Cameroun: Le piège des régions à statuts particuliers

D’après le Pr. Joseph Owona, agrégé de Droit, il s’agit d’un « statut qui obéit aux règles générales des régimes de régions. Mais, un statut qui est également adapté aux spécificités typiquement anglo-saxonnes ».

L’on peut citer par exemple, le sous-système éducatif anglo-saxon, la Common law, la création envisagée de Law School pour les anglophones qui n’auront plus besoin d’aller se former à l’étranger pour devenir avocat. Ce, conformément à l’article 62 de la constitution.

Selon cet article en son alinéa 1, « la loi peut tenir compte des spécificités de certaines régions dans leur organisation et leur fonctionnement ». En effet, cette disposition est le prolongement de l’article 61, alinéa 2. Celui-ci stipule que le Président de la République peut, en tant que de besoins : modifier les dénominations et les délimitations géographiques des Régions ou attribuer une dénomination à une région.

En attribuant un statut particulier seulement aux régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, la crise anglophone risque de persister. Car, ce que les anglophones demandent, c’est la restitution de leur souveraineté qu’ils partageaient dans l’Etat Fédéral et qui constituait la promesse qui les avait conduits à aller au Cameroun plutôt qu’au Nigeria, alors qu’ils avaient le choix. Le fait de leur conférer un statut spécial est le message qu’ils sont intrinsèquement différents des autres Camerounais. Aussi, cette mesure risque de déclencher une contagion générale à travers le triangle national.

Sinon, comment va-t-on empêcher aux 08 autres régions de réclamer aussi leur part d’autonomie ? Les autres camerounais n’accepteront pas que l’Etat leur refuse ce qu’il a bien voulu accorder au NoSo. D’ailleurs, le Grand-Nord n’a pas attendu pour exiger aussi un statut particulier. La Région de l’Est, réputée pour sa pauvreté, ne va-t-elle pas exiger sa part de statut particulier ? Attention. Il en sera de même des 06 autres régions, otages de l’extrême centralisation du pouvoir.

En pareille circonstance, il faut basculer au fédéralisme pour éviter une guerre civile. C’est l’unique solution efficace à la crise camerounaise. D’après des sources qui ont participé aux travaux de la commission décentralisation et développement local, pratiquement tous les membres des délégations francophones et anglophones (en dehors du maire de Buea et quelques caciques du pouvoir), étaient en faveur du Fédéralisme. Comment en est –on arrivé à demeurer dans la décentralisation alors que presque tout le monde était pour le Fédéralisme ? Le cadre était fixé.

Le pouvoir de Yaoundé ne voulait pas une recommandation qui puisse induire la modification de la constitution. Et il a toujours réussi à imposer ses vues. C’est ainsi que même le débat sur le Code électoral a échappé à la trappe, alors qu’il constitue l’une des préoccupations majeures des Camerounais. Ainsi, il est clair que le concept des régions à statuts particuliers mènera le Cameroun vers le chaos. Il faut éviter ça.

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