Cameroun – Midjiyawa Bakari : « Être le plus proche possible de nos collaborateurs »

Midjiyawa Bakari

Le président en exercice pour l’année 2022 du forum des gouverneurs du bassin du Lac Tchad livre les grandes lignes de son plan d’action.

A la fin des travaux vous êtes le président en exercice de ce forum. Sous quels signes placez-vous votre mandat en terme de coopération avec les autres Etats membres ?

Nous travaillerons en synergie avec les homologues des autres pays pour appliquer le plan d’action parce que voyez-vous si un seul pays est en difficulté, la paix ne sera pas totale, raison pour laquelle nous devons travailler ensemble pour nous aider les uns les autres. Certains sur le plan sécuritaire et d’autres sur la reconstruction. Nous envisagions d’être le plus proche possible de nos collaborateurs avec l’outil informatique et au besoin, si le covid 19 le permet, de faire des déplacements pour discuter afin que nous soyons au même niveau de développement. Le monde est devenu un village communautaire. Nous sommes liés par la géographie, l’histoire, les accords et les conventions. Nous devons davantage être la même famille raison pour laquelle nous devons envisager de tourner ici et là pour corriger ce qu’il y’a lieu de corriger et amener ceux qui sont à la traine à regagner les pas afin que nous soyons au même niveau de sécurité. Nous voulons qu’au bassin du lac Tchad, la sérénité soit retrouvée.

Au terme de ces deux jours de travaux, que doit-on retenir ?

Le thème est évocateur. Il s’agit de la stratégie de stabilisation régionale, de la consolidation de la paix en deuxième point suivi du développement durable. Voilà les trois points qui soulèvent tout un programme. La stabilisation régionale consiste à amorcer l’effet Boko Haram. La consolidation de la paix, le danger peut venir de l’extérieur comme de l’intérieur. En même temps que nous avons un regard sur Boko Haram, il faut qu’on continue à prôner l’intégration nationale pour éviter dorénavant des conflits comme celui opposant les Arabes Choa et les Mosgoum. Dans le volet développement durable, c’est la reconstruction, c’est la reprise de toutes les activités socio-culturelles et économiques. Les populations elles-mêmes sont garant de la paix parce que quand vous menez une activité, vous n’aimeriez pas que l’ordre public soit troublé. Et l’Etat a pris sur lui de son coté de construire des écoles, hôpitaux, des routes et marchés, toute chose pouvant être socle du développement durable. Ces éléments doivent être vus en profondeur. L’état à travers le Minepat est en train de mettre les petits plats dans les grands, 1810 milliards ont été prévus pour accompagner ceux qui ont subits les attaques de Boko Haram. Nous exposons la souffrance de ces populations pour que les bailleurs de fonds nous accompagnent davantage. Nous espérons qu’au sortir, la cagnotte sera vu à la hausse afin de mieux aider les populations. Nous avons passé deux fêtes de ramadan sans attaque pourtant c’est leur période de prédilection pour aller dans les marchés et mosquées pour causer le maximum de dégâts. Alors que deux années sans attaque c’est dire que la méthode bat de l’aile. Les excursions à présent sont de prédation. Nous avons encadré 2 000 repentis, qui ont abandonné la secte et sur appel du chef d’Etat, ils n’ont pas été condamnés mais plutôt accompagnés.

Vous avez lancé un appel pour plus de moyens dans une meilleure coordination contre Boko Haram. Pouvez-vous en dire davantage ?

Mon appel était conséquent aux dégâts causés par Boko Haram. Nous avons subi ses affres depuis près de huit ans déjà. Toutes activités étaient au ralenti que ça soit économique ou culturelle. Je ne parlerai pas des dégâts psychologiques, moraux et mentaux, des familles démembrées et tout ce qu’on peut imaginer. Nous ne pensons même plus au montant que nous avons demandé car les investigations se poursuivent afin d’avoir des chiffres exacts des dégâts qui ont été causés. Malgré tout ça, pour le cas du Cameroun, le chef d’Etat a déjà décidé d’un plan de construction. La cagnotte est de 1810 milliards Fcfa. L’Etat a toujours mis quelque chose dans la sectorielle raison pour laquelle vous trouverez présentement plusieurs dispensaires, salle de classe, poste de police, de gendarmerie, de douanes eaux et forêts qui ont déjà été reconstruits. A la suite des appels, de nombreux chefs de villages mènent à nouveau leurs activités. Nous avons également reçu beaucoup de nos partenaires notamment le Pnud qui a un vaste programme qu’ils ont déjà commencé à mettre en application et on aimerait savoir si c’est déjà effectif. L’appui aux jeunes pour l’autonomisation les personnes démunies à travers l’agriculture et l’élevage pour les personnes victimes de Boko Haram. Toutes les pastèques, carottes arachides qui ravitaillent le grand Sud et même la sous-région : guinée, Gabon, Guadeloupe sortent du grand Nord. Ça c’est en partie grâce à ce qui a été fait par le pouvoir public mais également par nos partenaires. Les attentes sont nombreuses comparées aux affres que Boko Haram commet. Il détruit tout sur son passage. Les greniers, les champs, les maisons ont été détruites. Nous nous retrouvons avec 70 000 réfugiés nigérians. Le chef d’état a demandé qu’un camp leur soit réserve à Minawao dans le département du Mayo Tsanaga à côté de Mokolo ce camp est doté d’écoles, cycle complet et les enseignants camerounais y sont affectés. Un centre de santé où les médecins sont à pied d’œuvre. Le centre de Minawao est un centre où le taux de réussite au CEP est extraordinaire. On leur a également trouvé de l’espace pour la pratique de l’élevage et l’agriculture. Ils vivent également en symbiose avec la population. Les déplacés externes sont à plus de 250 000 et doivent également être accompagnés pour justifier cette cagnotte.

Répondant à une interpellation sur l’aide humanitaire dans la région de l’Extrême-Nord, vous avez déplorez sa gestion. Qu’en est-il exactement ?

Nous ne déplorons pas le manque de visibilité mais nous demandons plus de collaboration. Cependant on peut avoir des disfonctionnements dû à un déficit d’informations. Nous devons travailler en synergie, s’il y a quelque chose à faire, nous gérons la sécurité des biens et personnes. Sil y’a des ordres qui arrivent, nous sommes plus outillés à savoir qui en a besoin. L’aide qui vient des Ong et qui attérit directement entre les mains des bénéficiaires sans que l’Etat ne soit au courant est parfois sujet à caution. Pourquoi ? Parce que si au départ vous n’avez rien et que subitement vous vous retrouviez avec des moyens d’assistance, vous pouvez vous même faire en sorte que l’insécurité persiste car, dès lors qu’il y’aura plus insécurité, vos sources de revenues vont disparaitre. Il y’a que l’Etat qui est en mesure de savoir qui est nécessiteux ou non. C’est la mission régalienne de l’Etat de s’occuper de ses populations. Ceux qui viennent en appui doivent donc impérativement s’approcher de l’Etat pour savoir à qui donner si donc on aura peur que cet aide soit un motif. Certaines personnes vont rester dans cette constance pour créer des tensions. Ils donneront l’impression que l’insécurité persiste et que leur aide ne sera pas arrivée. Nous n’avons aucune garanti que cette aide n’est pas recyclée pour aller nourrir Boko Haram ou bien pour qu’ils puissent acheter des armes et venir combattre l’Etat, qui dans sa bonne fois, est là pour s’occuper de sa population. C’est pour mettre les choses au clair que nous nous rapprochons des Ong et leur demandons de plus se rapprocher de l’Etat pour savoir qui est nécessiteux ou pas.

Cécile Ambatinda, 237online.com

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