Une opération de communication soigneusement orchestrée a eu lieu vendredi dernier à Yaoundé. Le ministre de la Santé Publique, Dr Manaouda Malachie, s’est rendu au chevet de deux sportifs de renom à l’Hôpital Général de Yaoundé le 25 avril 2025. Pendant que Jean Paul Akono, entraîneur emblématique, et Manuela Feunou, judokate prometteuse, luttent contre la maladie, cette visite ministérielle survient dans un contexte où les structures hospitalières camerounaises font face à des défis systémiques bien plus profonds.
Visite ministérielle : des caméras mais quelles actions concrètes?
Entouré d’une nuée de journalistes convoqués pour l’occasion, le Dr Manaouda a multiplié les déclarations rassurantes sur la qualité des soins prodigués aux deux célébrités sportives.
« Nous veillons personnellement à ce que nos icônes bénéficient des meilleurs soins possibles. Leur bien-être est une priorité », a-t-il affirmé devant les caméras, sans préciser pourquoi cette même priorité n’est pas accordée aux milliers de Camerounais anonymes qui fréquentent quotidiennement les hôpitaux publics.
Cette visite qualifiée par le ministre de « geste de grande humanité » soulève de nombreuses questions. Pourquoi faut-il être une personnalité médiatique pour bénéficier de l’attention personnelle du ministre? Qu’en est-il des patients ordinaires confrontés aux ruptures chroniques de médicaments, aux plateaux techniques défaillants et au personnel souvent insuffisant?
L’Hôpital Général de Yaoundé, vitrine de notre système de santé, a visiblement bénéficié d’un nettoyage express et d’une mobilisation exceptionnelle du personnel pour accueillir le membre du gouvernement, contrastant avec les conditions habituelles décriées par les associations de patients.
Si Jean Paul Akono, artisan de la médaille d’or olympique à Sydney en 2000, et Manuela Feunou méritent indéniablement les meilleurs soins, cette visite ministérielle apparaît davantage comme une opération de relations publiques que comme le signe d’une réforme profonde du système sanitaire camerounais.
Rappelons que plusieurs centres hospitaliers régionaux attendent toujours le déblocage des fonds promis pour leur réhabilitation, tandis que de nombreux personnels de santé dénoncent régulièrement leurs conditions de travail précaires.
La brièveté de cette visite « symbolique » – à peine 45 minutes selon nos sources – contraste avec l’ampleur médiatique qui lui a été donnée, laissant penser que l’image prime sur l’action dans la stratégie du ministère.
Pendant que le Dr Manaouda posait aux côtés des sportifs, combien de Camerounais ordinaires ont-ils renoncé aux soins faute de moyens ou d’infrastructures adéquates?
À quand une visite surprise, sans caméras ni communiqué de presse, pour constater les véritables conditions d’accueil et de prise en charge dans nos hôpitaux publics?
