Cameroun: Le poisson frais de plus en plus cher

C’est à prix d’or que l’on obtient le kg de bars frais ou de dorades. Cette cherté est due à l’éloignement du poisson des côtes vers le large. Kribi, mercredi, 6 mai. Marché de poissons, communément appelé Débarcadère, 12h. Les pirogues ont accosté depuis le matin. La pêche a été abondante. Sur le plancher à la place des ventes, sont étalés des poissons de toutes les qualités et de toutes les grosseurs : brochets, carpes, meo, dorades, raies, (…) bars, crevettes et langoustes. Une foule de clients se bousculent pour avoir ces fruits de mer. Beaucoup sont venus de Douala et Yaoundé, avec des glacières à fortes provisions. La succulence des poissons de Kribi et leurs prix abordables leur ont été ventés. Mais la surprise une fois dans la cité balnéaire est désagréable. Sur un tableau, la mercuriale fait frémir d’aucuns : Bars, 3500f le kilogramme; crevettes, 5000f… Le rêve d’Adrienne Kouama semble avoir été brisé sur le champ. « Je suis déçue par les prix du poisson frais à Kribi. Je regrette d’être partie de Yaoundé. Dans ma tête, le kilo du bar devrait coûter 2100f au trop. C’est ce qui m’avait été dit. Mais je suis surprise là ! Ça fauche mes calculs! » se lamente-t-elle.
Le bar, le brochet et les crevettes sont parmi les fruits de mer les plus convoités par les clients, raison pour laquelle ils sont les plus chers. Une cherté qui n’est pas propre au débarcadère de Mboa Manga. La situation est bien commune à ceux de Ngoyè, de Mahalet et de Londji. Les prix sont à faire dissiper l’envie de consommer du poisson frais dans plusieurs ménages de la cité balnéaire. La plupart des femmes se ruent vers les congelés. Parfois même, les riverains ont du mal à croire qu’ils vivent à Kribi, une cité balnéaire connue depuis des lustres pour être le fief du poisson frais à des prix défiant toutes les bourses. « Je peux faire pratiquement trois mois en cuisinant uniquement le poisson congelé, car, celui de mer est cher. Quand mes amis m’appellent d’ailleurs et me demandent de leur envoyer du maquereau de mer, je leur dis que Kribi n’est plus ce que vous croyez-là », explique, nostalgique, Denise, une résidente du quartier Dombè à Kribi.
Effectivement, la ville côtière de Kribi connait une réelle métamorphose dans le secteur de la pêche maritime. Elle n’est pas toujours fructueuse. Si elle l’a été mercredi, elle ne le sera pas samedi et vice-versa; ces deux jours étant les principaux d’accostage des pirogues à moteurs. Ici, le prix du bar est passé de 2300f en 2013 à 3500f en 2015. Cette flambée est due à l’éloignement du poisson des côtes vers le large. Les armateurs pécheurs attribuent cet éloignement à des causes exogènes, notamment les bruits que les bateaux et les puits de pétrole font en mer. Pour faire une bonne prise, il faut aller très loin au large. Par conséquent, ils doivent vendre très cher, reconnait un propriétaire de pirogues. Des langues avancent également des chalutiers chinois, grecs et nigérians qui écument les eaux camerounaises sans être inquiétés. « Ces bateaux nous finissent le poisson en mer; ils prennent même les alevins dans leurs mailles, ce qui empêche la régénérescence des espèces », se désole un expert de la pêche.

Lazare kingue

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