Cameroun : Les libraires s’attellent à la vente des manuels scolaires

manuels

A quelques jours de la reprise des cours, l’heure est aux préparatifs. Dans certains marchés de Yaoundé, les librairies et papeteries sont d’ores et déjà bondées de fournitures didactiques.

Marché de Mokolo, août 2022, il est 10h. Aux bruits habituels, s’ajoutent les sons publicitaires, devant les points de vente des manuels scolaires. On y trouve des étals bondés d’articles et autres matériels didactiques. Dans les librairies, les tenanciers s’activent pour attirer parents et élèves en quête des cahiers et des livres au programme de cette année scolaire. A l’aide des banderoles, à la criée ou grâce aux spots publicitaires, tous les moyens sont bons pour attirer les clients. A quelques semaines de la rentrée scolaire 2022-2023, les préparatifs, bien que timides, vont bon train dans les librairies. « Actuellement, il n’y a pas encore assez de clients. Les parents traînent encore le pas. Nous espérons que d’ici la semaine prochaine les choses vont changer, vu que ça sera la fin du mois et il y aura les salaires », affirme une employée dans une librairie du marché Mokolo. Cette année, la mercuriale des prix des manuels scolaires imposés par le ministère du Commerce est effective dans toutes les librairies.

Contrairement aux années précédentes, les prix ne sont pas revus à la hausse. Ils vont de 1000 Fcfa à 15500 Fcfa. Il y en a pour toutes les bourses. Si pour les parents, cela facilite l’achat des manuels neufs, pour les commerçants, ce n’est pas une aubaine car leur chiffre d’affaires est en chute libre. « Il n’y a pas encore les clients et quand bien même il y’en a, ils préfèrent prendre les livres neufs parce qu’ils sont moins chers. Par exemple, à l’école primaire, le livre coûte 1200, maxi 2000 Fcfa. Donc, ce n’est pas évident de vendre les livres d’occasion. Les manuels qu’on parvient à échanger avec certains clients restent ici », se plaint Chancelle Jeukeng, employée d’une librairie. On observe cette baisse des prix des manuels scolaires depuis deux ans, car les prix sont désormais homologués. « Chaque livre vient avec son prix. Du coup, lorsque le client vient vers nous, il sait déjà combien le livre coûte et ça ne nous avantage pas car les prix sont tellement bas. Pour parvenir à faire un chiffre d’affaires, il faut vendre une grande quantité de livres. Par exemple, lorsque je vends un livre de 1800, j’ai un bénéfice de 100 Fcfa ou 200 Fcfa. S’il faut épargner 500 000 Fcfa par jour je dois vendre au moins 500 livres, donc ce n’est pas évident », ajoute Chancelle Jeukeng.

Échanges de manuels entre parents

Parlant de parents aux budgets limités, Rachel Ngandji, administratrice d’un groupe de femmes sur Facebook, a depuis trois ans, instauré une rubrique spéciale appelée « échanges de livres entre parents ». Au cours des mois de juin, juillet et août, des mamans s’attellent à faire des échanges de manuels scolaires. « Nous sommes organisées. Si j’ai un enfant qui va au Cm1, je cherche une maman qui a un enfant qui va au Cm2 et elle me donne les anciens livres de son enfant. Et moi je passe les livres du Cm1 à une maman qui a un enfant qui va dans cette classe », explique Rachel Ngandji. En dehors de l’échange de livres entre parents sur les réseaux sociaux, de nombreux autres groupes ont mis sur pied des stratégies afin d’aider les parents démunis.

Majolie Laurette, l’une des promotrices de cette initiative, raconte: « Je m’étais rendu compte qu’à la rentrée scolaire, beaucoup de parents viennent sur les réseaux sociaux se plaindre du fait de n’avoir pas assez de moyens pour l’éducation scolaire de leurs enfants. De ce fait, avec l’aide des membres de mon groupe, nous avons, depuis la rentrée scolaire 2018, instauré des collectes de manuels scolaires, fournitures scolaires, et même le paiement de la scolarité de quelques enfants. Le principe est simple. Chaque parent démuni se signale entre le mois de mai et de juin. En juillet, nous lançons la collecte et en août nous passons à la distribution des dons ». Si cette initiative ne semble pas encore connue du grand public, elle participe à réduire les charges des parents démunis dans le cadre de l’achat des manuels scolaires de leurs enfants.

Tous les livres sont disponibles

Cette année, pas de pénurie. Les documents scolaires sont tous disponibles pour tous les niveaux et sections confondus. Néanmoins, malgré leur disponibilité, ils ne trouvent pas de preneurs. Certains parents optent encore pour les livres d’occasion : « Tous les livres neufs sont déjà disponibles. La difficulté qu’on rencontre pour le moment, c’est le manque de moyens chez les parents. Raison pour laquelle, de temps en temps, on est obligé d’ajouter les vieux livres aux neufs pour essayer d’alléger la tâche en fonction de la bourse de chaque parent. On réussit encore à vendre les livres d’occasion aux parents qui ont des budgets limités », affirme Florent, gérant d’une librairie.

Aïssatou Bamboné (stagiaire)

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