Dans le monde, seulement la moitié des femmes participent au marché du travail, contre 75% des hommes.[pagebreak] C’est ce qui ressort du nouveau rapport que vient de publier Onu-Femmes.
Onu-Femmes a rendu public son nouveau rapport le 27 avril 2015. Ce dernier appelle à des changements significatifs en vue de transformer les économies mondiales et faire respecter les droits et l’égalité des femmes. Intitulé « les progrès des femmes dans le monde 2015-2016 : transformer les économies, réaliser les droits », le rapport est publié à un moment où la communauté internationale s’est réunie pour célébrer le 1er mai la 129ème édition de la fête du travail.
Malgré les progrès significatifs réalisés depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes organisée à Beijing, en Chine, il y a 20 ans, le rapport note que des millions de femmes exercent toujours des emplois peu rémunérés ou de qualité médiocre, et ne disposent pas d’un accès aux soins de santé de base, à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement décents.
De manière spécifique, dans la plupart des pays, les femmes sont moins susceptibles de recevoir une pension de retraite que les hommes, même si certains pays sont parvenus à combler cet écart grâce à l’introduction de pensions universelles, note le rapport. Les Etats-Unis sont le meilleur élève dans ce domaine où 91% des femmes reçoivent leur pension retraite contre 95 % chez les hommes.
Le Cameroun, quant à lui, a encore beaucoup d’efforts à fournir. De manière générale, selon les données disponibles dans cette étude, la passion retraite n’est pas une garantie pour les Camerounais de deux s*e*xes. Seuls 20 % d’hommes en reçoivent contre 6 % chez les femmes.
De manière générale, les femmes se voient reléguées à un ensemble limité de professions sous-évaluées, selon l’étude. Par exemple, 83 % des travailleurs domestiques dans le monde sont des femmes, et près de la moitié d’entre elles n’ont pas droit à un salaire minimum. L’étude révèle que le salaire moyen des femmes dans le monde est inférieur de 24% à celui des hommes.
En France et en Suède, par exemple, une femme peut s’attendre à gagner 31% de moins qu’un homme sur l’ensemble de sa carrière (49 % en Allemagne et 75 % en Turquie). En Afrique subsaharienne, l’écart est de 30 %. Et même lorsque les femmes réussissent dans le monde du travail, précise le rapport, elles se heurtent à des obstacles auxquels les hommes ne sont généralement pas confrontés. Par exemple 61 % des femmes exerçant des professions dans le secteur des services ont subi une forme de harcèlement s*e*xuel sur leur lieu de travail au cours de leur carrière.
Entre les taux inférieurs de participation au marché du travail, les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes et l’accessibilité moindre aux pensions, les femmes sont confrontées à une pénalité énorme pour les soins qu’elles prodiguent. Face à cette situation, la directrice exécutive d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, invite les gouvernants à orienter les politiques publiques vers la promotion des biens de première nécessité.
« Nos ressources publiques ne sont pas orientées vers les domaines où elles sont les plus nécessaires : par exemple, pour fournir de l’eau et un assainissement, des soins de santé de qualité et des services décents de soins aux enfants et aux personnes âgées. En l’absence de services publics, c’est sur les femmes et les filles que pèse le déficit », clame-t-elle.
L’adhésion des femmes aux syndicats augmente dans certains pays, mais elles n’accèdent que rarement à des postes de direction. En 2014, sur l’ensemble des six institutions économiques mondiales les plus influentes, la représentation des femmes sur leurs conseils d’administration se situait dans une fourchette de 4 à 20%. Dans ces conditions, le rapport d’ONU-Femmes recommande dix mesures clés qui permettraient aux gouvernements de mettre en œuvre une économie « qui fonctionne réellement pour les femmes ».
Parmi ces recommandations clés, le rapport souligne que, au moyen d’une combinaison appropriée de politiques économiques et sociales, les gouvernements sont capables de générer des emplois décents pour les femmes comme pour les hommes. Les politiques macroéconomiques doivent soutenir la réalisation des droits des femmes par l’instauration d’économies dynamiques et stables, la génération d’emplois décents et la mobilisation de ressources pour financer les services publics essentiels, estime le rapport.
«Le nouveau programme économique que promeut ONU-Femmes n’est pas une chimère. Beaucoup de pays, y compris les pays en développement à faible revenu, sont déjà en train de mettre en œuvre les éléments de ce programme. Le monde a besoin de politiques qui permettent tant aux femmes qu’aux hommes de prendre soin de leurs proches sans avoir à compromettre leur propre sécurité économique et leur indépendance », précise dans un communiqué de presse Shahra Razavi, responsable de la section recherches et données d’ONU-Femmes et auteure du rapport.
Benjamin Ombé