Cameroun: Le SNJC répond au chef de la division de la Communication du MINDEF

Charles NGAH NFORGANG

« Le gouvernement à travers des déclarations mensongères agite le spectre de la violence et de représailles contre les journalistes ».

Charles NGAH NFORGANG, le Secrétaire national à la Communication du Syndicat National des journalistes du Cameroun (SNJC) réagit à la suite des informations relayées sur le SNJC, WAZIZI et Kingsley Njoka par le capitaine de Frégate Serge Cyrille Atonfack au cours de l’émission « la Vérité en face » sur la télévision Equinoxe.

Le SNJC a été plusieurs fois cité pendant l’émission « La Vérité en face », par le Chef de la division de la Communication du Mindef. Est-ce un honneur ou une tentative de vouer le syndicat aux gémonies ?

L’allusion faite à chaque fois au Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) et à son Président par le chef de la division de la communication du Mindef pendant l’émission « La vérité en face » démontre que le SNJC est sur le droit chemin et mène des combats légitimes. Le capitaine de Frégate Serge Cyrille Atonfack a essayé de travestir la position du SNJC qui est celle de la recherche de la manifestation de la vérité sur l’affaire Wazizi et nullement d’empêcher la justice de jouer son rôle.

Que reprochez-vous aux allégations du Mindef ?

Le SNJC conteste le film de l’arrestation de WAZIZI tel que décrit par le chef de la division de la communication du Mindef jusqu’à son transfert et sa détention à Yaoundé. Nous rejetons aussi la thèse farfelue de mort par septicémie tant que les causes ayant abouti à celle-ci ne sont pas connues. Nous balayons d’un revers de la main les allégations selon lesquelles Wazizi était en contact avec son avocat et plusieurs personnes, physiquement et au téléphone. Pareil pour celles tentant de faire croire que la famille était au courant de sa maladie, l’a assisté jusqu’à sa mort et a choisi délibérément d’abandonner son corps à la morgue. Les membres du SNJC n’auraient jamais hésité à se cotiser pour lui réserver des obsèques dignes. Ce sera d’ailleurs le cas le moment venu.

Une Commission d’enquête a été instituée pour faire la lumière sur cette affaire comme vous l’avez souhaité. Etes-vous satisfait ?

Vous vous êtes encore sûrement abreuvé là aux sources du Capitaine de Frégate Serge Cyrille Atonfack. Le SNJC Snjc ne reconnaît pas la mise sur pied d’une quelconque commission d’enquête et va continuer à la revendiquer auprès du Président de la République. En effet, Le 03 juin 2020, le Syndicat National des Journalistes du Cameroun avait exigé la constitution d’une commission d’enquête nationale pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de Samuel Wazizi. Le chef de l’Etat, Président de la République du Cameroun Paul Biya avait été personnellement saisi pour constituer en urgence la commission demandée. Nous constatons que plus d’un mois après, aucune action n’a été entreprise par les autorités pour faire la lumière sur cette affaire. Au contraire, le gouvernement à travers des déclarations mensongères agite le spectre de la violence et de représailles contre les journalistes qui exigent la manifestation de la vérité.

Quelle vérité essaie-t-il de cacher ?

Nous pensons que le gouvernement tente de masquer les sévices corporels que Samuel Wazizi a subis durant sa détention au secret. Le SNJC a reçu des témoignages effroyables sur les faits liés à sa mort et est disposé à témoigner devant la Commission d’enquête nationale que l’opinion attend. Faire croire à l’opinion qu’une Commission d’enquête a déjà été créée en catimini participe toujours de cette volonté de cacher la vérité. Le SNJC se pose la question de savoir qui on voudrait protéger en procédant ainsi ? Notre syndicat veillera à ce que les journalistes restent mobilisés en permanence, jusqu’à ce que justice soit rendue à Wazizi et sa famille. Wazizi ne sera jamais oublié.

Le chef de la division de la Communication du MINDEF a également évoqué le cas du journaliste Kingsley Njoka qu’il présente comme leader de groupe qui aurait un traitement princier en prison. Une façon de rejeter les allégations qui soutiennent que Wazizi aurait subi des sévices et des tortures. Cela vous convainc-t-il ?

Une fois encore le Capitaine de Frégate a démontré ses grandes qualités de scénariste. Le rapport dressé par l’ONG Mandela center publié le 08 juin 2020 précisait que Kingsley Fumunyuy Njoka, porté disparu depuis le 15 mai 2020, avait été retrouvé ce jour au Secrétariat de la Défense (SED) de Yaoundé, soit 23 jours après son enlèvement. Le même rapport faisait remarquer qu’il avait été détenue dans des conditions inhumaines, dans une cellule de fortune au Centre du Renseignement Militaire (CRM), au Ministère de la Défense à Yaoundé où il y avait subi des actes graves de tortures, de traitements cruels, inhumains et dégradants lors de sa détention au secret avant d’être conduit au SED. On y lisait dans le même rapport qu’à sa découverte par l’ONG, Kingsley Fumunyuy Njoka était frêle, amaigri, psychologiquement traumatisé et affichait toutes les difficultés à s’alimenter. C’est donc cet homme-là qui est présenté comme, étant bien traité à Kondengui, s’habillant en veste et ayant avoué tous ses crimes. A partir de son cas, on peut imaginer le calvaire subi par notre camarade Wazizi.

Seul un tribunal peut et doit au cours d’un procès déterminer la responsabilité de tout mis en cause dans une affaire quel que soit sa gravité. C’est ce que nous souhaitions pour Wazizi, mais hélas… C’est également ce que nous appelons de tous nos vœux pour Njoka.

Je ne finirai pas mon propos sans rejeter les accusations formulées à notre encontre par le Capitaine de Frégate qui veut nous faire passer pour des gens qui salissent l’image de l’armée nationale. Le SNJC est respectueux des institutions de la République et l’Armée en fait partie. Nous saluons les efforts qu’elle abat au quotidien pour la sécurité des personnes et des biens et pour conserver intacte notre territoire.

Entretien avec M.S.

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