Cameroun: Le tramol, un exutoire à la portée de tous

Tramol

Présenté comme un antibiotique du pauvre, il est surtout l’aphrodisiaque à bas coût. Il se consomme sans prescription ni ordonnance et sous plusieurs formes.

L’Adamaoua, le château d’eau du Cameroun, au sol fertile, est également le terroir de l’activité pastorale. Berceau du goudali, du nom de la race bovine d’origine occidentale devenue un label dans la production laitière, la région se donne chaque jour un peu plus, une identité tristement célèbre. Celle de la plaque tournante pour la commercialisation et la consommation du tramadol, plus connu sous l’appellation tramol. Pour le profane, la commercialisation et la consommation du tramadol ont diminué dans la région de l’Adamaoua. Que non! Les points de ventes où on peut s’approvisionnent, sont dispersés dans la ville. Le carrefour Texaco, le petit marché, le carrefour «Jean Congo», le marché de Bamyanga et celui de Bantai sont les plus fournis.

Ici, de nuit comme de jour, le produit se vend bon marché. La demande est forte. L’offre aussi. «Le Tramadol est commercialisé sous forme de cachets. L’unité de dosage le plus connu est le comprimé de 50 mg, mais il existe aussi des cachets de 100mg, 200mg et 300mg dont les effets durent 24 heures. Il est aussi communément disponible en combinaison avec le paracétamol sous la forme d’une petite dose de 37,5 mg de tramadol et 325 mg de paracétamol», explique Patalé, vendeur de comprimé. Selon ce jeune «docta», l’activité a ses principes, ses méthodes et ses lois. Avant de se lancer
dans ce business, Patalé s’est fait initier par des ainés. «Pour éviter les ennuis, souffle le jeune, ne vend jamais le tramol à un inconnu surtout quand il a l’air sérieux. Si non, tu risques finir en cellule un jour comme Oumarou», confie-t-il. Pour se jouer des agents de police, le jeune homme a appris à connaitre ses clients. «On identifie les bons clients à leurs yeux. Ils ont tous des yeux jaunâtres», s’écrie-t-il. Soudain, un client se pointe. Patalé disparait.

Puis réapparaît au bout de quelques minutes. Entre ses mains, quelques plaquettes de tramadol qu’il cache sous son pull-over, avant de confier que «c’est un fidèle client. Il a pris pour deux mille». A Ngaoundéré comme dans tous les quatre autres départements de la région, ne se procure pas le tramadol qui veut, mais qui a le bon réseau. Tant pis pour vous si vous pensez pouvoir vous procurer le précieux sésame sans un habitué du «secteur» ou mieux, si vous ne vous faites pas accompagné par un «guide connaisseur».

Vous avez beau demander à tous les vendeurs des médicaments aux abords des routes, vous ne serez jamais servi. Aux contraire, tous les «docta des goudrons» vous intimident du regard. Comme pour dire que vous mettez en péril leur «gagne-pain». Le mode de consommation varie d’une personne à une autre.

Certains avalent les comprimés avec de l’eau. D’autres les mélangent au thé. Le café aussi va parfaitement avec notre poudre ou des cachets.
Avec 50F cfa, on peut se le procurer. Il y a le premier, le deuxième et le troisième choix. Djoubairou, tenancier d’un café au quartier Sabongari a dû cesser de vendre le thé dans son restaurant pour éviter que son commerce ne se transforme en sanctuaire de consommation du Tramadol.

L’essentiel du Cameroun N°241 p7

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