Cameroun – Mariage: L’Eglise catholique veut faire supprimer la dot

L’Eglise catholique relance le débat autour de la pratique qui, selon elle, décourage les jeunes couples et favorise le concubinage.
C’est un débat qui avait déjà cours dans les chaumières. Et dimanche dernier à la Basilique Marie-Reine des Apôtres de Mvolyé à Yaoundé, bien que des avis restent partagés sur la question, l’archevêque métropolitain de Yaoundé a remis le sujet à l’ordre du jour. Mr Jean Mbarga a fortement suggéré la suppression de la dot. Cette pratique traditionnelle préalable à la célébration du mariage à la mairie et à l’église. De sources proches de l’archidiocèse, c’est dans le cadre de la célébration du jubilé de l’année de la miséricorde que Mgr Jean Mbarga a fait cette annonce. Jubilé entamé le 8 décembre dernier et qui va s’étaler jusqu’au 20 novembre 2016. « A l’Eglise catholique, on s’est rendu compte que beaucoup de jeunes n’arrivent pas à se marier à cause du coût de la dot. Pendant cette année de la miséricorde, l’Eglise veut favoriser les choses aux jeunes. C’est cette ouverture que l’archevêque fait », détaille notre interlocuteur. Le problème, c’est qu’au fil des années, la dot a pris des allures de commerce. Beaucoup considèrent leur fille ou sœur comme une marchandise. Face à cette pratique qui tend à bloquer les amoureux aux poches vides, l’Eglise voudrait amener les fidèles camerounais à reconsidérer la dimension humaine de la personne. Pour elle, la dot devrait être symbolique. Mais pas des demandes matérielles exorbitantes, qui condamnent de nombreux couples au concubinage. Aucune précision n’a cependant été donnée sur l’après 20 novembre 2016, date de fin de l’année de la miséricorde. Des sources bien introduites indiquent que c’est une ouverture. Il faudra à présent que les pasteurs et les chrétiens suivent l’invitation de l’archevêque. L’Eglise catholique n’ayant pas de moyens de coercition. Ce qui ne sera pas facile. Car si les uns ont gardé toute la symbolique et la simplicité de la dot, d’autres en ont fait une source de richesse et ne vont certainement pas être d’accord avec l’archevêque. Pour l’Eglise catholique en tout cas, c’est par le biais du mariage qu’un couple devient une Eglise domestique. Et il est important d’avoir tous les sacrements parce que la vie n’est pas que terrestre. Il y a une vie éternelle. Le sacrément du mariage comme les autres, contribue à cette béatitude de partager la gloire de Dieu, au sortir de ce monde.

REACTIONS
Josiane Bomoyeto Ndigui, conseiller principal d’orientation: « C’est est une tradition africaine »
« La dot fait partie de la culture africaine et automatiquement lorsqu’une fille va en mariage, son mari doit la doter au préalable. La dot marque l’appartenance de la future mariée à son origine et bien qu’elle aille en mariage, elle doit garder son identité culturelle. Et cela amène l’homme à comprendre qu’il doit prendre soin de son épouse. Il doit savoir que la femme a une valeur, du moment où il se bat pour s’acquitter de la dot ».

Ferdinand Nzie Mbarga, opérateur économique: « On ne saurait faire un mariage sans dot »
« Nous sommes en Afrique et la dot a toute une valeur. C’est la culture et on ne saurait faire un mariage sans dot. La famille ne peut pas envoyer sa fille en mariage sans rien recevoir en retour. Malheureusement certaines familles exagèrent et demandent beaucoup de choses à la belle famille. Du coup, beaucoup de jeunes hommes repoussent l’échéance pour se marier beaucoup plus tard, faute de moyens financiers. Pourtant la dot est symbolique ».

Linda Mbonjawo, enseignante: « On peut plutôt passer à une modification »
« C’est un sacrilège si l’on pense supprimer la dot. C’est très symbolique ce complément qui accompagne le mariage. On peut plutôt penser à une modification de la qualité ou de la quantité de la dot dans certaines tribus. C’est un symbole qui met en confiance et en union les deux partenaires et leurs familles. A celle de la femme, c’est cette dot qui atteste que l’on est content d’envoyer la femme en mariage dans une famille différente. »

Maryenne Nguidjoe, Mental Health Nurse, Yaounde: “Bride Price Is Part Of Our Tradition »
“I think the practice of paying bride price should continue because it is our tradition. This doesn’t mean that families should sell off their daughters into marriage. Marriage is like an exchange between two families and the bride price comes in only as a symbol of such relationship. Bride price is not only for the husband’s family, but also for the wife’s people because they chip in something. The payment of bride price is also explained by the fact that it is not often easy for a family to separate with their daughter. Thus, it is important for the two families to sit down together over a meal offered by the in-laws. However, there is also need to reduce the amounts and focus on what unites families.”

Grace Rose Zogo, Journalist, Dunamis FM, Yaounde: “Bride Price Is Recommended By The Bible”
“Bride price should not be abandoned because it is evidence of love and is recommended by the Bible. The payment of bride price is a symbolic act that unites two families and reinforces relations amongst them. I think bride price is very important and tribes that still charge high should be sensitised to reduce the amounts. Because bride price is merely a symbol, there is no reason why families should demand millions. Ending the payment of bride price should not even be contemplated; let the practice continue.”

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