée dans son village natal diffère fondamentalement de la pratique au sein des communautés islamisées où l’on professe, en général, que le mort doit être porté en terre là où il a été arraché à la vie. Sans autre forme de procès… Cela ne nous empêche pas, d’observer le rapatriement de corps de musulman d’un continent à l’autre, ou des filles Bagnangués, régulièrement mariées, être inhumées là où est né le mari et où leurs enfants garderont leur tombe par conséquent.

Plus spécifiquement, en ce qui concerne la regrettée Madame  Mboutchouang, née Ndongo Mengolo Rosette Marie, ses origines Bantoues et ses affections Bantoïdes ne sont pas en confrontation. Ici comme là-bas, on est convaincu que « les morts ne sont pas morts ». Ici, comme là-bas, on a le souci de savoir « qui va entretenir la tombe ». Et, sauf à faire assaut de mauvaise foi, la réponse à cette question coule de source dans le cas d’espèce et à l’observation de tous les environnements en présence.

Elle devrait surtout résonner en chacun de nous, comme une invite au respect. Celui, tout à la fois, de la mort et de la défunte, de l’intimité, de la douleur et de la responsabilité des ayants droits. Au-delà des surenchères de toutes sortes, je crois percevoir que certains n’hésitent pas à prolonger le « combat politique » dans les arènes les plus inattendues. Mais de grâce, sachons respecter la « ligne jaune » qui sépare la sphère privée de la sphère publique. Même un homme (ou une femme) politique a une vie privée, oui une vie privée qui mérite respect, circonspection et silence. Sachons rester dignes et respectueux de la douleur de l’autre, fut-il notre invincible adversaire ou même notre pire ennemi !

Alors de grâce, respectons la mort, puis respectons la défunte, puis taisons nous et prions Dieu pour elle, pour tout le bien qu’elle a su et pu faire. Merci et pardon à mes Amis et mes Ennemis de la presse camerounaise pour ce rappel afin que nous puissions, si cela est encore possible pour chacun d’entre nous, rester décents, dignes et sereins pour l’accompagnement de cette grande Dame.

Par Grégoire OWONA
SGA du Comité Central du RDPC

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