Le droit de la guerre, vous connaissez ? C’est en tout ce que nous excipent les soldats que nous avons rencontrés au secrétariat d’état à la défense (SED) et au ministère de la défense.
« On nous demande d’être professionnels, la hiérarchie attend de nous un travail professionnel », nous souffle un soldat sous cape, avec lequel nous avons changé au Mindef. « Nul n’est au dessus de la loi », poursuit-il. Autrement dit même la guerre a des règles. Cependant, il faut connaitre qu’un conflit n’est pas un loisir. L’environnement permanemment hostile, lieu par excellence de la mort et de toutes ses dérivées, peut développer certaines susceptibilités. Le fait d’assister tous les jours ou presque à la mort de ses camarades soldats tombés sous les balles de l’ennemi, décapités par des zélotes du terrorisme… peut pousser à perdre de sang-froid. « L’être humain est faillible, c’est la raison pour laquelle dans les modules de formation, on insiste sur la maitrise de soi », déclare sous l’anonymat un gendarme.
En 2015 par exemple, sur les réseaux sociaux, avaient été diffusées des vidéos montrant des membres Boko Haram infligeant des actes de torture à certains soldats. Il y avait même des scènes… d’écartèlement. Cela ne justifie rien, mais ce sont des faits vécus sur le terrain des opérations qu’il ne faut surtout pas négliger car à même d’avoir un impact psychologique sur les troupes, avec des conséquences sur leur comportement.
Au sein de l’armée, toutes ces exactions sont autant de meurtrissures. Le haut commandement, très au fait de cela, a pris des dispositions particulières. Selon ce que apprenons au Mindef, « il y a des cellules de coordination sur le terrain ; les chefs d’unité ont le devoir d’instruire de façon permanente leurs éléments ». Un soldat croit bon de nous préciser que « l’armée existe pour la protection des populations d’où le concept armée-nation ».
A ce sujet, on sait que sur le champ des opérations, l’armée s’occupe de tout le monde. On a vu d’ailleurs des soldats du bataillon d’intervention rapide (BIR) prendre soin des blessés dans le cadre de la crise anglophone. « Ils prennent soin même des sécessionnistes. Ils nourrissent les populations », nous indiquent-t-on.