Cameroun – Lunettes vendues dans la rue : alerte santé

Lunettes vendues dans la rue

Ces gadgets qui font vivre de nombreux commerçants se portent sans consultation préalable d’ophtalmologues ou d’opticiens et exposent les yeux à des risques graves.

Le port des lunettes est un effet de mode qui touche aussi bien les jeunes que les adultes. Sous le soleil ou la pluie, les lunettes sont portées. Sans même consulter un ophtalmologue, certains s’en procurent dans différents marchés de la ville. Aurèlie Ngono, la trentaine, se prête à cette activité dangereuse depuis plus de trois ans déjà. Institutrice dans un établissement primaire, la dame a opté pour le port des lunettes à la suite des difficultés de lecture avec l’espoir que cela soit une solution. Elle s’est procurée une paire de lunettes transparentes sans avoir consulté un spécialiste. « Je me suis rendue compte que j’avais des difficultés pour la lecture, surtout lorsque le caractère est très petit. C’est ainsi que je suis allée m’acheter des lunettes. Je n’ai pas eu besoin de consulter un ophtalmologue. Aujourd’hui, je peux lire sans problème », confie Aurélie Ngono. « Je mets des lunettes juste pour être belle. Je ne souffre pas d’un mal d’yeux. Lorsque je sors, je peux les mettre pour soigner mon look. Mais quand je suis à la maison, je ne les mets pas », affirme Rolande Essono, une commerçante. « Les lunettes nous protègent également des rayons de soleil », confie une étudiante. Pour d’autres, c’est un effet de mode tout simplement. « Je me sens belle avec les lunettes. Je les considère comme un accessoire. Elles apportent une touche particulière à notre habillement », indique Sandrine Abessolo, une étudiante.

Coût

Le marché des lunettes se porte plutôt bien. Le secteur est florissant. Ils sont nombreux ces commerçants qui gagnent pleinement leur vie en vendant des lunettes. C’est le cas d’Oumar Salif, vendeur au marché Mokolo, au lieu-dit Sapeurs. Assis dans son box, on trouve de toutes les couleurs et modèles. Chaque client y trouve son goût. Les coûts varient également en fonction du modèle et de la qualité choisies. « Nous avons des lunettes de 1500, 2000, 3500, 5500 et 6000 Fcfa. Tout dépend du choix du client. Nous avons également celles de 10.000 et plus », martèle-t-il en présentant une paire de lunettes qui coûte 4.000 Fcfa. Près de lui, se trouve Idrissou, un autre commerçant. « Les prix ne sont pas les mêmes. Nous avons les lunettes fumées qui coûtent un peu plus chères que les transparentes. Nous en avons à 2500, 3500 Fcfa et plus pour les fumées et 1000, 1500, 2500 Fcfa pour les transparentes », explique-il. « Les femmes ou les jeunes filles ont plus d’attirance pour les lunettes fumées », va-t-il ajouter pour justifier le prix élevé de celles-ci.

Des prix qui ne sont toujours pas acceptés par les clients. Certains les contestent et d’autres laissent tout simplement leur envie prendre le dessus. Alice Onguene, étudiante, ne se laisse pas berner par les prix donnés par les commerçants. « Lorsqu’on me donne un prix, je ne l’accepte pas. Je discute toujours parce que ces gens ne peuvent pas vendre pour perdre. Ils veulent toujours avoir un bénéfice de 100 %. Je divise souvent le prix fixé par deux ou trois », explique-t-elle. « Et il ne faut pas laisser croire au commerçant que vous êtes intéressé par son produit. Ils peuvent vous donner un prix élevé », poursuit-elle en sortant de son sac une paire de lunettes qu’elle a achetée à 2500 Fcfa au marché Central. Pour Henriette, ces prix sont élevés car elle estime que ces commerçants les achètent à des prix très bas.
Pour d’autres, l’heure n’est pas aux discussions. Le prix du commerçant, c’est le prix du client. C’est le cas de Rose Biloa. « J’aime les lunettes et chaque fois que je vais au marché, je fais un détour chez ces vendeurs. Je ne sais pas discuter les prix. Si une paire de lunettes coûte 1000 ou 2000 Fcfa et qu’elle me plait, je vais l’acheter », indique-t-elle toute souriante.

Dubaï, Turquie et Chine

D’où viennent ces lunettes ? C’est une question que plusieurs ne se posent pas. « Mes produits viennent de Dubaï. J’ai un fournisseur là-bas. J’y vais de temps en temps. Mais dans la majeure partie du temps, je transfère l’argent et je vais récupérer mes colis à l’aéroport. Je donne tous les détails nécessaires pour que le fournisseur ne fasse pas de confusion ; si possible des photos. D’autres proviennent de la Turquie et de la Chine. « Nous nous procurons la marchandise en Chine. Nous prenons en gros pour revenir vendre en détail. Etant dans le marché, nous avons plusieurs opportunités d’achat. Nous pouvons acheter en douzaine, ou en carton. Tout est fonction de la qualité et du modèle », explique Guy Sandjo, détenteur d’un box de lunettes au marché Central de Yaoundé. « Il faut également choisir un modèle que les clients vont apprécier et dont le stock peut être vite écoulé».

Marie Laure Mbena (Stg)

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