Le 26 juin 2025, la COBAC a décidé de placer la microfinance Nofia SA sous administration provisoire pour une durée de six mois. Acteur de la microfinance de 2ᵉ catégorie basé à Douala, l’établissement gère plus de 40 000 comptes clients et emploie une centaine de personnes. « C’est une mesure de sauvegarde », assure Bogni Ngueya, l’administrateur provisoire nommé. Dans un secteur déjà fragilisé, cette décision suscite inquiétude et question : comment restaurer l’activité et rassurer les millions d’épargnants ?
🏦 Profil de Nofia SA : un acteur installé mais en alerte
Nofia SA, ou La Nouvelle Financière Africaine, est une institution de microfinance agréée en 2009, sous l’agrément N° 00322 / MINFI et la décision COBAC D-2009/117.
Son siège siège est à Douala – Bonanjo, avenue de Gaulle, face à la BEAC, avec un réseau initial de trois agences (Bonanjo, Deïdo, Messa).
Elle offre des services d’épargne, de crédit, de transfert d’argent et de change.
L’entreprise compte aujourd’hui plus de 100 employés répartis dans 13 agences, et gère plus de 40 000 comptes clients. (données issues de la notice de l’établissement fournie)
Ce capital humain et client rend la situation délicate : Nofia n’est pas un petit micro-joueur local, mais un établissement tant en visibilité qu’en responsabilités sociales.
🚨 Administration provisoire : les raisons et la mesure prise
La décision du 26 juin 2025 de placer Nofia SA sous administration provisoire est une action forte du régulateur bancaire communautaire (COBAC).
L’administrateur provisoire, Bogni Ngueya, explique qu’il s’agit d’« une mesure de sauvegarde qui a pour but de rétablir très rapidement les conditions normales d’exploitation de Nofia SA ».
Cette démarche vise notamment à protéger l’épargne des clients et à restaurer la gouvernance de l’institution.
Le contexte n’est pas neutre. Le secteur des microfinances en zone CEMAC est fréquemment secoué : d’autres établissements ont déjà subi des mesures similaires en cas de crise de liquidité, de mauvaise gestion ou d’insuffisance de contrôle prudentiel.
Selon la réglementation bancaire, l’administrateur provisoire doit être une personne de haute compétence, d’indépendance et d’intégrité, chargée de redresser l’institution sans générer davantage de panique.
Pour Nofia, la durée initiale de cette administration est fixée à six mois, période durant laquelle les décisions stratégiques sont sous supervision directe.
🔍 Enjeux et défis pour le redressement
1. Rétablir la confiance des déposants
Plus de 40 000 clients risquent d’être exposés à des doutes quant à la sécurité de leurs épargnes. La communication, la transparence des états financiers et un plan de recapitalisation crédible seront essentiels.
2. Assainir la gouvernance
L’entrée d’un administrateur provisoire doit s’accompagner d’un audit interne, de remaniements structurels et du renforcement des contrôles de gestion.
3. Viabilité opérationnelle
Nofia devra prouver qu’elle peut fonctionner à nouveau dans des conditions normales, absorber ses charges, honorer ses engagements et poursuivre ses activités de crédit sans rupture brutale.
4. Préserver l’emploi et les agences
Avec plus d’une centaine d’employés et 13 agences, les enjeux sociaux sont non négligeables — des licenciements massifs ou la fermeture d’agences pourraient avoir des conséquences graves dans les zones desservies.
Dans un contexte où la microfinance est un levier de développement économique, une faillite pure et simple serait dommageable pour l’inclusion financière au Cameroun.
La mise sous administration provisoire de Nofia SA déclenche une alerte dans le paysage microfinancier camerounais. Entre urgence de redressement et exigence de crédibilité, l’établissement doit retrouver son équilibre pour ne pas perdre ses clients et sa raison d’être. L’avenir du redressement dépendra de la stratégie adoptée : pourrait-on assister à un modèle renouvelé de microfinance, plus transparent et plus solide ? Il est temps de surveiller de près les six prochains mois.
