L’installation le 2 juillet dernier du nouveau sous-préfet de l’arrondissement d’Ebebda, plonge la ville dans l’expectative.
A la nouvelle place de fête où se déroule la cérémonie présidée par le préfet de la Lékié Patrick Kamsu, la foule des grands jours est en liesse.
Chacun tient à voir cette dame dont ses frasques à Ayos l’ont précédée au sein de la ville au bord de la Sanaga. « Comme dit l’adage : l’erreur est humaine mais y persévérer est diabolique. Sur ce, que notre sous-préfète sache qu’Ebebda n’est pas Ayos. Notre arrondissement a ses réalités propres et ses mentalités aussi », lance Ngah Frédérique, un exploitant de sable de la localité.
Il est repris à l’instant par une dame qui assène comme pour tempérer ses propos : « ce sont les malfaiteurs qui ont peur de l’autorité. » Avant que cette dernière n’ait achevé sa phrase, un responsable coutumier l’arrête sèchement avec fortes menaces. « Nous vous avons à l’œil ! Ne pensez pas que le développement signifie que vous allez manquer de respect à vos maris ! Si vous copiez les mauvais exemples, vous serez donc obligées de partir de ce village », proclame-t-il sentencieusement avant de conclure de manière laconique. « Le président Paul Biya ne demande pas aux sous-préfets de frapper sur les citoyens ! Si elle a fait cela à Ayos, cela ne veut pas dire qu’elle va reprendre cette erreur ici. Beaucoup de gens ne vont pas l’accepter ».
Ainsi va l’opinion à Ebebda, cet arrondissement peuplé par les « Manguissa » et les « Eton », répartis sur 33 villages. Ce n’est un secret pour personne, la population a tendance à vite s’enflammer, même pour des broutilles. Cette réalité anthropologique ne doit certainement pas échapper à la désormais dame forte de l’arrondissement. Pour mémoire, en janvier dernier, Mireille Sandrine Ngo Mbe s’était distinguée négativement en s’introduisant dans une classe de philosophie au Lycée bilingue d’Ayos. Elle y avait molesté l’enseignant et lui avait asséné une violente gifle devant ses élèves. Nommée à la tête de l’arrondissement d’Ayos en octobre 2019, elle y a à peine fait huit mois qu’elle est désormais appelée à exercer son autorité dans une nouvelle circonscription administrative.
Les défis qui l’attendent
Elle n’a pas manqué de remercier le chef de l’Etat d’avoir une fois de plus placé sa confiance en elle. « Je remercie grandement le président Paul Biya pour sa marque de confiance placée en ma modeste personne. Je compte travailler selon les règles déontologiques qu’il ne cesse de prôner», s’est-elle confiée à la presse à la fin de la cérémonie. Mireille Ngo Mbe a par la suite dit sa satisfaction de voir Ebebda mobilisée et a poursuivi en précisant qu’elle donnera le meilleur d’elle-même pour l’épanouissement de la ville.
« Je suis ravi de la mobilisation de la population qui m’a offert un accueil des plus chaleureux. Les défis sont énormes et je ne saurais les relever sans l’appui de cette population», dit-elle. En ce qui concerne la population, les attentes envers leur « chef de terre » sont nombreuses. «Nous voulons qu’elle instaure la sécurité dans notre ville. Les agressions et les bagarres sont monnaies courantes dans notre localité. Qu’elle mette également fin aux nombreux litiges fonciers qui engendrent les querelles entre les riverains et parfois entre allogènes et autochtones », confie Ayissi Angeline. Dans cette liste d’attente s’ajoute le combat pour la lutte contre la pauvreté ambiante qui sévit dans la localité d’Ebebda, la sous scolarisation avec le manque criant d’infrastructures scolaire. Surtout mettre fin aux grossesses précoces des filles, phénomène qui a fait son lit dans l’arrondissement. La nouvelle autorité administrative a donc du grain à moudre. L’autorité municipale de la ville fluviale d’Ebebda pour sa part, prend officiellement fonction ce mercredi 08 juillet 2020.