Cameroun – Médias : Menace sur la liberté de la presse après la suspension de Séverin Tchounkeu

Equinoxe

Les suspensions du directeur et le rédacteur en chef d’Equinoxe Tv infligées au patron de cette chaîne de télévision privée et à son rédacteur en chef sont dénoncées par les professionnels des médias et les acteurs politiques.

Ils y voient une menace sur la liberté d’expression. Ce 1er avril 2022, Le Conseil national de la communication, (Cnc) a décidé de suspendre Séverin Tchounkeu, le président directeur général d’Equinoxe Tv pour un mois de l’exercice du journalisme. La même sanction a été infligée à Cédric Noufele, rédacteur en chef de cette chaîne de télévision privée basée à Douala, et, par ailleurs, présentateur de l’émission « Droit de réponse ». Cette émission diffusée tous les dimanches a été suspendue pour une durée d’un mois. Le Dimanche 3 avril 2022, l’émission 237 Débat, avec comme présentateur Duval Fongwa, a été diffusée pendant la tranche horaire réservée à « Droit de réponse ».

Le CNC « s’auto-saisit »

Le communiqué de presse rendu public le 1er avril par le Cnc précise que l’organe « régulateur » s’est « auto-saisi » de cette affaire ayant conduit à la suspension des deux journalistes. Il relève que le patron du Groupe Equinoxe été suspendu comme journaliste pour affirmations et accusations non fondées au cours de l’émission spéciale diffusée le 21 mars 2022. Le Cnc reproche à Cédric Noufele de manquement professionnel consécutif à un défaut d’encadrement de l’émission « Droit de réponse » du 27 février ayant conduit à l’expression de propos à caractère « conflictogène » et susceptibles de conduire à l’amplification d’une revendication sociale.

Après la publication le 21 mars 2021 sur les réseaux sociaux d’une correspondance du gouverneur de la région du littoral, dans laquelle l’autorité administrative mettait le patron du groupe Equinoxe en garde, un plateau spécial a été organisé sur la chaîne privée. Dans cette émission, Séverin Tchounkeu affirmait que si le gouverneur du Littoral était le signataire de la correspondance, c’est le ministre de l’Administration territoriale qui était le rédacteur de ladite correspondance dans laquelle les autorités accusaient la télévision « d’incitation à la révolte populaire ». Des affirmations démenties le 21 mars 2022 par Sévérin Tchounkeu, par ailleurs président de la Commission nationale de délivrance de la carte de presse.

« Une chasse à l’homme »

Depuis la publication des décisions prises par le Cnc, les hommes politiques se sont indignés. C’est le cas de Jean Michel Nintcheu, député du Social democratic front, (Sdf), qui dénonce « une chasse à l’homme ». « J’ai vu l’émission Droit de réponse du 27 février sur Youtube et à aucun moment je n’ai vu aucun panéliste appeler à la révolte populaire », affirme le député.

Réagissant à la suite de ces sanctions, Xavier Messe, ancien directeur de publication du quotidien Mutations, estime que le Cnc a installé un enchevêtrement non réglementaire, qui initie des sanctions parfois injustifiables contre les journalistes. Depuis la publication des décisions du Cnc, le Pdg d’Equinoxe n’a pas fait de communication. Avec la menace qui pèse sur la liberté de la presse au Cameroun, notamment à travers ces sanctions prononcées par le Cnc, la Fédération des éditeurs de presse (Fedipresse) qui regroupe les patrons de presse privée, n’a cessé d’interpeller les autorités sur l’importance de rendre viables sur le plan économique les entreprises de presse et de leur permettre de s’organiser pour « s’autoréguler ».

Prince Nguimbous (Jade) / 237online.com

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